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Paula Patton: tu seras une battante, ma fille
Un papa noir, une maman blanche: la jeunesse de Paula Patton ressemble à celle de millions d’enfants d’origine multiraciale. Mais ce qu’elle doit à ses parents, c’est une force de caractère peu commune pour faire face aux épreuves. «Je trouve à l’expression «multiraciale» une connotation raciste, justement, commente-t-elle d’emblée. On n’a jamais dit que Barack Obama était le premier président multiracial d’Amérique. Non: pour tous, il est le premier Noir à la Maison-Blanche. Moi, je me considère comme Noire car c’est ma couleur de peau et j’en suis fière. Se dire multiethnique, c’est vouloir se séparer des Noirs pour se classer autrement. Moi je revendique mes origines. Quand j’étais jeune, les Noirs me trouvaient trop claire pour être l’une des leurs et les Blancs sûrement trop foncée pour m’intégrer dans leur groupe. Je me suis toujours battue pour m’imposer et être acceptée comme je suis.»
Entre Joyce, sa mère institutrice, et Charles, son père avocat, l’enfance de Paula était à la fois stricte et libérale. «Notre maison se trouvait juste en face des Studios Fox, à Los Angeles, alors bien sûr j’ai rêvé très jeune d’y entrer, de m’y tenir devant des caméras. Mais mes parents avaient d’autres ambitions pour moi. Ils me poussaient à étudier, à prouver mon intelligence. Mes résultats scolaires n’étaient jamais assez bons pour eux. Cela m’a motivée à me battre, forcément.»
L’humour contre-attaque
Durant ses années de collège, Paula est ainsi élue présidente du Syndicat des étudiants noirs de Los Angeles. Le poste lui tient si fort à cœur qu’elle refuse d’emmener son amoureux au bal de fin d’année scolaire... parce qu’il est Blanc!
C’est dans une discothèque pour adolescents sur Sunset Boulevard qu’à 14 ans elle a rencontré Robin Thicke. Leur amour a duré vingt ans, dont huit de mariage et la naissance d’un garçon en 2010, jusqu’à leur séparation en 2014. De parents divorcés eux-mêmes, Paula refuse de parler de sa séparation avec Robin. Le chanteur, lui, fait peu de mystère à ce sujet: «Paula a connu le succès alors que j’étais encore un artiste inconnu. Nous avons essayé le yoga tous les deux, la religion et la prière, mais j’avais du mal à accepter la situation. Alors j’ai commencé à boire», a-t-il confié au micro d’Howard Stern, l’autoproclamé «roi de tous les médias».
Face à toute forme d’attaque, surtout raciste, la meilleure défense de Paula a toujours été l’humour. A propos de Julian, son fils de 6 ans, blond aux yeux bleus, elle évoque une anecdote dont elle rigole encore. «Quand il était bébé et que je le promenais en poussette, parfois des inconnus s’arrêtaient dans la rue pour l’admirer. Ils me demandaient si j’étais la nounou. Une métisse black qui promène un bébé blond à Beverly Hills: il leur semblait évident que j’étais l’employée de maison d’un couple de millionnaires blancs. Et, bien souvent, je ne cherchais même pas à rétablir la vérité», précise-t-elle dans un éclat de rire.
«A l’inverse, parmi mes connaissances, vous n’imaginez pas le nombre de gens qui pensaient que j’avais adopté un bébé russe!» Paula Patton ne désespère d’ailleurs pas de voir son fils «prendre des couleurs», comme elle dit. «Il est assez courant qu’un bébé métis se mette à bronzer avec les années. Les cheveux frisent, puis s’assombrissent. Je suis certaine que Julian me ressemblera beaucoup plus à l’adolescence. En même temps, ses deux grand-mères sont blondes, alors...»
Verte, blanche ou noire...
