Beauty Tour
Black is beautiful: une peau d'ébène si fragile
Comment parler de la beauté des femmes afro-descendantes sans tomber dans les clichés ou heurter les sensibilités après la vague Black Lives Matter? On en discute avec Sylvie Makela et Carine Foretia, co-fondatrices des salons de coiffure et concept stores Tribus Urbaines, à Lausanne et Genève.
Comme les cheveux crépus, bouclés ou frisés, la peau noire a des besoins spécifiques. Sur le corps, elle a tendance à être très sèche et demande beaucoup d’hydratation. Sur le visage, elle brille facilement et connaît des différences de pigmentation.
Huile, crème, ça dépend des goûts. Sylvie recommande d’appliquer une huile sur la peau encore légèrement humide pour une meilleure efficacité, en massant les zones capitonnées. Après une douche froide, c’est encore mieux et avec un savon sans sulfate à base de karité, bon pour tout; tout comme le baobab, dont on utilise l’huile ou la poudre issue de ses fruits.
Pour le visage, l’excès de sébum requiert un soin particulier. Si on y répond avec des produits astringents, la peau va graisser encore plus. Il faut hydrater tout en matifiant avec une formule légèrement poudrée. Carine est adepte des BB creams. Sylvie, elle, a trouvé la crème idéale, qui absorbe le sébum et règle les problèmes de pigmentation (Nuhanciam, pas disponible en Suisse). «J’utilise ensuite uniquement du correcteur, avec une petite éponge, pour unifier les différences de pigmentation entre le cou, le visage et les paupières. La peau noire a tendance à cicatriser plus lentement, ce qui fait que les marques d’acné ou autres bobos restent plus longtemps.»
Aujourd’hui, une majorité de marques se sont mises à la beauté inclusive avec des gammes de plus de 40 nuances. Cependant, il y a eu un vide entre les premiers fonds de teint ethniques de MAC (dans les années 80), et l’arrivée de Fenty Beauty, fin 2017. En Suisse, il reste compliqué pour les peaux très foncées de trouver les cosmétiques adéquats. Au-delà de la représentativité, Sylvie voudrait voir plus de modèles de beauté différente. Carine, qui est née ici de parents en exil, se souvient de son manque de repères quand elle était ado. Aujourd’hui, maman à son tour, elle se demande quel discours tenir à sa fille pour qu’elle puisse s’identifier à autre chose que La reine des neiges. En 2020, plus que jamais, les réseaux sociaux contribuent à mettre en valeur toutes les formes de beauté (le fameux body positive) et le black is beautiful rayonne grâce à des stars comme Rihanna, Lupita Nyong’o ou la plantureuse Lizzo, au physique atypique, «qui n’est d’ailleurs pas un physique atypique pour l’Amérique», rigole Carine. Dans le luxe, Lancôme et Saint Laurent ont choisi Zendaya ou Zoë Kravitz comme égéries de leurs plus grands parfums.
Le sourire irrésistible d’Adut Akech Bior
En juillet 2018, elle clôturait en mariée le défilé couture de Chanel, l’un des derniers de Karl. Deuxième mannequin noir à tenir ce rôle, Adut Akech Bior partage cet honneur avec sa compatriote sud-soudanaise Alek Wek, en 2004. Toutes deux ont suivi le même parcours fabuleux, du statut de réfugiée aux podiums internationaux. Adut Akech a 7 ans quand elle quitte le camp du Kenya où elle vivait avec sa mère et ses 5 frères et sœurs pour l’Australie.
Repérée pour la première fois dans la rue à 13 ans, elle attend ses 16 ans pour s’inscrire dans une agence de modèles à Sidney. Trois ans plus tard, elle fait sensation lors de son premier défilé à Paris, pour Saint Laurent. Depuis, sa moue enfantine et sa silhouette de panthère sont devenues incontournables. Nommée Model of the Year en 2018 et 2019, elle apparaît sur la couverture du Vogue US d’avril dernier avec Kaia Gerber (la fille de Cindy Crawford) et Ugbad Abdi (mannequin somalien qui porte le hijab), sous le titre «Beauté sans frontières: 28 modèles du monde entier qui changent la mode». Elle vient de shooter la campagne hiver 2021 de Chanel Haute Couture.
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