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Ma folle passion pour une maison du XIXe siècle

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Serai-je un gentil ou un méchant fantôme? Je n’ai pas encore décidé…

© Joelle Neuenschwander

La première fois que j’ai vu cette maison datant de 1859, je ne me doutais pas qu’elle allait devenir ma «maîtresse» attitrée. Entourée d’un écrin de verdure et figée dans le temps, cette bâtisse de 7 pièces m’a fait penser à l’habitation de «La Belle au bois dormant». Elle ne demandait qu’à s’éveiller. Malgré les papiers peints défraîchis, j’ai tout de suite vu son potentiel. Je n’avais qu’une envie: lui rendre son lustre et son éclat. Devant l’ampleur des travaux à effectuer, mon entourage a tenté de me dissuader de l’acheter. D’autant plus que je m’étais fixé comme challenge de rénover toute seule ce bâtiment. Issue d’une famille de bricoleurs et ayant déjà retapé un appartement, je savais dans quoi je me lançais… quoi que.

Etape numéro un: trouver un établissement qui accepte de m’accorder un prêt hypothécaire. Le premier banquier que j’ai rencontré a refusé en disant qu’il me rendait service. Etre une femme – seule de surcroît - ne jouait visiblement pas en ma faveur. Employée de commerce de formation, j’ai constitué un dossier béton qui m’a permis de finalement convaincre une société d’assurance de me faire confiance.

Des chefs de chantier au poil

Mon histoire d’amour avec cette vénérable demeure a commencé en fanfare: dès que j’ai fait mon entrée dans les lieux, tout a lâché. Les robinets me sont restés dans les mains et la chaudière a rendu l’âme. Cette «liaison» s’annonçait décidément pleine de surprises. J’ai mis en route mon premier chantier: ma future chambre à coucher, au style très haussmannien. YouTube a été mon plus précieux allié: grâce à des vidéos postées par des as du bricolage, j’ai pu m’initier à différentes techniques.

Détapissage, décapage thermique, pose de voile de rénovation, plâtrage… je n’ai pas tardé à devenir une véritable «Do-it-yourself woman», capable aussi bien d’abattre un mur que de poser du parquet. Cela sous les yeux ébahis de mes quatre chefs de chantier, mes chats, qui inspectaient mon travail. Je leur dois d’ailleurs une fière chandelle: alors que je décapais l’ancienne couche de peinture dans le salon, je me suis rendu compte que mes félins ne mangeaient plus. Ce qui m’a alerté, d’autant plus que j’avais moi-même mal à la gorge. L’analyse auprès d’un laboratoire a révélé qu’il y avait du plomb dans la peinture et que les vapeurs étaient toxiques. J’ai donc créé une bulle protégée avec une grande bâche en plastique. Avec mon masque à la Dark Vador et ma doudoune – je bricolais la fenêtre ouverte en plein hiver – je devais en jeter.

Une cheminée en marbre de Carrare

Afin de meubler et décorer mon petit nid douillet, je me suis mise à la recherche de trésors dans les brocantes et sur les sites internet d’enchères. Ayant un budget restreint, je suis devenue la reine du trompe-l’œil, à l’instar de Marie-Antoinette, dont le décor de son théâtre, au Petit Trianon, était en carton-pâte. J’ai notamment déniché, pour une somme dérisoire, des moulures en bois en Chine. Et deux splendides lustres en cristal, dont un quelque peu déplumé, en Angleterre.

Si beaucoup de mes trouvailles arrivent par la poste, je dois parfois sortir de mon antre pour aller chercher les autres. Comme cela a été le cas pour la splendide cheminée blanche en marbre de Carrare qui trône fièrement au milieu de mon salon. Quand je l’ai vue sur un site français de petites annonces, j’ai bondi: il me la fallait absolument. D’autant plus que son vendeur, situé dans la région parisienne, la vendait à un prix modique. N’ayant pas le permis de conduire, je me suis fait accompagner par une amie à l’adresse indiquée. Nous nous sommes retrouvées en pleine campagne. Un homme en rangers, à l’allure inquiétante, a surgi. Il nous a fait signe de nous parquer dans un champ où il y avait quelques caravanes. Pas très rassurées, nous avons suivi ce gitan. Au milieu d’un bric-à-brac, ma cheminée m’attendait, démontée. Nous l’avons embarquée dans la petite auto afin de la ramener à bon port.

Des traces des anciens habitants

Désormais, dès l’arrivée des beaux jours, je délaisse le chantier à l’intérieur de la bâtisse pour m’occuper du jardin. C’est qu’il a fallu dompter cette jungle foisonnante de végétation pour la rendre un peu plus civilisée. Pour certains travaux, j’ai consenti à accepter de l’aide, notamment pour le remblai du terrain – uniquement à la force des bras – et la création d’un bassin. Quand ma pioche bute sur quelque chose, j’ai le cœur qui bat un peu plus fort. Secrètement, j’espère tomber sur le trésor que recèle forcément ma maison.

Sous le parquet du salon, j’ai trouvé une épingle à chignon. C’était très émouvant de tenir dans mes mains cet objet ayant appartenu à une personne qui a vécu entre ces murs. Autre découverte faite derrière la boiserie: une carte postale de vœux pour le Nouvel-An… de 1889. Quelqu’un a aussi apposé sa signature sous les couches de papier peint en date de l’année 1869. A mon tour, j’ai décidé de laisser des traces de mon passage dans cette demeure en glissant des petites notes signées de mon nom sous le plancher, afin que celui qui aura l’outrecuidance de le démonter un jour tombe dessus… J’ai aussi inscrit mes initiales sous les boiseries, avec la date de l’année en cours, histoire de mettre ma griffe dans cet endroit dont je connais les moindres recoins.

Un blog d’astuces

Après cinq ans de dur labeur, mon petit chez-moi a retrouvé fière allure. Sur mon blog, je partage l’avancement de mes travaux et mes astuces de rénovation, car je suis devenue une véritable fée du logis. Mais je ne suis pas près de ranger ma vieille scie sauteuse et mes autres outils, car il y a encore de nombreuses tâches qui m’attendent, et pas des moindres. J’ai en effet comme projet de créer un appartement sous les combles pour mes parents. De quoi occuper mes longues soirées d’hiver.

J’ai bien l’intention de passer le restant de mes jours dans cette bicoque qui a englouti toutes mes économies – plus de 100 000 francs – et une partie de mon salaire. Parfois, je ris toute seule en imaginant que je hanterai les lieux après ma mort. Serai-je un gentil ou un méchant fantôme? Je n’ai pas encore décidé. Ça dépendra de la façon dont les nouveaux propriétaires traiteront ma chère maison…


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