Festival de Cannes 2024: Les femmes à suivre

Alors que la 77e édition du Festival de Cannes commence le 14 mai et court jusqu'au 25 mai 2024, l’ombre de #MeToo plane-t-elle sur la Croisette, pour le meilleur? La rumeur d’une potentielle «liste noire» de 10 noms d’agresseurs dans le cinéma qui serait dévoilée par Mediapart s’avère être un cas d’école de pure désinformation, puisque le média a formellement démenti la fake news. Ceci dit, les enquêtes sur les violences faites aux femmes dans le septième art continuent d’être dévoilées. Le magazine Elle, par exemple, a publié le 13 mai les témoignages de neuf femmes qui accusent le producteur Alain Sarde (Palme d’or en 2002 pour Le Pianiste) de viols et d’agressions sexuelles. Des accusations «mensongères, qui lui prêtent des comportements qu’il réprouve et qui lui sont totalement étrangers», dément, toujours dans Elle, l’avocate du producteur, Jacqueline Laffont.

D’autre part, près de 150 personnalités de la société française, dont de nombreuses actrices (Juliette Binoche, Isild Le Besco, Christine Angot, Vanessa Springora), appellent dans la tribune «#MeToo: On persiste et on signe» publiée le 14 mai sur le site du quotidien Le Monde à la création d’une «loi intégrale» contre les violences sexuelles. Le 7e art arriverait-il à chasser pour de bon ses bourreaux? Judith Godrèche pourrait bien y contribuer…

Moi aussi, le film fort de Judith Godrèche

Très attendu, le court métrage de l'actrice Judith Godrèche sera présenté lors de la cérémonie d’ouverture de la section Un Certain Regard et au Cinéma de la Plage le 15 mai 2024. En clin d'œil au mouvement #MeToo, Moi aussi met en scène sur 17 minutes de la danse, de la musique mais principalement des récits de victimes de violences sexuelles, récoltés depuis son appel à témoignage. «C'est notre histoire. C'est votre histoire. Ce film vous appartient», a-t-elle écrit le 7 mai sur son compte Instagram en guise de dédicace aux participant-e-s (dont sa fille, Tess Barthélemy) qui semblent se compter par centaines.

Depuis sa prise de parole nécessaire en janvier 2024 et ses plaintes contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon, Judith Godrèche a largement contribué à faire avancer le débat des violences systémiques dans le 7e art, notamment en étant à l’origine de la commission d'enquête parlementaire sur les violences sexuelles dans le cinéma.

Laetitia Dosch et Elena Lopez Riera: deux réalisatrices suisses

Outre la fable écologique Sauvages du réalisateur Claude Barras (Ma vie de Courgette) et le récit de prostitution et d'amour interdit de The Shameless (coproduit par la société genevoise Akka Films et la RTS) du réalisateur bulgare Konstantin Bojanov, joie, puisque deux films de réalisatrices suisses sont au programme de la sélection officielle du Festival de Cannes. La réalisatrice franco-suisse Laetitia Dosch dévoilera dans la sélection Un certain regard son long métrage Le procès du chien, où l’histoire insolite d’Avril, une avocate qui se retrouve à défendre un chien. Le film est coproduit, entre autres, par le réalisateur suisse Lionel Baier (La dérive des continents), la RTS, la SSR et France 2.

De son côté, la réalisatrice hispano-suisse Elena López Riera présentera Las novias del sur (Les fiancées du sud) à l’occasion de la Semaine internationale de la critique. Concernant, son documentaire met en lumière des témoignages de femmes sur le mariage et la sexualité et conte également sa propre interrogation sur son non désir de mariage et d'enfant. On note encore que la Suisse est l'invitée d'honneur du Marché du film.

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Meryl Streep, Palme d’honneur

L'invitée d'honneur n'était pas venue sur la Croisette depuis 1989, sa seule et unique apparition à Cannes lorsqu'elle avait reçu le prix d'interprétation féminine pour Un cri dans la nuit. Meryl Streep, l'une des plus grandes stars hollywoodiennes, sera l'étoile de la cérémonie d'ouverture le 14 mai 2024, où elle recevra une Palme d'or d'honneur pour son inspirante carrière ayant débuté à la fin des années 70 et ses rôles iconiques, de Miranda Priestly (Le diable s'habille en Prada), à Francesca Johnson (Sur la route de Madison) en passant par Donna Sheridan (Mamma Mia!).

La comédienne de 74 ans - d'ailleurs détentrice du record de nomination aux Oscars, 21! - sera récompensée aux côtés du réalisateur et scénariste George Lucas, producteur des sagas Star Wars ou encore Indiana Jones, qui recevra sa Palme d’honneur lors de la cérémonie de clôture du festival, le 25 mai. Grande première, la Palme d’or d’honneur se transformera également en prix collectif puisque le Studio Ghibli sera aussi récompensé. Le fameux studio d'animation japonais, fondé en 1985 notamment par Hayao Miyazaki, a produit entre autres les films Princesse Mononoké et Le Voyage de Chihiro, et a même ouvert un parc d'attractions en 2022 sur sol nippon.

