culture
Sorties littéraires: 8 bouquins à dévorer cet hiver
Saga addictive
Avis aux accros aux péripéties napolitaines de Lila et Elena. Les deux amies reviennent dans le quatrième et dernier volume de la saga romanesque d’Elena Ferrante, «L’Amie prodigieuse», qui vient juste de paraître. Un tome sous forme d’adieux aux héroïnes dont on suit l’amitié intense qui se tisse des années 1950 à nos jours. Pour ne pas gâcher le plaisir des addicts à la saga, on ne dévoilera pas la trame de l’ultime roman. Mais une fois le livre refermé, on peut toujours se consoler en se disant que l’adaptation au cinéma ne devrait pas tarder.
«L’enfant perdue. L’amie prodigieuse IV», Elena Ferrante, Ed. Gallimard
Transmission familiale
Face à son écran de télévision, Magda apprend que sa fille est inculpée pour terrorisme. Un cataclysme qui pousse la sexagénaire à revisiter son passé, à se poser des questions sur l’éducation qu’elle a bien pu donner à sa fille pour que cette dernière en arrive là. Dans ce roman, «Magda», Mazarine Pingeot interroge les liens familiaux, la transmission mère-fille et la culpabilité, mais pas seulement. Elle y parle aussi du sens de l’engagement politique, actif ou passif. Un livre que l’auteur a dédié à ses deux filles.
«Magda», Mazarine Pingeot, Ed. Julliard
Nos trucs et astuces pour faire lire les enfants
Suspense psychologique
Pour son premier roman, l’Anglaise Laura Marshall frappe fort. Et en phase avec notre rapport schizophrénique avec les réseaux sociaux. Et le harcèlement qui peut aller avec. La scène d’ouverture nous met directement dans le bain: face à son ordinateur, Louise reçoit une demande de Maria Weston pour devenir son amie. Sauf que ladite Marie est morte depuis vingt-cinq ans… Glaçant. Surtout quand les sombres histoires du passé rattrapent une Louise qui n’a pas (du tout) la conscience tranquille.
«Une proie si facile», Laura Marshall, Ed. Fleuve
Loyautés ambiguës
Sous la plume de Delphine De Vigan, la loyauté se conjugue au pluriel. «Les loyautés», ce sont ces attaches invisibles et parfois ambigües qui nous empêchent d’avancer. Ces fidélités ou ces entraves qui nous empêchent d’être entiers, nous poussent à être silencieux. Au coeur de son roman, l’adolescence et ses méandres. Avec quatre protagonistes: deux jeunes garçons de douze ans, la mère de l’un d’entre eux et une enseignante. Et un drame adolescent qui se tisse sans éclater au grand jour.
«Les loyautés», Delphine De Vigan, Ed. JC Lattès
Egotrip frenchie
»A partir de maintenant, plus personne ne meurt.» C’est la promesse faite un jour par Frédéric Beigbeder à sa fille de huit ans qui lui demandait si on allait tous mourir. De là, l’auteur qui affectionne particulièrement les circonvolutions égocentriques se lance dans une véritable quête d’immortalité. Au fil des pages de son dernier roman, l’auteur multiplie ainsi les entretiens avec des scientifiques dont les recherches vont du séquençage de notre génome à la transfusion de sang au transfert de cerveau sur disque dur. Une quête d’éternité autour du monde dans laquelle Beigbeder finit quand même par tourner autour de son nombril…
«Une vie sans fin», Frédéric Beigbeder, Ed. Grasset
«L'idéal», le nouveau film égocentrique de Frédéric Beigbeder
Frissons islandais
Yrsa Sigurdadottir n’est pas une inconnue en terres islandaises. A l’instar d’une Camilla Läckberg en Suède, elle est même l’une des reines du polar. En quatre-cents pages, «ADN», son thriller glaçant, invite le lecteur à dénouer un crime sordide, cruel, machiavélique. Celui d’une mère de famille visiblement punie par son meurtrier, sous les yeux de sa fille de sept ans planquée dans la chambre au moment du drame. Ou comment élucider l’affaire avec pour seul témoin une fillette traumatisée et mutique et des indices énigmatiques essaimés par le tueur.
«ADN», Yrsa Sigurdadottir, Actes Sud, Actes Noirs
La faiseuse d'anges, Camilla Läckberg
Inventaires imparfaits
La liste des arguments pour ou contre la vie de couple. Celle des déclarations d’amour aux acteurs qu’elle a aimé. Lisa Balavoine ne cache rien de ses soubresauts intimes sans pour autant tomber dans le grand déballage des sentiments. Un premier roman, «Eparse», sous forme d’introspection pour cette quadragénaire divorcée, mère de trois enfants, qui revendique son imperfection. Eparse, décousu, mais concernant car forcément, la lectrice s’y reconnaîtra par fragments dans ces petits riens du quotidien.
«Eparse», Lisa Balavoine, Ed. JC Lattès
Roman posthume
Jean d’Ormesson est décédé le 5 décembre 2017, mais son dernier livre est sorti le 11 janvier 2018. Le célèbre et médiatique académicien n’y parle pas de lui, mais se fait le véritable scribe de l’humanité, de l’histoire avec un grand H. En seulement 284 pages, il se livre à une sorte d'inventaire qui va de la Préhistoire à tout ce qui se fait de célébrités historiques, de Lucrèce Borgia à Théodora, l’impératrice de Byzance en passant par Proust et Émile Zola. L’érudit nous étourdit de toute l’étendue de son savoir. Un livre qu’on aurait aimé le voir nous présenter.
«Et moi, je vis toujours», Jean d’Ormesson, Ed. Gallimard