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Vivre (mieux) avec moins
Le réveil sonne à peine… Déjà, on jette un coup d’œil à notre smartphone, histoire de voir comment se porte notre popularité sur les réseaux sociaux. Puis on se lance dans un jogging, dont on postera et commentera le parcours sur Facebook. Devant l’armoire, on hésite durant des heures, parce qu’elle déborde de fringues, dont la moitié n’a jamais été portée. On court ensuite au boulot, parce qu’on est forcément en retard. Puis viendra l’heure du lunch (régulièrement avalé en vitesse devant l’ordinateur), et un passage au supermarché, histoire de trouver un truc vite avalé pour la soirée…
Le scénario vous rappelle un tantinet quelque chose? La tête dans le volant, on se précipite dans nos journées, souvent en mode pilote automatique, sans prendre le temps de s’arrêter un instant, de faire le point. Et si la solution était là, à portée de main? Un truc tout bête pour s’alléger la tête, retrouver un peu de sérénité et apprécier un chouia davantage les journées qui passent? Cette solution se résume en trois petits mots: vivre avec moins. Moins de travail, moins de réseaux sociaux, moins d’habits, moins d’emballages. Moins de tout, ou presque.
Mais moins ne veut pas dire moins bien, au contraire. Les anglophones ont d’ailleurs merveilleusement bien résumé le concept: «less is more», «Moins, c’est plus». Plus de temps pour soi et, par là même, pour les autres. Histoire de ne pas mettre la charrue avant les bœufs, on a fait le tour, avec quelques spécialistes, de mesures faciles à mettre en place si on veut vivre bien, mais avec moins. Inspirez, expirez...
Moins d’habits
Quoi, vous n’avez pas encore dévoré le livre de Marie Kondo, «La magie du rangement»? Pas de panique, on fait une séance récap’ spéciale garde-robe avec Julie Blanco, coach en «dressing-room». «En général, on exploite entre 20 et 30% de son dressing, et la plupart de nos vêtements restent bien pliés dans les recoins de nos penderies, estime-t-elle. La plupart d’entre nous portent les mêmes tenues à chaque saison, sans trop se poser de questions. On ne veut surtout pas faire de faute de goût, alors on se concentre sur des vêtements plus «informels» et passe-partout dans notre quotidien.» Première règle: on oublie les doubles rangées de fringues dans l’armoire: à coup sûr, les pièces placées derrière ne seront jamais utilisées. Et on trie. Avec l’aide d’une connaissance, qui saura être plus objective que nous. «Les vêtements usés, élimés, tachés définitivement doivent être mis hors service et jetés, ou plutôt recyclés.» Ça paraît tout bête, et pourtant... Seule objection: les blousons en cuir, «qui se subliment avec le temps». T-shirts aux couleurs improbables, jeans informes et pantalons aux revers trop courts, même combat. Et instaurez un «purgatoire», sur une tringle ou dans un tiroir de votre commode: placez-y les vêtements en bon état mais qui ne vous font plus vibrer. Si après une période de trois mois, ils n’ont pas bougé, il est temps de leur offrir une seconde vie, mais ailleurs, via par exemple un vide-dressing.
Moins de shopping
Une fois que notre armoire s’est allégée, attention à ne pas retomber dans le piège du fast shopping! «Je bannis les achats 'au cas où'. J’achète si j’en ai besoin, pas 'au cas où j’en aurais besoin un jour'. On sait que ce jour-là n’arrive jamais», résume Mélanie Blanc, auteur de «Fashion mais pas victime» (éd. FRC, 22 fr.). Autre petit truc de cette experte ès vie plus simple: se désabonner d’un maximum de newsletters. Quant à celles qui se révèlent indispensables, les faire arriver dans un dossier spécial, afin qu’elles ne «polluent» pas la boîte mail principale. On va y faire un tour de temps en temps, pour s’assurer de ne rien avoir raté d’important. Du coup, on évite de nombreuses tentations.
Moins de livres
Sans avoir forcément à remplacer tous ses livres par une liseuse électronique, on fait le tri dans sa bibliothèque. Par exemple, comme Carolina, diplomate qui ne reste jamais longtemps en place: «Tous mes 'bouquins de vacances', une fois lus, je les mets dans une boîte à côté de ma porte d’entrée; comme ça, à chaque fois que des amis passent par là, ils jettent un œil et embarquent un ou deux livres. Je débarrasse en faisant plaisir en même temps!»