Camille Cottin, maîtresse des cérémonies

À notre consœur Femina France, l’actrice Camille Cottin confiait: «J’essaie de ne pas me projeter tant l’exercice est vertigineux», mais à vrai dire, devant sa sympathie, son professionnalisme et sa drôlerie, il n’y a pas vraiment d’inquiétude à avoir. Avec son anglais parfait - a-t-elle vraiment tous les talents? - , l’ambassadrice Dior aura la délicate tâche d’inaugurer et clôturer la 77e édition du Festival sur la scène du grand auditorium Louis ­Lumière, les 14 et 25 mai 2024 (à suivre en direct sur France 2).

Dans la liste des maîtresses de cérémonie de l’histoire de Cannes, l'interprète de Stillwater, film pour lequel elle avait monté les marches, cite les inspirantes Audrey Tautou, Chiara Mastroianni et Virginie Efira. Mais avant de partir tourner un nouveau film en juin avec Zar Amir Ebrahimi (Prix d'interprétation pour Les Nuits de Mashhad), on gage que Camille Cottin marquera elle aussi les esprits, en dosant savamment art, politique - il y en a toujours un peu - et magie.

Greta Gerwig, présidente du jury

Pour la parité au sein de la sélection de longs métrages en compétition officielle pour la Palme d'or, on repassera: en effet, seules la réalisatrice indienne Payal Kapadia (All We Imagine as Light), la Britannique Andrea Arnold (Bird) et les deux Françaises Agathe Riedinger (Diamant brut) et Coralie Fargeat (The Substance) concourent afin de remporter la récompense ultime face à 18 cinéastes masculins (c'est moins de femmes qu'en 2023). Le choix n'étonne pas vraiment cependant, sachant que seules trois réalisatrices - dont Justine Triet l'an dernier avec Anatomie d'une chute - ont remporté le précieux sésame en 76 éditions de ce festival traditionnellement porté par les hommes.

Le jury, toutefois, est plus égalitaire. Le groupe de cette année est composé de cinq femmes et quatre hommes, dont l'actrice amérindienne Lily Gladstone rendue célèbre pour son rôle dans Killers of the Flower Moon, Eva Green ou encore Omar Sy, qui a publié son autobiographie Viens, on se parle (Éd. Albin Michel) en avril 2024. Le jury sera présidé par l'Américaine Greta Gerwig, comédienne, scénariste, mais aussi réalisatrice de films au propos féministe, Lady Bird, Les Filles du docteur March et le succès commercial de l'été 2023, Barbie. Entrée dans la légende du cinéma comme la première réalisatrice à dépasser le milliard de dollars au box-office, à 40 ans, la talentueuse Greta Gerwig est sans doute l'une des femmes à suivre dans le monde du cinéma actuel. Son prochain projet filmique? Une ambitieuse adaptation pour Netflix du Monde de Narnia, la célèbre saga fantasy de C. S. Lewis.

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Diamant brut d’Agathe Riedinger, un film sur l'obsession de la beauté

Comme cité ci-dessus, Diamant brut de la Française Agathe Riedinger est un des quatre films de femmes réalisatrices en compétition pour la Palme d’or. En salle à l’automne 2024, le long métrage met en scène Liane (Malou Khebizi), 19 ans, qui vit avec sa mère et sa sœur dans le sud de la France. Obnibulée par une quête de beauté et de réussite, la jeune femme va tout faire pour participer à la télé-réalité Miracle Island, l’unique moyen selon elle d’être aimée. Triangle of Sadness de Ruben Östlund, Palme d’or en 2022, abordait déjà la thématique de l’influence, avec son couple de mannequins en proie à un conflit existentiel.

L’actrice genevoise Souheila Yacoub sur le tapis rouge

Attendue sur la montée des marches, l’ex-gymnaste Souheila Yacoub devrait fouler le tapis rouge samedi 18 mai 2024 aux côtés de sa réalisatrice Noémie Merlant, et toute l'équipe du film Les femmes au balcon, film coécrit par Céline Sciamma et qui figure dans la Sélection officielle du Festival. Après avoir brillé dans Dune: Deuxième partie, l’actrice genevoise, ambassadrice Dior, incarne dans cette comédie d’horreur une «excentrique avec des strass sur les dents», décrit-elle à Madame Figaro, qui survit tant bien que mal à une canicule marseillaise, entourée de ses deux amies.

Karla Sofía Gascón, à l'affiche d'Emilia Pérez de Jacques Audiard

On ne la connaît pas encore très bien, mais nul doute que l'actrice espagnole trans de 52 ans fera davantage parler d'elle en Francophonie: en effet, la comédienne - grande habituée de la télévision en Espagne, entre émissions et séries - est la star du long métrage franco-mexicain Emilia Pérez, en compétition officielle, signé du réalisateur Jacques Audiard et coproduit par la maison de luxe Saint Laurent. Le film promet surprises et péripéties, puisqu'il mêle comédie musicale, trafic de drogue et questions de transidentité.

