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#FeminaOpinion: Je suis Millenial, et j’en ai marre (d’être catégorisée)!
Il était une fois, la génération la plus stéréotypée de tous les temps: celle des Millenials, ces êtres nés entre 1980 et 2000, voués à mener une existence «connectée» au péril de leurs carrières… et de leur réputation. Depuis la naissance du terme, celui-ci n’a cessé d’être associé à pléthore de comportements disgracieux, égoïstes ou superficiels («Les Millenials font moins l’amour que leurs parents, passent une journée par semaine sur leur téléphone, ne veulent plus se mettre en couple»…). Plus récemment, l’entreprise HTC demandait aux chercheurs de l’Université de Goldsmiths de répondre à une question fort délicate: quelles sont les plus grandes sources d’angoisse des jeunes d’aujourd’hui, comparés à ceux des années 1970?
En comparaison, la jeunesse de 1970 souhaitait simplement parvenir à payer ses factures, s’épanouir dans une belle relation amoureuse et économiser suffisamment d’argent pour acheter un bien immobilier. Entre ces deux époques s’est creusé un fossé gargantuesque: enfin, c’est du moins ce que tente de nous faire croire l’étude.
Trop, c’est trop!
En tant que Millenial (bien malgré moi), je me sens obligée de répondre. Parce qu’à force de nous stéréotyper à coups de statistiques, les plus jeunes finiront par croire qu’il est «cool» de limiter ses centres d’intérêt à un compte Netflix - qui charge vite, s’il-vous-plaît!
Avant tout, je me demande bien à quelles occupations vaquent les 2000 spécimens interrogés par les chercheurs de Goldsmiths: s’ils ont le temps de passer la journée à la maison pour attendre cette fameuse livraison, leur emploi du temps ne doit pas être bien chargé… Ah, mais j’oubliais: les Millenials sont flemmards (ou freelance/blogueurs/héritiers)!
D’ailleurs, s’ils font l’objet d’un tel nombre d’«études», c’est tout simplement parce qu’ils représentent une clientèle follement précieuse («Oh, j’adore ma nouvelle machine à café, je vais tout de suite la montrer à tous mes followers sur Instagram!»). Ah oui, mais c’est vrai: les Millenials sont aussi acheteurs compulsifs! Vous n’en avez pas un peu marre, de ces clichés?
Pas tous pareils
En 6ème position dans la liste de leurs inquiétudes figure la crainte de devoir rester debout dans le bus. (Parce qu'en 1970, absolument tous les jeunes se levaient pour laisser leur place aux seniors et futures mamans?) Bon, j’ai tout de même l’impression que beaucoup préfèrent s’immerger dans les arcanes de leur univers virtuel, plutôt que de lever le nez (et surtout les fesses), lors d’un trajet de métro. Mais classer cela au 6ème rang semble absurde.
Non seulement, je me lève toujours lorsqu’une personne âgée fait son entrée dans le bus, d’un pas chevrotant – mais l’idée de rester sur mes jambes pendant quinze minutes ne m’inflige pas une once d’inquiétude! Au contraire: j’ai passé la journée assise devant un satané (oui, satané!) écran d’ordinateur.
Et lorsque je rencontre mes copines autour d’un verre, elles ne m’expliquent pas, au bord de la frénésie, que leur épisode de «This is us» a mis quinze minutes à charger. Plutôt que de nous plaindre d’insignifiants aléas technologiques, nous évoquons toujours les mêmes sujets: le boulot, le couple, les loisirs et la famille. Et pourtant, nous ne sommes pas en 1970, n’est-ce pas? (Sinon, mes cheveux manquent dramatiquement de volume!)
Si, si, les Millenials sont romantiques
Sans doute notre génération s’inquiète-t-elle moins de garder le même poste jusqu’à la retraite; mais comment voulez-vous que nous nourrissions de tels espoirs, avec l’incertitude du monde professionnel que nous découvrons?! Peut-être les jeunes adultes passent-ils plus de temps à chercher la personne idéale avant d’oser s’engager; et n’est-ce pas tout naturel, lorsqu’on nous rabâche sans cesse que le nombre de divorces augmente et que les applications de rencontre nous noient dans les possibilités?!
En aucun cas la jeunesse d’aujourd’hui n’est devenue totalement insensible et superficielle. Voici le scoop de l’année: de nombreux Millenials tombent amoureux, se marient et cherchent le bonheur, comme le faisaient leurs parents avant eux. Ils sont dotés des mêmes gênes, ont les mêmes rêves et leur cœur n’est pas devenu plus petit sous l’effet des ondes électromagnétiques.
Les égoïstes, «calimeros» et autres ingrats ont toujours existé, même en 1970: la seule différence est qu’aujourd’hui, ces êtres ont tout le loisir de s’exprimer et de faire étalage de leurs douteuses philosophies sur les réseaux sociaux. Un compte Instagram, un smartphone ou une connexion wi-fi ne sont pas incompatibles avec les qualités humaines les plus basiques: peut-être qu’ils exacerbent et révèlent simplement les défauts de certains.
Pour conclure…
En tant que spécimen qui fréquente de nombreux autres exemples de cette génération, je suis lasse des stéréotypes dont nous faisons l’objet: beaucoup de Millenials lisent des livres (en papier!), se cultivent, dorment, vivent des coups de foudre (qui durent!) et lèvent les yeux pour regarder autour d’eux.
Le comportement de ceux qui s’inquiètent de la «molesse» de leurs avocats, et qui ont le temps de répondre à ces sondages culpabilisants, ne devrait pas déteindre sur l’image des êtres humains normaux qui partagent, malheureusement, le même intitulé générationnel.
En vérité, les Millenials, comme vous, cherchent le bonheur; ils passent juste un peu plus de temps sur Instagram, pendant leur quête.
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