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#FemmeFemina: Charlotte Gainsbourg, une femme resplendissante
Avec ses grands yeux noisette, qu’on dirait perpétuellement étonnés, ses cheveux savamment décoiffés et sa voix de petite fille, Charlotte Gainsbourg a des airs de gamine fragile et délicate qu’on adorerait protéger. Mais ne vous fiez pas à ses apparences d’éternelle ado: depuis ses premières et si touchantes apparitions publiques, en 1985-1986, la coquine et bouleversante «Effrontée» a bien grandi. Pour s’en convaincre, il suffisait de la voir, le mercredi 17 mai 2017, lors de l’ouverture du 70e Festival de Cannes, où elle présentait «Les fantômes d’Ismaël», le nouveau film d’Arnaud Desplechin. Malgré ses fêlures, sa vulnérabilité et son spleen pleinement assumés, la fille de Jane Birkin et de Serge Gainsbourg est aujourd’hui une femme forte, une «mater familias» resplendissante, magnétique et déterminée, qui mène crânement sa barque, guidée par son instinct et ses coups de cœur durables.
Car oui, comme elle le dit avec ce naturel qui lui vient notamment de sa mère, la comédienne et chanteuse aime «les choses qui se passent spontanément». Et fonctionne essentiellement aux élans et aux impulsions. C’est ainsi qu’elle explique sa collaboration avec les cosmétiques Nars, pour lesquels elle a conçu une ligne de maquillage: «François Nars et moi, nous nous sommes vus pour la première fois à l’occasion d’une séance de photos. On a accroché instinctivement et très rapidement. Alors, quand il m’a rappelée pour me proposer cette aventure…» Amusée, la rayonnante quadragénaire ajoute: «Ma vie est décidément faite de rencontres et d’heureux hasards.»
Merci papa, merci maman
Songeuse, Charlotte G. se remémore alors de belles coïncidences, évoque quelques-unes des personnes que le destin a malicieusement placées sur sa route, qui l’ont guidée et grâce auxquelles elle a pu se développer et s’épanouir.
Sans surprise, cette enfant de la balle cite d’abord ses parents, à qui elle doit tant, dont le virus du cinéma, transmis par sa mère. Ou celui de la musique, inoculé par son père, qui se concrétise actuellement avec la préparation d’un nouvel album, qui sortira cet automne («ou cet hiver, je ne suis pas encore sûre!»).Bien sûr, tout n’a pas toujours été simple pour la petite Charlotte. Les excès surmédiatisés de Serge Gainsbourg, ajoutés à l’intérêt que suscitait son statut de graine de star, de «fille de…», n’ont pas facilité l’épanouissement social de cette gamine qui souffrait d’une timidité maladive. Pour le coup, elle s’est forgé «une carapace» et a «fermé des portes» afin de se protéger du regard des gens. «Aujourd’hui, c’est fini, je ne suis plus comme cela, assure-t-elle. Réservée, oui, timide, non!» Reprenant le fil de sa vie, la comédienne parle maintenant joliment de sa belle-mère Bambou, qui l’a «énormément influencée» dans les années 1980. Puis raconte ses grands-mères, de qui elle semble être une synthèse parfaite: des femmes libres et «de caractère», comme on dit pudiquement. D’un côté Judy Campbell, «actrice de théâtre anglaise, érudite, sublimement belle et hypersophistiquée», de l’autre Olga Ginzburg, «une costaude à l’accent russe, qui portait sa famille à bout de bras.»
Un avant et un après «L’effrontée»
Et le cinéma, dans tout cela? Encore une fois, tout serait parti d’un «coup de chance», note la jeune femme. Un «heureux hasard» nommé Claude Miller qui, en lui offrant, en 1985, le rôle de Charlotte dans «L’effrontée», a changé le cours de son destin. En plus de lui ouvrir les portes du cinéma, le réalisateur lui a permis de comprendre ce qui la rendait heureuse: tourner, se perdre dans des rôles. «Des souvenirs merveilleux sont liés à ce tournage…», murmure-t-elle, avant de reprendre: «Petite, j’avais un faible pour les films dans lesquels des enfants acteurs tenaient les rôles principaux: je m’identifiais aux jeunes héros de «Jeux interdits», de «Tiger Bay» ou de «Los Olvidados»… Au fond, je ne voulais pas me l’avouer, mais j’avais probablement envie de jouer depuis longtemps et cette expérience m’a ouvert les yeux!»
Attendrie, celle qui fut une inoubliable «Petite voleuse» repense à ses premiers films, à la manière «instinctive» qu’elle avait de se prêter au jeu. Elle revoit les tournages s’enchaîner, comme autant de moments de bonheur. Et se souvient – merci la vie! – de sa rencontre avec Yvan Attal, en 1991, peu de temps après la mort de son père, dont elle redoutait ne «jamais» pouvoir se remettre. Un moment déterminant, non seulement sur le plan privé – ils sont toujours en couple et ont ensemble trois enfants de 19, 15 et 6 ans – mais également dans sa carrière.
Profitant du fait que sa femme est une actrice, Attal la dirige ainsi dans des petits bijoux de films hyperpopulaires comme «Ils sont partout», sorti en 2016. Et il lui permet de s’épanouir: «Yvan m’a montré une autre manière d’envisager le métier. Jusque-là, c’était très accidentel et uniquement spontané, je ne savais pas ce que travailler un rôle voulait dire, s’enflamme-t-elle, amoureuse. En le voyant bosser et en parlant avec lui, je me suis petit à petit imprégnée de sa vision des choses.» Une vision qui lui permet de maîtriser à la perfection la science des rêves.
Ce qui la dope New York, où je vis depuis plus de deux ans maintenant. Pouvoir s’y balader en restant anonyme me permet de respirer et de regarder plus librement autour de moi.
Son don inattendu La cuisine. Quand j’ai rencontré Yvan (Attal), je ne savais pas faire cuire un œuf.
Sur sa shamelist Je lis moins que ce que je voudrais, et que ce que je devrais. Du coup, je trouve qu’il me manque une grande culture littéraire.
Son dernier fou rire Franchement, je ne m’en souviens pas. Mais c’était sûrement avec mes enfants: rigoler avec eux, c’est le plus grand plaisir de ma vie.
Son buzz «François Nars!» fondateur de la maison Nars Cosmetics, s’exclame joyeusement l’actrice, qui vient d’élaborer avec lui une ligne de maquillages à son image: nature, délicate et chic.
©Atsushi Tomura/Getty Images
Sa news Femme Je trouve que Meryl Streep (qui va tourner dans le prochain Spielberg, ndlr) a des discours et des attitudes remarquables. Elle a l’humour, le sérieux, la colère. Pour moi, elle est exemplaire, j’ai une grande admiration pour elle.
©Jon Kopaloff/Gettyimages
Son actu Elle est à l’affiche des «Fantômes d’Ismaël», d’Arnaud Desplechin. Cet automne, on la retrouvera dans «The Snowman», avec Michael Fassbender et, cet hiver, dans «Les promesses de l’aube», d’Eric Barbier.