Partie vivre à Charlotte, en Caroline du Nord où elle poursuit sa carrière d’institutrice, grand-maman Joyce (Patton) fait souvent le déplacement à Hollywood pour voir ses fille et petit-fils. «Je crois que mes parents ont toujours su que j’étais attirée par le show-biz. Mais ils ont tout fait pour me mettre en tête que les études étaient primordiales. Au point qu’il m’a fallu longtemps avant de m’avouer ma fascination pour la comédie. Je jouais dans des pièces de théâtre à l’école, mais c’était plus une expérience scolaire qu’un but en soi. Je voulais trouver à Hollywood un job valorisant, pour que mes parents soient fiers de moi. En terminant mes études à l’USC, l’université californienne sur les métiers de l’audiovisuel, j’ai accepté un poste de productrice de documentaires pour la très sérieuse PBS (l’équivalent d'Arte, ndlr). Puis j’ai repris quelques cours d’art dramatique, les profs m’ont poussée à tenter ma chance en passant quelques auditions... Et je suis devenue accro.»
Paula Patton a presque 30 ans lorsqu’elle fait ses premiers essais. Aussitôt engagée pour la comédie «Hitch», avec Will Smith, elle n’a plus cessé de tourner depuis: de «Precious» à «Mission impossible: protocole fantôme», aux côtés de Tom Cruise.
Actuellement, elle est la star féminine de «Warcraft», adaptation sur grand écran du plus grand jeu vidéo de tous les temps (en salle depuis mercredi 25 mai 2016, ndlr). «Dans cette épopée mythique de science-fiction, je suis Garona, une métisse à la peau verte. Mi-humaine mi-Orc, elle est issue de deux races différentes, vient d’une autre planète, et doit se battre pour l’amour d’un Humain et la reconnaissance de sa tribu d’Orcs. Un rôle sur mesure: cette difficulté à être acceptée à cause d’un mélange de sang, de couleur de peau, c’est une partie de ma vie qui me suivra toujours.»
Un rôle qui lui permet aussi d’initier son fils à la «richesse de la différence». «Julian adorait être sur le tournage, raconte-t-elle, en effet. Il voulait les mêmes oreilles pointues que moi et m’a surnommée Mama Orc pendant des mois. Verte, Blanche ou Noire, je reste maman pour lui... Et j’espère de tout cœur que sa génération ne fera plus aucune séparation entre les peuples.»
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Questions d’enfance
Une odeur d’enfance Celle du whisky. Mon père s’en servait un verre, le soir, pour se détendre à la fin de sa journée de travail. Chaque fois que je sens cet arôme, je pense à lui.
Mon jouet préféré J’avais plusieurs poupées dont je ne pouvais pas me séparer, mais sans favorite. Si bien que je me promenais souvent avec deux ou trois d’entre elles dans les bras.
Mon légume détesté Les choux de Bruxelles, que j’ai encore du mal à avaler aujourd’hui.
Mon premier amour Il s’appelait Michael Ceccario. J’avais 13 ans et j’en étais amoureuse. Avec le recul, je ne suis pas certaine que c’était de l’amour, bien sûr. Mais c’est le premier garçon qui m’a embrassée.
Mon dessert enchanteur La tarte à la cerise.
Mes premières vacances Hawaï est mon premier souvenir de vacances en famille. La plage, les vagues… c’était l’image parfaite du paradis.
Une phrase qu’on me répétait sans cesse «Ne nous déçois pas», me disaient constamment mes parents. Je détestais cette phrase: elle me mettait une pression énorme, à l’école comme au dehors.
©FilmMagic/ Getty; Getty Images for Hyundai
Des yeux qui pétillent, un grand sourire, l’écolière s’est muée en beauté engagée.
Aux côtés du chanteur Robin Thicke, en janvier 2014, trois mois avant leur divorce.
Mi-Orc mi-Humaine, elle est la Garona de «Warcraft», en salle actuellement. «Une métisse du futur, du sur-mesure pour moi!»
Paula Patton est présidente du Syndicat des étudiants noirs de Los Angeles.