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Une carrière de cheffe

Oulaya Amamra: «Je suis une bosseuse, et un peu obsessionnelle aussi»

Oulaya amamra portrait interview actrice divertimento

«Les histoires comme celle de Divertimento sont particulièrement inspirantes pour des jeunes femmes qui, comme moi aussi, viennent de milieux où l’on n’est pas ou peu confortées dans une passion artistique.»

© GETTY IMAGES/PASCAL LE SEGRETAIN

Enfant, Oulaya Amamra se voyait pédiatre. Aujourd’hui, elle est l’une des actrices françaises les plus demandées. Depuis Divines, de sa sœur Houda Benyamina, qui lui a valu le César du meilleur espoir féminin en 2017, elle enchaîne les collaborations. Au théâtre, sur les plateformes – Vampires, sur Netflix – et au cinéma, où elle apporte son grain de folie et sa joie de vivre à toutes sortes de réalisateurs: Philippe Garrel, Romain Gavras, Quentin Dupieux, André Téchiné. Ou encore Marie-Castille Mention-Schaar, pour qui elle incarne la cheffe d’orchestre Zahia Ziouani, dans le très beau Divertimento, sorti le 25 janvier 2023. Un rôle qui l’a particulièrement touchée, même s’il n’a pas été sans pression: «Je voulais être crédible face à des musiciens, évidemment, mais surtout, j’avais peur de trahir son essence: elle est tellement généreuse, bienveillante et perfectionniste!» Des qualificatifs qui lui vont bien à elle aussi.

«Je suis une bosseuse»

La remarque l’amuse, même si elle esquive: «Je suis une bosseuse et potentiellement un peu obsessionnelle aussi, c’est vrai!» Et de raconter que, pour pouvoir entrer dans la peau d’un personnage, elle a besoin de se l’approprier et, pour le coup, de l’étudier sous toutes les coutures pendant «des semaines»: langage, habillement, accessoires, mode de pensée… elle ne laisse rien au hasard.

«En l’occurrence, puisqu’il s’agissait de devenir Zahia, j’ai passé beaucoup de temps avec elle. Elle m’a appris le solfège, la gestuelle, comment transmettre l’énergie et la vision d’une œuvre, bref, la technique.

Et puis elle m’a permis de décoincer mon rapport à la musique classique: j’en entendais vaguement pendant mes cours de ballet (j’en ai suivi pendant 15 ans), mais en dehors, c’est comme si je ne me l’autorisais pas. Maintenant, je la vis à fond, cela me procure des émotions extraordinaires!»

Très discrète sur sa vie privée, la comédienne reprend: «Généralement, je n’aime pas parler de "message", ça fait pompeux. Mais dans ce film, il y en a vraiment un: Zahia montre que si on s’en donne les moyens, si on persévère sans rien lâcher malgré les obstacles, on peut réussir.»

Enflammée, elle continue: «Ce genre d’histoire est particulièrement inspirante pour des jeunes femmes qui, comme moi aussi, viennent de milieux où l’on n’est pas ou peu confortées dans une passion artistique. D’abord pour des questions d’accessibilité, mais aussi parce qu’on a peur d’être jugées et contrariées dans nos envies. Donc, pour moi, sans discussion, elle est un modèle!»

Apprendre et persévérer

Comme elle peut en être un également, d’ailleurs, tant la trajectoire de la cheffe peut être mise en parallèle à la sienne. La jeune femme sourit: «C’est un peu vrai…» Un peu? Tout comme Zahia, elle – une Française issue de l’immigration (ses parents sont Marocains) – a grandi dans la grande banlieue de Paris, est très liée à sa famille. Tout comme Zahia, elle a dû tenir bon, se montrer déterminée.

Car si Oulaya Amamra a eu un déclic à 12 ans, en allant voir Le malade imaginaire de Molière, il lui a fallu s’accrocher, ne jamais lâcher le cap. Et son premier César, à 19 ans, n’y a rien changé: «Je ne vais pas mentir, c’est extrêmement agréable d’obtenir une reconnaissance des gens du métier, je me suis dit que j’étais à la bonne place. Seulement… quand je suis rentrée à la maison avec ma statuette, on m’a dit: oui, c’est bien, mais ce n’est pas un oscar, non plus! Et le lundi suivant, j’ai repris le RER pour aller suivre mes cours au Conservatoire de Paris, avec mon pique-nique dans mon sac à dos! Parce que césar ou pas césar, on doit travailler, douter, se remettre en question, chercher et apprendre. Encore et toujours!»


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