Moins de sommeil
Surfez sur la tendance morningophile! Anna Wintour ou Tim Cook (le patron d’Apple) l’ont adoptée, et les hashtags #earlybird ou #5am déferlent sur les réseaux sociaux. Se lever plus tôt que nécessaire, c’est s’offrir un «supplément de vie»: on en profite pour s’essayer à la méditation ou au yoga, pour lire quelques pages de ce roman sur lequel on s’endort chaque soir, pour se préparer un sain et copieux petit-déjeuner… voire pour coucher sur le papier quelques lignes, comme le conseille Hal Elrod dans «The morning miracle» - la bible dans le domaine. Mais gare à ne pas tomber dans le côté obscur de la morningophilie: ces moments gagnés sur le sommeil sont pour vous, pas pour vos «followers». Donc, on laisse son téléphone en mode avion (car oui, en tant que nouvel adepte du «less is more», vous mettrez votre téléphone en mode avion avant d’aller vous coucher), et on ne prend pas de photo de soi en train de méditer face au soleil levant.
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Moins de travail
Désormais, en Suisse, plus d’une personne sur trois travaille à temps partiel (38,7% en moyenne nationale, une part qui n’arrête pas d’augmenter). «J’ai commencé à travailler à 100%, puis à 90%, et désormais je suis à 80%, résume Rita, jeune employée de bureau. Aujourd’hui, malgré la perte financière, je ne reviendrai pour rien au monde en arrière. J’ai plus de temps pour moi, mon fils, mes amis, mes hobbies…» Entre la réduction fiscale et le gain niveau frais de garde de l’enfant, on s’y retrouve même facilement.
Moins de réseaux sociaux
Vous avez peut-être déjà entendu parler de «digital detox». Des hôtels précisent désormais, comme un argument de vente, que leur site n’est couvert par aucun réseau et n’offre évidemment pas le wifi. On peut aller loin, très loin, comme dans cette ferme perdue à l’est de Goa, en Inde, où le bruit des singes dans les arbres remplace celui des notifications. Ou on peut aller un peu moins loin, comme dans cet ancien ermitage au centre de l’Italie, transformé en retraite de luxe. Mais l’on peut aussi opter pour une version plus light, en restant ici. «J’ai désactivé toutes les notifications, explique Mélanie Blanc. Je n’en reçois aucune venant des réseaux sociaux. JE décide quand je les consulte. Encore trop souvent à mon goût, mais du coup beaucoup moins qu’avant.»
Moins d’emballages
C’est LA grande tendance du moment, vous ne pourrez y échapper. Et pas forcément besoin d’être aussi extrême que Béa Johnson, la papesse franco-américaine du «zéro déchet». Les petites épiceries proposant des marchandises en vrac éclosent un peu partout en Suisse romande (La Brouette ou Bio c’bon à Lausanne, Chez Mamie à Sion ou Nature en vrac à Genève). De votre côté, prenez la bonne habitude de toujours avoir avec vous des petits sacs en tissu, afin de ne pas abuser des sachets plastique des supermarchés. Le plus dur dans l’histoire? Oser affronter le regard du boucher quand vous lui demanderez de mettre les filets de poulet directement dans votre Tupperware.
Moins de cosmétiques
Le syndrome de l’écureuil, vous connaissez? «Je n’achète jamais de produits avant d’en avoir terminé un. Je n’ai donc pas 10 crèmes de jour à moitié entamées, précise Mélanie Blanc. Un savon pour la douche et un shampooing, c’est tout ce que j’ai sur le rebord de ma baignoire.» Ex «shopping-addict» s’agissant de produits de beauté, Julie Blanco en est revenu. «La cosmétique décroche certainement la première place sur le podium de la consommation excessive, alors il vaut la peine de bien réfléchir avant de dépenser inutilement. Surtout quand je vois que j’utilise au quotidien toujours les mêmes produits, fond de teint, poudre, mascara, blush et crayon khôl noir, un peu comme les 5 fruits et légumes!»
Alors, tenté de vivre avec moins? Ou déjà adepte de la «less attitude» peut-être? Faites-nous part de vos expériences!
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