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Livre et documentaire

Pamela Anderson: la revanche d’une blonde

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Dans Pamela, a love story, le documentaire diffusé le 31 janvier 2023 sur Netflix, l'actrice de 55 ans revient sur les grands moments de sa vie avec un mélange de mélancolie et de sérénité.

© NETFLIX

C’est la marque des véritables icônes: la seule prononciation de leur prénom suffit à les identifier. Marilyn. Claudia. Sharon. Et aussi… Pamela. Pour Pamela Anderson, vous l’aurez deviné.

Le temps a manifestement donné tort au styliste Paco Rabanne qui, il y a une vingtaine d’années sur un plateau télé, refusait qu’on mette sur un même piédestal Marilyn Monroe et certaines stars féminines des années 90, arguant qu’«on ne compare pas une reine avec une cuisinière». Désolé, Paco. Non seulement l’apocalypse de l’an 2000 que tu avais prophétisée n’a pas eu lieu, mais les «cuisinières» dont tu parles ont rejoint la légende. Preuve que les blondes platine, d’abord cantonnées au rôle de machines à fantasmes, finissent toujours par avoir leur revanche sur ces mâles alpha qui croient diriger le monde.

Pamela Anderson a en tout cas la sienne: depuis plusieurs années, l’ex-sex symbol des nineties est un peu devenue l’intello de service. Elle publie des bouquins, milite, se politise. Elle vient de dégainer l’artillerie lourde pour tirer dans le tas de tous ces mâles qui ont cru pouvoir commander sa carrière et sa vie intime. Le 31 janvier 2023, en effet, l’Américano-Canadienne de 55 ans sortait à la fois une autobiographie sans tabou (Love, Pamela, Éd. Dey Street Books, dont la version française sortira en avril), et un documentaire coup de poing (Pamela, a love story, sur Netflix) afin «de prendre le contrôle de la narration du récit pour la première fois».

Un soleil californien au zénith

Car Pamela, comme toutes les vraies icônes, a longtemps été une femme écrite par et pour les autres, captive corps et âme de l’imaginaire et des désirs d’autrui. Une sorte de rapt médiatique, quasi au sens littéral, qui survient à la fin des années 80, quand cette coach de fitness canadienne assiste à un match de football à Vancouver. La jolie fille de la campagne, à peine vingtenaire, voit soudain son visage apparaître en mode XXL sur l’écran géant du stade et de toutes les chaînes de télés retransmettant la rencontre, repéré au milieu de la foule par le caméraman chargé de divertir les spectateurs.

Le buzz prend des proportions homériques. Ce cadre qu’on a tracé d’office autour d’elle ne la quittera plus. Vite convoitée par les magazines coquins en quête de la nouvelle playmate qu’on s’arrachera dans les kiosques à journaux, elle pose pour Playboy en 1989, début d’une longue et fructueuse collaboration avec la publication de Hugh Hefner: elle deviendra la fille la plus photographiée de l’histoire du magazine. Pour elle, cette expérience est une révélation.

«Faire cette première séance photos m’a donné ce petit aperçu sur ce que c’était que d’être une femme sensuelle, expliquait-elle au Sunday Times après le décès du controversé magnat. Ma sexualité était la mienne. J’ai repris possession de mon pouvoir.»

Avant d’ajouter qu’il fut le seul homme croisé lors de son parcours professionnel qui l’avait vraiment respectée. «Il a donné du pouvoir à tant de femmes et a brisé des murs.» Mais c’est surtout son rôle dans Baywatch (Alerte à Malibu, en version française) qui contribue à la starifier, la préparant à devenir la blonde la plus célèbre de la planète.

Dans cette série devenue culte lancée en 1992, elle est C.J., Casey Jean Parker – on ne peut d’ailleurs s’empêcher d’y entendre une certaine proximité phonétique avec Norma Jean Baker, le vrai nom de Marilyn. Un parallèle sans doute assumé qui donne le programme: Pamela, blondeur plus aveuglante qu’un soleil californien au zénith, courbes de pin-up fusant sous un maillot une pièce, est la digne héritière du mythe Monroe à la plage. Une Marilyn qui sauve des vies à tout va, penchant photogéniquement sa poitrine double D sur les victimes à réanimer.

Une Mad Max un peu badass

L’hypersexualisation de l’image de la jeune Canadienne ne fait pourtant que commencer et connaîtra son paroxysme au milieu des années 90, au point de finir par lui échapper. Avec le sulfureux film Barb Wire de 1996, d’abord. Elle y incarne une mercenaire et bikeuse du futur en bustier de cuir noir, personnage né des BD Comics et aux allures de Lara Croft gothique. Son implication pour ce rôle de femme indépendante et badass est tel qu’elle va jusqu’à se faire tatouer un fil barbelé sur le bras gauche au lieu d’apposer un simple maquillage sur la peau. «Je l’aime. Je pense que c’est très féminin», expliquait-elle en montrant son tattoo au Chronicle Live.

Malgré sa foi en l’ovni cinématographique qu’est Barb Wire, Pamela Anderson est raillée pour son jeu d’actrice et réduite à sa performance physique parfois dénudée, comme dans d’autres téléfilms gentiment érotiques qu’elle tourne à l’époque. Une situation qu’elle vit de manière encore plus violente lorsque éclate la célèbre affaire de la sextape avec son mari Tommy Lee, batteur du groupe Mötley Crüe.