Karla Sofía Gascón y joue Emilia, une narcotraficante mexicaine en cavale qui commence sa transition vers le genre féminin, celui qui lui correspond le mieux. Des années plus tard, la criminelle retraitée est épaulée par une avocate afin de faire valoir ses droits. Outre son pitch original et séduisant, le thriller musical affiche un casting en or: Selena Gomez et Zoe Saldaña sont également à l'affiche d'Emilia Pérez, qui devrait sortir en salle le 28 août 2024.

Adèle Exarchopoulos, dans L'amour ouf de Gilles Lellouche

Sélectionné en compétition officielle, L’amour ouf de Gille Lellouche, son troisième long métrage après Narco et Le Grand Bain, semble très attendu dans l'Hexagone. Et pour cause, l’intrigue romantique réunit le duo formé par Adèle Exarchopoulos et François Civil, couple à la ville comme à la scène (Bac Nord). En plus de la rencontre amoureuse de deux jeunes du nord de la France qui s’étend sur deux décennies, le film promet une bonne dose d’humour et des codes du thriller.

Ces dernières années, c’est une euphémisme de dire qu’Adèle Exarchopoulos a squatté les écrans. Depuis la précédente édition du Festival de Cannes, on a pu la découvrir en instit' dans Un métier sérieux de Thomas Lilti, dans la peau d'une tueuse à gage dans Voleuses de Mélanie Laurent, en victime en quête de justice restaurative dans Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry ou encore en policière dans Le règne animal, de Thomas Cailley. Conquerra-t-elle cette fois-ci le cœur du jury?

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Emma Stone, dans Kinds of Kindness de Yórgos Lánthimos

Alors qu'il vient de remporter quatre Oscars sur onze nominations avec son dernier film sorti au cinéma cet hiver 2024, Pauvres créatures, le réalisateur grec Yórgos Lánthimos revient à la charge avec un nouveau long métrage intitulé Kinds of Kindness, en lice pour la Palme d'or. Le cinéaste y fait jouer son actrice fétiche, la fabuleuse Emma Stone, oscarisée pour son interprétation dans Pauvres créatures.

Dans ce nouveau film d'anthologie, à voir au cinéma dès le 26 juin 2024, on suit le destin de trois personnages: un homme qui lutte pour reprendre le contrôle de sa propre vie, un policier inquiet pour la santé mentale de sa femme après que celle-ci a été victime d'un terrible accident et une femme à la recherche d'un futur leader spirituel. À l'affiche se bousculent de nombreux-ses comédien-ne-s de talent, qui interprètent différents rôle au long du récit: Emma Stone, mais aussi Jesse Plemons (Killers of the Flower Moon), Willem Dafoe (Spider-Man), Margaret Qualley (Maid), Hong Chau (Asteroid City) ou encore Hunter Schafer (Euphoria).

Charlotte Le Bon dans la peau de Niki de Saint Phalle

Classé dans la sélection Un certain regard, on découvre Niki, le premier film de Céline Sallette, un biopic sur la touchante et extraordinaire vie de l’artiste Niki de Saint Phalle. Interprété à l'écran par l’actrice et peintre Charlotte Le Bon (White Lotus, saison 3), le film débute en 1952. À des milliers de kilomètres de sa famille américaine, Catherine dite Niki s’installe à Paris avec son poète de mari Harry Mathews (elle épouse ensuite Jean Tinguely en 1971) et sa fille. Alors que le traumatisme de son viol perpétré par son père quand elle avait 11 ans (elle le révèle en 1994 dans son livre Mon secret) affecte sa santé mentale, la plasticienne autodidacte va trouver dans l’art un échappatoire.

Anya Taylor-Joy, dans Furiosa de George Miller

Attention, futur blockbuster en approche! Très attendu, le spin-off axé féminin de l'iconique saga cinématographique Mad Max, Furiosa, sortira en salle le 22 mai 2024. Ce film d'action dystopique promettant une série de sensations fortes entre bruits de moteurs et éclaboussures de sable ne fait pas partie de la sélection officielle, mais sera présenté en avant-première mondiale au Festival de Cannes.

Après Charlize Theron dans Mad Max: Fury Road, c'est au tour d'Anya Taylor-Joy d'incarner le personnage de Furiosa. La jeune comédienne britannique est connue pour ses rôles dans les séries Peaky Blinders et Le Jeu de la dame, puis le film Emma ou plus récemment Le Menu. On la retrouve donc dans la peau de cette protagoniste ultra badass, capturée par une horde de motards dirigée par l'affreux seigneur de guerre Dementus (interprété par Chris Hemsworth, qu'on se réjouit de découvrir dans un rôle de méchant). Probablement pas le film de l'année, mais une promesse de grand spectacle!