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Cinéma: 5 (bonnes) raisons d’aller voir «Les belles années»

Cinema 5 bonnes raisons daller voir les belles annees

Pour l’actrice bernoise Esther Gemsch (à droite) - tout comme pour la réalisatrice zurichoise Barbara Kulcsar - le film se résume en une phrase: pour autant qu’on ait la santé et «un peu de courage», il n’est jamais trop tard pour faire sauter les verrous qui nous entravent.

© FILMSTILL 5

S’il arrive souvent que des cinéastes et des actrices ou acteurs surjouent leur plaisir et leur fierté d’avoir participé à un film pendant sa promotion, ce n’est heureusement pas toujours le cas. Ainsi l’actrice bernoise Esther Gemsch et la réalisatrice zurichoise Barbara Kulcsar, que l’on croit sans l’ombre d’un doute quand elles vous disent vouer «une tendresse particulière» à la comédie Les belles années. Et franchement, on les comprend. Voici donc 5 bonnes raisons de courir voir ce petit bijou hautement feel-good, sorti début avril 2023 dans les salles de Suisse romande, après avoir connu un immense succès outre-Sarine.

Un scénario simple, réaliste et qui fait mouche

Espiègles, lumineuses et chaleureuses, Esther Gemsch et Barbara Kulcsar, qui ne veulent rien divulgâcher, expliquent en riant que Les belles années se résume au fond en une phrase: pour autant qu’on ait la santé et «un peu de courage», il n’est jamais trop tard pour changer ce qui ne nous va pas et faire sauter les verrous qui nous entravent. Un peu court? Ajoutons donc quelques éléments…

Tout juste retraités, Alice (Esther Gemsch) et son époux Peter (Stefan Kurt) se réjouissent de cette nouvelle étape: ils en ont enfin fini des horaires de bureau, leurs économies suffisent à voir l’avenir sans (trop) s’inquiéter et si leurs enfants ne sont pas spécialement épanouis et équilibrés, ils n’en sont pas moins indépendants. Bref, à eux la liberté. Malheureusement, ils réalisent rapidement que s’ils s’aiment toujours profondément, ils ne partagent plus mais alors plus du tout les mêmes envies. Si bien qu’ils se quittent. Une séparation brutale mais salutaire puisqu’elle va non seulement leur permettre de se (re)trouver mais aussi de réinventer leur vie.

Des thématiques qui touchent toutes les générations

Qu’on ait 20, 35 ou 50 ans, les questions soulevées par Les belles années touchent tout le monde, relève le duo. Parmi ces thématiques: le sexisme, la famille, le deuil, l’amitié. Ou la vie de couple - dans toutes sortes de configurations. «Fondamentalement, ce film parle surtout d’amour - avec un grand A et sans restrictions, note Esther Gemsch.

Il raconte aussi que, parfois, c’est parce qu’on s’aime qu’il vaut mieux se séparer. On n’est plus bien ensemble, mais parce que je t’aime et que je veux que tu puisses être qui tu veux être, je te laisse partir… Et ça, c’est valable à tout âge!»

Elle ajoute: «Pour moi, cette comédie montre aussi que dans la vie à deux, pour ne pas s’éloigner insidieusement puis finir par réaliser qu’on n’a plus rien en commun, avec le risque de se séparer dans la violence, il est indispensable de se parler sincèrement de ses envies, de ses besoins, de ses ressentis. Et ça aussi, c’est valable à tout âge!»

Des modèles et discours positifs

Dans une société occidentale pourtant clairement vieillissante, les films qui offrent un premier rôle à une femme de plus de soixante ans ne sont pas légion: «Cela commence très doucement en France ou aux États-Unis, mais en Allemagne ou en Suisse cela reste difficile, soupire Barbara Kulcsar. Pour moi, Alice - ou même son amie Magalie, qui connaît la passion sur le tard, sont donc des modèles positifs!»

Par ailleurs, reprend Esther Gemsch, Les belles années montre que la retraite peut être l’occasion d’une renaissance à soi-même. Et que prendre de l’âge n’a rien d’un drame:

«Aujourd’hui, à 67 ans, vieillir m’apparaît comme une chance et un privilège, parce que cela signifie que je vis!

