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Philippa de Roten: la nouvelle Madame Société et Culture de la RTS

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Philippa de Roten de la RTS.

© Sophie Brasey

La famille, pour moi, c’est important. La mienne est solide et solidaire. En cas de besoin, je peux aller voir n’importe lequel de ses membres: ils sont là.» De cette famille d’aristos mi-sédunoise, mi-haut-valaisanne est issue celle qui allait devenir la nouvelle Madame Société-Culture de la Radio-Télévision suisse romande et première femme à occuper un tel poste au sein de la chaîne.

Philippa de Roten a vu le jour à Sion le 5 janvier 1968, à 5 heures. «Il paraît qu’il y avait au moins deux mètres de neige ce matin-là…» Aînée de deux sœurs, Christiane et Inès, architecte et anesthésiste, elle se rappelle une enfance heureuse, marquée par de nombreux déménagements. Suivant le père, Jean-Romain, la famille a habité Bienne, Neuchâtel, Founex, Nyon, Monthey, avant de revenir à Sion. «Il travaillait dans l’horlogerie. Puis il a été cadre chez Nestlé, mais nous, les enfants, ne savions pas trop ce qu’il faisait. Il aimait nous laisser croire qu’il calculait le temps nécessaire à tourner le chocolat…»

Une certitude, en revanche: il n’était pas facile. «Plutôt dur, le père. Avec un sacré caractère et une grande exigence, ce qui m’a valu une éducation stricte. Et puis, il aurait tant voulu un fils! Si bien que mes sœurs et moi avons un peu été élevées comme des garçons. Ce qui ne veut pas dire que j’ai joué avec des camions: j’avais même une Barbie…»

Quelques règles strictes

Très pudique, ce père ne donnait pas dans le compliment, dans l’admiration. «Il a dû me voir une fois à la télé quand je présentais le téléjournal, et est sans doute parti avant la fin. Il ne nous prenait pas dans ses bras. Ce n’était pas le genre à nous répéter des je t’aime. Il daignait juste lâcher que nous ne l’avions pas déçu, quand on le pressait d’avouer qu’il était fier de nous. Cela m’a appris à avoir les pieds sur terre, à prendre mes responsabilités, à devenir indépendante, spirituellement et financièrement.» Et Philippa de Roten d’ajouter: «Je viens d’un milieu privilégié, mais je n’étais pas gâtée. J’avais les skis de mes cousins. A 20 ans, je me suis payé moi-même les miens.»

A la maison, il y avait des règles. «Eteindre la lumière, ne pas couper la parole, rentrer à l’heure, avoir de bonnes notes, s’exprimer correctement à table – qu’il était interdit de quitter avant les parents.» Mais, chez les de Roten, on discutait beaucoup autour des repas. Politique, philosophie, cinéma. «Mon père me contredisait constamment et me poussait à en faire autant. C’était la bagarre pour imposer mon point de vue. Des trois filles, j’étais la plus grande gueule. Jamais il n’admettait que j’avais raison. Il continue d’ailleurs… mais toujours avec humour.»

A l’inverse, Marie-Hélène, la mère de Philippa, défendait sa progéniture et contrebalançait la rigueur du chef de famille par sa douceur, son côté démonstratif et chaleureux, ses marques d’affection. «J’avais avec elle un rapport totalement différent. Elle est issue d’une fratrie de onze où elle occupait la quatrième position. Infirmière, elle a arrêté son travail quand elle m’a eue et l’a repris à mon adolescence. J’ai grandi dans un cadre traditionnel et assez conservateur. Tout le contraire, et le contraste était grand à mes yeux, de notre cousine Carole Roussopoulos, féministe et gauchiste. Ma mère ne nous en a pas moins incitées à résister, à faire des études, à trouver un métier.»

Une différence affirmée

Valaisanne de cœur autant que de souche, Philippa de Roten cultive le sens de la raclette et l’amour de l’abricot. Propriétaire, avec son mari Stefan, d’un petit chalet aux Mayens-de-Sion, mère de deux grands garçons de 21 et 16 ans, Matthieu et Auguste, elle revendique une forte hérédité parentale. Tout en affirmant sa différence.

De sa propre mère, elle tient une émotivité qui la surprend parfois, une générosité, une ouverture aux autres. Mais elle ressemble davantage à son père. «Déjà physiquement. Et puis je suis têtue comme lui, je veux avoir le dernier mot. Il m’a également légué son esprit de contradiction, sa rationalité, son sens du débat et de l’humour, son ironie. Il pouvait être cruel et il m’arrive, je l’admets, de me montrer vexante.»

En dépit de cette jeunesse plus ou moins corsetée, Philippa ne s’est pas rebellée. «J’étais assez sage et obéissante. Il faut dire qu’à 14 ans j’avais une passion: la danse. Classique, jazz et claquettes. Cela me prenait énormément de temps, j’y consacrais tous mes loisirs – ce qui ne m’empêchait pas de faire des bêtises dans les bistrots de Sion. J’ai gardé une vieille paire de pointes en souvenir…» La jeune fille voulait d’ailleurs devenir danseuse. Ou comédienne. «On ne m’en a pas empêchée. Mais j’ai vite réalisé que je n’étais pas faite pour ça: en ratant des examens à Bruxelles. Etre artiste doit relever de quelque chose de vital et, pour moi, ça ne l’était pas. Alors j’ai diamétralement changé d’orientation et choisi Sciences-po. J’adorais le droit, l’histoire, la sociologie, la politique. Je suis devenue journaliste et j’ai travaillé au «Courrier», au «Journal de Genève», au «Nouveau Quotidien», au «Temps». Puis vingt ans à la télévision, où j’ai notamment présenté le «TJ midi» pendant six ans, puis à la radio».


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Aujourd’hui, Philippa de Roten règne sur le Département Société-Culture à la RTS, gère 430 personnes et siège au conseil de direction. «Avec mes équipes, je veux ouvrir de larges discussions sur ce service qui a de gros défis – tant technologiques que de contenus – à relever. Il y va de notre identité.»

Questions d’enfance

Une odeur d’enfance Celle du foin. J’ai passé tous mes étés dans le Haut-Valais, à Breitmatten dans la vallée de Tourtemagne.

Un jouet fétiche C’était plutôt une patte en coton blanc. Je l’appelais le moumou.

Un premier amour A 13-14 ans, Je fantasmais sur Baryshnikov, le célèbre danseur. Il avait un talent fou et je le trouvais extrêmement beau.

Un légume détesté Les choux de Bruxelles.

Une héroïne qui la faisait rêver Scarlett O’Hara. Elle était tellement indépendante à mes yeux.

Un vêtement dont elle était fière Un immense t-shirt que je nouais sur le côté. C’était hypermoche. Mais, à 12 ans, je l’adorais.

Un dessert enchanteur Les profiteroles au chocolat et une variation en chemise sur la tête au choco, avec petit-beurre et crème fouettée.

Une phrase qu’on lui répétait et qui l’agaçait C’était plutôt moi qui cassais les pieds à tout le monde avec mes sempiternels: «Je sais pas quoi faire; mais qu’est-ce que je peux faire?»

Fan d’une célébrité Freddie Mercury, le chanteur de Queen. Après avoir grandi au son de la musique classique, c’était un vrai choc.

Bébé de un an avec son grand-père Hildebrand, à Sion.
Sa fausse belle-grand-mère Isabelle, qui a énormément compté dans sa vie.
Les trois sœurs au sommet du Pigne- d’Arolla: Philippa,à la droite d’Inès et de Christiane.
A 17 ans, passionnée de danse, dans le studio de sa prof à Sion.


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