En 1995, le technicien ayant installé les caméras de surveillance dans la villa de Malibu qu’a acquise le couple pénètre par effraction au domicile. Il repart avec des kilos de matériel, dont des cassettes VHS. Il y découvre 54 minutes de vidéos où Pamela et le rockeur se filment en train d’avoir des relations sexuelles. Un butin qui sera récupéré, monté et finalement diffusé sans merci par une boîte de production malgré les vaines tentatives du rockeur pour que ne soient pas rendus publics ces enregistrements privés.

Celui-ci finit par vivre avec, mais le traumatisme est réel pour Pamela, qui a toujours refusé de regarder sa sextape, cet enfant monstrueux né de leurs amours et des débuts de l’ère internet où l’image online voyage plus vite qu’un flash de paparazzi.

«Nous étions nus tout le temps et nous filmions, nous étions idiots, mais ces bandes n’étaient pas destinées à être vues par qui que ce soit d’autre, indiquait-elle récemment au CBS Sunday Morning. Je ne les ai toujours pas visionnées. C’était quelque chose qui me heurtait.»

Plus tard, une autre sextape, avec son ex Bret Michaels cette fois, fuite à son tour sur le Net. Le refus d’être mise face à ces événements n’a pas évolué avec le temps. En 2022, Disney+ lance sa série Pam & Tommy, avec Lily James pour incarner le rôle d’Anderson. Une production censée retracer la romance tumultueuse du couple – ils se connaissaient depuis à peine deux jours lorsqu’ils se sont mariés – et surtout l’épisode de la sextape cambriolée.

La star se sent trahie une seconde fois, comme elle le clame dans son documentaire: «J’ai bloqué cette vidéo volée hors de mon existence pour survivre et, maintenant qu’elle revient à nouveau, je me sens mal.» Dans Entertainment Weekly, un proche de l’actrice demeuré anonyme analysait: «Dans les années 90, le corps de Pamela a été considéré par un juge comme un bien public. Il n’y avait aucun doute que la bande-vidéo était une propriété volée, mais le tribunal a décidé que ça ne l’était pas parce que son corps appartenait au monde.»

La plus célèbre blonde de la planète, bien d’intérêt public, consommable par quiconque ouvrait un navigateur internet? Les magistrats ayant décrété une telle abomination n’imaginaient d’ailleurs pas que ce choc était comme une nouvelle agression sexuelle pour Pamela Anderson. «Je l’ai vécu comme un viol», se rappelle-t-elle dans son documentaire. L’actrice, devenue première victime de slut-shaming 2.0, avait déjà vécu le pire plusieurs fois des années auparavant, victime d’attouchements par sa baby-sitter étant enfant, violée par un voisin adulte à l’âge de 12 ans, puis par une bande de sept garçons au collège.

«Pendant ces moments traumatisants, je quittais mon corps et flottais dans mon propre monde.» C’est en partie à cause de tous ces cauchemars éveillés que Pamela a perdu confiance en l’Homme et s’est lancée dans la défense des animaux, en s'associant notamment à l'organisation PETA. «Pendant longtemps, j’ai prié les baleines, les pieds dans l’océan, racontait-elle en 2014 lors de la soirée marquant la création de la Pamela Anderson Foundation, qui milite pour la défense du droit animal. Mes seules amies jusqu’à ce que j’aie des enfants (ndlr: deux, avec Tommy Lee).»

La renaissance de Vénus

Reste que la Pamela Anderson des années 2000 puis 2010 demeure une grande amoureuse. Six mariages au total (dont l’un dure douze jours), des relations passionnées plus ou moins chaotiques, comme avec le footballeur français Adil Rami, qu’elle quitte en l’accusant de violences et d’infidélité. Leurs joutes musclées par médias interposés nourrissent la presse people. Fini le temps où la blonde se laisser dicter son destin. Résidente à Marseille, elle ne se gênait d’ailleurs pas, au passage, de clasher la politique de Macron lors du mouvement des «gilets jaunes».

Pamela est surtout plus que jamais une muse: le créateur Jacquemus la consacre, envoûtante, dans sa collection fin 2022, Julien Doré l’invite dans l’un de ses clips. Il y a un an, elle ensorcelait Broadway en incarnant Roxie Hart, dans la célèbre comédie musicale Chicago. Standing ovation à la clef. «Je sais qu’on m’encourage et qu’on me comprend un peu mieux. Je veux que les gens quittent le théâtre en sachant qui je suis», déclarait-elle alors au magazine Papermag. Dernière preuve, s’il en fallait, que Pamela est une icône, survivante, blessée, réinventée, mais une icône quand même, éternelle: elle a joué à six reprises son propre rôle au cinéma. Être Pamela Anderson, c’est d’abord le rôle de sa vie. 

Notre avis sur Pamela, a love Story

Le documentaire diffusé le 31 janvier 2023 sur Netflix dévoile une femme, une survivante, qui assume sa vie. Qui a fait la paix avec elle-même. Naturelle et détendue, l’icône de 55 ans relate son passé avec un mélange d’émotion et de sérénité, sans s'épancher. Elle ne se plaint jamais. Elle veut juste nous expliquer, afin qu’on comprenne qui se cache sous la légende qu’elle incarne. Ses amours, ses batailles et ses plus grandes blessures sont narrées avec simplicité, accompagnées de clichés et de vidéos saisissantes. Pamela n’accuse personne: elle souligne sa vulnérabilité et révèle sa propre version d’une histoire dont tant de plumes se sont emparées. Impossible de ne pas être subjugué-e par son incroyable parcours. Et, surtout, par sa force. [EDM]


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