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Marina Rollman ne met jamais de point à la ligne. Le débit est rapide, les phrases parsemées de rigolotes digressions. Puis c’est le retour à l’essentiel, avec le sourire. «Fais ce que tu veux, ma chérie», s’est-elle entendu dire pendant son enfance. Alors elle a fait ce qu’elle voulait. Elle a quitté l’école car c’était pas son truc, elle a fait plein de boulots car c’était toujours pas son truc avant de trouver sa voie, l’humour.

Elle est drôle Marina, presque sans le vouloir. Elle est partout, à Morges-sous-Rire, le 21 juin 2017, sur les scènes parisiennes en juillet, aux «Beaux Parleurs» sur La Première, une émission où elle dit être «un petit clown».

Elle est libre Marina. Et cela, elle le doit aux femmes de sa famille. «Elles ont toutes été très ouvertes et hyperencourageantes, quoi que j’entreprenne. Mes grands-mères et ma mère sont fortes, créatives, indépendantes. Elles ont toutes orchestré leur vie. Aucune ne s’est tue, aucune n’a mis le poing dans la poche sans rien dire.»

Marina s’emballe. Les mots et les idées défilent pêle-mêle. «Ma grand-mère paternelle a déménagé loin de sa petite campagne natale pour se retrouver à Genève. Elle mûrissait de grandes ambitions. Elle avait choisi la chimie, une voie peu recommandée pour les femmes à son époque. Elle est finalement devenue interprète. Grace à son travail, elle a voyagé énormément. Mon autre grand-mère venait d’un trou à La Courneuve. Elle est montée à Paris, est devenue chanteuse de cabaret. Avec son mari pianiste, ils sont partis sur les routes d’Europe. Ma mère, elle, est née à Cully dans une caravane. Elle a fait du théâtre, a monté sa propre boîte. Elles ont toutes réussi sans suivre de parcours linéaires. Cela m’a permis de me dire qu’une vie bordélique ou intuitive, c’est finalement pas un mal. En fait, cela m’a responsabilisée.»

Une muse rebelle

Marina a aussi tracé sa voie sans trop de complexes. Mais pas tout de suite. Elle a un peu galéré. Et en rigole. «J’ai suivi trois pauvres années universitaires. C’était pathétique. J’ai commencé archi et j’ai arrêté très vite, puis j’ai débuté en lettres classiques, même topo. Mais des amis m’ont fait prendre conscience que les métiers créatifs étaient à portée de main. Jusque-là, j’avais un cliché sur l’inspiration. Je me disais que si je voulais écrire un truc, il fallait être en retraite, dans une bicoque isolée au bord de l’océan en Bretagne. Cela m’a donné à voir que concevoir des blagues, cela se structurait. Et que c’était possible.»

Marina sera aussi portée par des humoristes américains qu’elle adore. Jerry Seinfeld et Maria Bamford ont été ses «bouées de sauvetage». Deux personnalités que pourtant tout oppose. «J’ai dû regarder trente fois le spectacle «I’m telling you for the last time» de Jerry Seinfeld. Le style est simple. Il parle du quotidien et aborde des sujets bateau comme son sketch sur l’avion. Jerry Seinfeld est un meuble. Il assemble, compose, ajuste, épuise le sujet. Il y a aussi Maria Bamford. Tout le contraire. Elle a une voix superbizarre, elle joue plusieurs personnages. C’est une Zouc américaine. Elle m’a montré le pouvoir de la comédie. Je me suis dit je suis un peu rigolote… il faut que je me lance.»


©Laura Gilli

Elle fait un bide. Et met quatre ans à s’en remettre. «Ça s’est très mal passé. C’était un concours destiné aux professionnels et je ne sais pas comment je me suis faufilée là-dedans. Je n’aurais pas dû. C’était la première fois que je montais sur scène. J’arrive dans une salle vide avec quelques membres du jury en face de moi. J’ai fait des blagues. Aucun n’a ri. Le pire c’est qu’ils en ont fait un clip et c’est l’un des premiers liens qui tombe quand on cherche mon nom sur Internet.»

De la provoc’ à l’émotion

Marina Rollman se fera justement un nom. Grâce au public qui l’accueille avec enthousiasme, grâce à d’autres personnes du milieu qui croient en elle. «Thomas Wiesel a été magnifique. Il m’a présenté à son agent Pierre Naftule qui est aussi devenu le mien. Très vite j’ai rencontré Thomas Lecuyer, programmateur du Lido et qui s’occupe du CPO à Ouchy. Puis, à la radio, il y a eu Yves Demay et Jonas Schneiter qui m’ont donné ma chance.»

Alors, elle remonte sur scène. Et enchaîne les succès, rapides comme son phrasé. Elle écume les festivals en Suisse, en France, et outre-Atlantique. La jeune artiste fait rire à la radio, sur le web au sein du collectif Carac Attack. Elle a eu les honneurs d’un passage au «Djamel Comedy Club» et a assuré les premières parties de Gad Elmaleh «Deux fois. A Paris, puis un an après à New York, C’était pas terrible, mais à chaque fois il a été très gentil. Il a le pardon facile.»

Marina Rollman n’est pas tendre avec elle. Et c’est aussi ce qui la rend drôle. «Au début, quand j’ai commencé j’avais un look d’étudiante attardée qui disait des insanités. Je me suis lassée de ce mécanisme trop facile. J’avais l’impression d’être un petit singe savant à lunettes. Je me suis rendu compte que les gros mots ne disent pas grand-chose. Je suis en train de virer. J’étais dans la provoc’, dans l’efficacité. J’aimerais être dans quelque chose de plus touchant. Il faudra peut-être repartir un peu plus bas, mais j’ai le temps. Et j’y crois.»

Ce qui la dope La vanité. Je veux qu’on m’adule et je peux soulever des montagnes s’il s’agit de gagner ne serait-ce qu’un compliment.

Son don inattendu Alors que mon métier est de parler, mon don inattendu est de faire parler les gens. J’obtiens souvent des confidences des personnes que je ne connais pas.

Sur sa shamelist Comme j’ai bonne mémoire, j’ai l’air beaucoup plus cultivée que je ne le suis en réalité. Hier j’ai appris où était Malte alors que j’y suis déjà allée plusieurs fois.

Son dernier fou rire Devant une série Netflix qui s’appelle «Unbreakable Kimmy Schmidt». J’adore, je trouve très drôle.

Son buzz Le feuilleton de Trump me déprime et me lasse. J’aimerais que l’on parle de politique sérieusement et non dans l’émotion ou la comédie. Que l’on n’en fasse pas un soap, comme de savoir si sa femme lui a donné ou refusé la main au sortir de l’avion. Sinon je suis contente que la stratégie énergétique soit passée.


©AFP Photo/Emmanuel Dunand

Sa news Femme Il y a Virginie Despentes. Je viens d’acheter le tome III de «Vernon Subutex». Sinon, Angèle Van Laeken est une chanteuse compositrice belge gracieuse, drôle, sublime. Fille de Mark, musicien émérite et de l’humoriste Laurence Bibot, elle est toute jeune et elle a un talent fou.


©Alexandre Isard/Paris Match/Getty Images

Son actu Marina Rollman se produira le 21 juin 2017 à 19 h au Café-Théâtre du festival d’humour Morges-sous-Rire (du 19 au 24 juin). En juillet elle joue toutes les semaines son spectacle à Paris. Les dates sur sa page Facebook.


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