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Décryptage: comment ferons-nous l’amour dans le futur?

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© Getty

Faire l’amour, baiser, prendre son pied. Un scénario immuable depuis la nuit des temps? Rien de moins sûr. Même si les principes de base semblent toujours un peu les mêmes (moi avec moi, ou moi avec toi, ou encore moi avec vous), la galipette est en train de connaître de sérieuses évolutions grâce aux nouvelles technologies.

Pas convaincus? «Au cours des quatre ou cinq dernières années, le monde a basculé dans une ère où le sexting, le sexe par caméras interposées et les sextoys sont devenus plus normaux que de ne pas en faire usage du tout», remarquait ainsi récemment Eddy Olivares, directeur marketing de la société Lovense, qui conçoit des objets réservés aux adultes. «Nous sommes en effet en train de connaître une révolution en matière de sexualité grâce au numérique, nous confirme la sociologue française Catherine Lejealle, spécialiste du digital. Mais le phénomène n’est pas aussi radical qu’avec l’économie du tourisme par exemple: il s’agit davantage d’un prolongement que d’une véritable rupture. Il y a encore souvent la préférence pour l’humain.»

La réalité virtuelle nous connecte

Ouf. A priori, demain, pas de parties de jambes en l’air exclusivement par télépathie, comme dans le film «Demolition Man», où Sandra Bullock et Sylvester Stallone tentent tristement de copuler à dix mètres l’un de l’autre. Mais le sexe depuis un casque bardé d’électrodes pourrait bientôt exister, et plutôt pour le meilleur. Au lieu d’éloigner les partenaires à l’insu de leur plein gré, à l’image de ce que vivent les deux acteurs, il permettrait à des amants séparés par la distance de se donner du plaisir.

Pour y parvenir, les casques de réalité virtuelle, dont le développement est actuellement en phase intensive, aideraient évidemment beaucoup. On y ajoutera également les télédildonics, ces sextoys 3.0 prodiguant les caresses ou faisant ressentir les mouvements du corps d’un partenaire connecté depuis un autre lieu, qu’il soit dans la ville d’à côté ou en plein milieu de l’océan Pacifique. Même les contractions musculaires du vagin sont ainsi retransmises sur la verge ou les doigts… Avec de tels dispositifs, les relations amoureuses à distance pourraient bien devenir moins frustrantes, même si la présence de l’autre, ou encore le parfum de sa peau, demeureraient du ressort de l’imagination.


© Pinterest Sex toys

Les robots d’amour nous enlacent

En revanche, pour les adeptes occasionnels ou à plus long terme de l’auto-érotisme, l’avenir du sexe a tout de l’eldorado idéal. Pas de partenaire en chair et en os derrière l’écran? Aucun problème, les nouvelles technologies se chargeront d’en reconstituer un, ou une. Elles ont déjà permis l’expérience du film pornographique en 3D et sensorielle grâce aux casques de réalité virtuelle. Elles autoriseront bientôt la création d’hologrammes ultra-réalistes façonnés selon nos fantasmes les plus personnels.


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D’ultimes objets du désir tissés par des projections lumineuses, voire même des êtres palpables: les robots d’amour. Ces amants artificiels se distinguent du stade «poupée gonflable de base avec bouche ouverte» par un aspect plus actif et réaliste. Voire interactif. Certaines sexdolls sont déjà capables de tenir une conversation – élémentaire, la séance de parlote bien sûr, puisqu’on attend rarement d’un robot sexuel qu’il nous débite une conférence sur Aristote au lit. Mais cette plus grande proximité «esthétique» avec un véritable corps humain pourrait être la clef d’un immense succès à l’avenir.

Les contours de la morale se redéfinissent

Des chercheurs néo-zélandais ont notamment prédit que ces amants technologiques seraient un classique de la panoplie coquine des chambres à coucher d’ici 2050. Ces sexdolls pourraient ainsi devenir les nouveaux sextoys, ou remplacer l’aventure extra-conjugale de la crise de la quarantaine qui s’avère si dangereuse pour le couple.

Reste justement à éclaircir quelques points moraux. Par exemple: est-ce que coucher avec un cyborg, c’est tromper son conjoint, lorsqu’on en a? «Effectivement, l’interrogation est légitime, souligne la sexologue et psychothérapeute genevoise Marie-Hélène Stauffacher. Mais si la question se pose, peut-être vaut-il mieux ne pas y trouver de réponse!» Concernant le sexe à distance, Catherine Lejealle, elle, a une vision plus arrêtée: «On ne trompe pas vraiment, puisqu’il n’y a même pas de contact physique!» On croyait que toute cette histoire de sexe serait plus simple avec des tas de ferraille, on était dans l’erreur. L’arrivée imminente de ces technologies dans nos alcôves nécessitera aussi quelques updates de taille dans le domaine de la morale.

Les dessous du plaisir se révèlent


© Getty

D’ailleurs, puisqu’on en parle, de morale, des brèches s’ouvrent actuellement. Alors que la recherche scientifique préférait jusqu’ici investiguer autour de la sexualité masculine, et se satisfaire de théories préhistoriques s’agissant de la sexualité féminine, de plus en plus de savants osent aller briser les tabous et explorer les secrets de l’anatomie intime des femmes. «Celle-ci est encore assez mystérieuse, car bien moins étudiée que la sexualité des Messieurs, constate Marie-Hélène Stauffacher.

Mais grâce à des projets menés dans différents pays, on commence à mieux comprendre certaines choses. Des observations par IRM ont notamment permis de découvrir que deux corps caverneux de dix centimètres de long courent entre le clitoris et la paroi du vagin, ce qui avait échappé à tous les médecins pendant des siècles.» Des corps caverneux compressés, stimulés lors de la pénétration. Ce que ça change? Exit l’orgasme clitoridien versus l’orgasme vaginal des ouvrages freudiens. L’organe du plaisir féminin est bien plus complexe qu’on le pensait, avec ses différentes zones qui interagissent secrètement au lieu de vivre chacune de leur côté.

Les horizons du désir s’élargissent

Et ces avancées dans le champ de la connaissance sont une chance pour toutes les femmes, selon la sexologue genevoise: «Mieux on connaît comme cela fonctionne, plus on est à même d’avoir une belle sexualité, car on sait ensuite comment bien stimuler les zones les plus érogènes.» De nouveaux territoires d’ailleurs dans la ligne de mire des fabricants de sextoys. Une nouvelle génération de ces partenaires de plastique et de métal a justement pris bonne note des dernières avancées scientifiques, et permet aujourd’hui un accès rapide et quasi garanti à l’orgasme.

Jouir sans entraves, mais encore? «Ces sextoys nouvelle génération sont intéressants pour les femmes, fait remarquer Marie-Hélène Stauffacher. Ils vont leur permettre d’enrichir leur sexualité, leurs fantasmes, de réveiller leur désir de manière différente. Comme la masturbation féminine, encore assez taboue, est néanmoins de plus en plus valorisée, tout cela devrait aider à débloquer les mentalités. Pour résumer, l’auto-érotisme dans le futur sera plus riche et diversifié.» Et les plus réticents au débarquement du progrès dans le lit devraient se souvenir qu’aux Etats-Unis, avant même l’éclairage public ou le téléphone, la première utilisation de l’électricité a été faite pour donner des orgasmes à des femmes. Dans un cadre thérapeutique, certes, mais des orgasmes quand même…

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