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#FemmeFemina: Léonore Confino, de la scène à l’écriture

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La comédienne franco-suisse Léonore Confino passe à la réalisation.

© Stephane Grangier/Corbis via Getty Images

Vous l’avez vue, il y a vingt ans, dans «Les Sœurs Soleil», avec Thierry Lhermitte, il y a deux ans dans «L’art de la fugue», avec Benjamin Biolay. Vous ne la verrez plus, elle, mais des acteurs donner vie à ses personnages et aux situations qu’elle crée, sans savoir à l’avance ce qu’il va advenir dans des histoires pourtant nourries de ses expériences de vie. Du haut de ses 35 ans, Léonore Confino vient de loin. Au cinéma à 14 ans, à 16, entre impro et trapèze; à 19 au Festival d’Avignon, sous la direction de Niels Arestrup. Tout cela parce que ses parents franco-suisses ont donné à leurs trois enfants «la certitude que tout est possible, le don de ne jamais s’angoisser pour l’avenir». Elle reconnaît que «même si au lycée je jalousais les copines filles de gens stables», le nomadisme de ses géniteurs est fondateur dans sa vie, elle qui pensait être «née dans une décapotable. A Bagnols-sur-Cèze», précise-t-elle en riant du jeu de mots.

La jeune femme ouvre la petite maison de Montreuil, en banlieue parisienne multiethnique, où elle vit avec son compagnon de dix ans, Renan Gérodolle (le chanteur R. Jéricho), leur fille de 6 ans et la petite dernière, née fin février. Rieuse et songeuse: «On vit des chauds-froids tous les jours, lorsqu’on est poreux au monde.»

Les Confino aussi viennent de loin. D’une communauté juive espagnole qui a largement essaimé. Léonore cite un aïeul installé à Ispahan, un grand-père interprète à l’ONU. Son père, François Confino, scénographe du Musée Chaplin au Manoir de Ban, est né à Genève. Etudiant à l’école d’architecture, il y rencontre Catherine Addor. Ils vivent en Suisse, en France, à New York. Se quittent lorsque Léonore a 6 ans, se retrouvent sept ans plus tard, à Paris, puis optent pour la Provence. Episodes riches de conséquences!

L’influence des voyages

Sa mère, peintre et réalisatrice de documentaires, réagit au divorce en voyageant avec sa fille et ses deux fils (Bastien est journaliste scientifique à la RTS) pendant une année. Katmandou, Inde, Malaisie, Indonésie: Léonore en garde la tête pleine de couleurs, de bruits et d’odeurs, du choc de la misère, inséparable du plaisir de la découverte de ces peuples et paysages, mœurs et parlers bigarrés. C’est la première influence qu’elle distingue sur son destin de créatrice.

La famille se recrée à Paris, les parents déménagent à Lussan, dans le Gard, 400 habitants. Catastrophe pour l’ado, qui était enfin enracinée dans un terreau, le XXe arrondissement, avec le réseau des copains du lycée Voltaire. «Un épisode formateur, qui aura une énorme influence sur l’avenir.» Car, à 14 ans, Léonore reste seule dans l’appartement familial, et apprend l’autonomie. Sans casse? «A part quelques fêtes qui auraient pu mal tourner, non.» A 16 ans, elle file à Montréal (ses parents sont d’accord) s’initier au cirque et au théâtre d’impro. Une année charnière. Au retour, elle mène de front cours de théâtre et école de cinéma, joue, se lance dans l’impro et se met à écrire.

Car, à la scène où le trac la torture, elle préfère, remarque-t-elle dès qu’elle s’y aventure, la création dans l’ombre. Elle puise dans ses expériences – ses petits boulots d’hôtesse d’accueil en entreprise inspirent sa pièce «Building», remarquée au Festival off d’Avignon, en 2013. Mariée à 20 ans, divorcée à 25, elle jette, avec Ring, un regard lucide et acide sur le couple. Puis, avec «Les uns sur les autres», sur une famille «fonctionnelle» en zone pavillonnaire. Son écriture devient chamanique-surréaliste pour «Le poisson belge», car la comédienne a saisi la marge de mystère qu’il faut laisser aux acteurs: «Je ne définis pas tout, à eux d’enquêter, d’interpréter.»


Léonore Confino. ©Eric Fougere/VIP Images/Corbis via Getty Images

De Tchekhov à Mnouchkine

Si son écriture n’est qu’à elle, Léonore Confino revendique de belles influences: Hanokh Levin, Tchekhov, Pinter. Chez les créateurs-metteurs en scène, Ariane Mnouchkine, Mouawad, Robert Lepage. Au cinéma, Cassavetes, les documentaires de Depardon. Un florilège disparate? «Ce sont tous des piliers; ils osent, prennent des risques, ils me libèrent.» Une leçon essentielle de Raymond Carver: «Il n’est pas indispensable que ce soit original, mais que ce soit juste.» Ce n’est pas son acolyte au sein de leur compagnie les Productions du Sillon, la metteuse en scène Catherine Schaub – dernière influence décisive – qui la contredira. Entre elles, la collaboration est totale: «Une dynamique à deux est essentielle pour tenir le coup dans ces métiers difficiles.» Entre deux pièces, elles animent des ateliers en banlieue. Léonore s’allume en racontant ces créations avec des exclus, des fragiles qui, applaudis, valorisés, prennent une distance avec leur situation. Telles les femmes battues, qui leur ont inspiré «Le bruit de la machine à laver».

Elle mène toujours plusieurs projets de front: «Je suis nécessairement multitâche, sinon ce serait l’enfermement, l’asphyxie.» Ainsi, ces prochains mois verront le jour deux scénarios de films, un drame sur un couple passionnel et une comédie sur l’alphabétisation. Au théâtre, elle donnera «1300 grammes», une pièce sur les neurosciences. Car si Léonore Confino ne fait plus de cirque, elle reste trapéziste dans l’âme.

Ce qui la dope Savoir que des millions d’êtres humains ont vécu avant moi et vivront après moi: on peut vivre pleinement, ce n’est pas un grand risque à l’échelle de l’humanité!

Son don inattendu Etre maman, se découvrir capable de se donner entièrement à un enfant, d’en prendre soin, de le protéger, alors que dans ce métier d’egos surdimensionnés, on pense à soi!

Sur sa shamelist Je ne sais jamais si je dois écrire: «Je me suis ‘permis’ ou ‘permise’ de lui dire». Par ailleurs, je préfère la purée industrielle à la purée maison.

Son dernier fou rire La dernière fois que j’ai joué à «Times Up» avec ma fille, j’étais enceinte de 7 mois. J’ai tenté de lui mimer un hélicoptère et, croyant avoir deviné, elle a hurlé: «Baleine

Son buzz Le discours de Meryl Streep aux Golden Globes, critiquant le comportement et les discriminations du président Trump, sans jamais le citer.


©Paul Drinkwater/NBCUniversal via Getty Images

Sa news Femme La mobilisation de la comédienne Andréa Bescond qui lutte activement face à la justice pour supprimer le délai de prescription des actes pédophiles.


©François Guillot/AFP/Getty Images

Son actu Ma pièce sur l’adolescence, «Parlons d’autre chose», mise en scène par Catherine Schaub, se joue actuellement au Funambule, à Paris. Elle relaie la parole de neuf jeunes sur scène, qui racontent leur génération nourrie à grandes cuillerées de crises et de selfies.


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