Soyons honnête, ce n’est pas toujours simple de faire connaissance avec son «moi» âgé. Mais tout comme Alice, je n’ai aucune envie de passer le temps qu'il me reste à me focaliser sur mes défaillances physiques, mon corps qui change, mes rides. En revanche, encore comme elle, j’ai envie d’introspection pour réussir à éviter de reproduire des schémas négatifs, j’ai envie d’apprendre, j’ai envie de changer des tas de choses dans mes comportements ou dans mes pensées stéréotypées - pour ça, mes enfants m’aident beaucoup! - et j’ai surtout envie de suivre un chemin qui me permettra de pouvoir partir tranquille et contente!»

Évidemment, ce n’est pas tout. Car il est aussi question d’acceptation de l’autre ou encore de dénonciation (souvent rigolote!) des stéréotypes et clichés - notamment genrés et générationnels.

Les Belles Années, un film de Barbara Kulscar
Comme cadeau de retraite, Alice et Peter reçoivent une croisière. Ils ne le savent pas mais la tempête menace! ©Zodiac Photos

Des messages d’espoir

Pour Barbara Kulcsar, l’un des principaux messages du film tient en quelques mots: «Il n’est jamais trop tard pour changer ce qui ne nous va pas!» Esther Gemsch abonde. Puis reprend en souriant: «J’ai reçu de nombreux messages de remerciements de personnes jeunes, des vingtenaires, souvent, qui me disaient que ce film les avait réconciliées avec l’âge, qu’elles avaient compris que la vieillesse n’est pas un monstre et que cela leur avait donné de l’espoir! Surtout, elles comprenaient que ce n’est pas parce qu’on a 60 ans qu’on est condamné à se résigner, à subir une vie avec laquelle on ne se sent plus en adéquation. Cela passe parfois par de petites adaptations, parfois par des choses plus radicales, comme une séparation.»

Maintenant sérieuse, elle explique: «On peut se dire que c’est de la fiction - mais non, cela arrive. J’en suis la preuve: à 60 ans, je me suis demandé si j’étais prête à continuer à mener la vie que je menais. La réponse fut: non, je ne veux pas, je ne peux pas finir mes jours comme ça… et j’ai donc arrêté de m’accrocher à des choses qui ne fonctionnaient plus. J’ai eu terriblement peur de vieillir seule, de n’avoir personne à mes côtés - mais je savais qu’il fallait que je le fasse. Même si ça a été dur et déstabilisant sur le moment, même si je n’ai personne avec qui partager mes petites histoires le soir, je ne regrette absolument pas mes décisions!» Barbara Kulcsar lui sourit tendrement: «C’est clair, il vaut mieux être seule que mal accompagnée.»

Une douceur et une complicité qui se ressentent

Si Les bonnes années met en lumière le respect, l’écoute, la complicité et l’amitié, ces valeurs-là sont aussi celles qui ont prévalu hors-champ, relèvent la réalisatrice et l’actrice. Laquelle insiste: «On a tourné en à peu près 30 jours, pendant le Covid - tout était tellement doux!» Barbara Kulscsar confirme, relevant qu’elle se sent très chanceuse d’avoir pu embarquer dans l’aventure: «À la base, Petra Volpe, qui a écrit le scénario, voulait réaliser elle-même ce film. Mais comme elle était prise par d’autres projets et vit à New York, ce qui rendait les choses très compliquées pour elle pendant cette crise sanitaire, eh bien elle me l’a confié. Évidemment, je voulais qu’elle soit contente du résultat, donc on a énormément discuté. Si j’imaginais un changement majeur, par exemple, je la consultais, car je ne voulais pas risquer de dénaturer ce qu’elle avait imaginé!»

Dans un sourire, Esther Gemsch intervient: «De mon côté, je ne me suis permis que quelques suggestions: j’ai eu un véritable coup de foudre pour mon personnage, dont je suis terriblement proche. Si bien que, parfois, j’avais l’impression que le scénario lui faisait faire ou dire des choses qui ne lui correspondaient pas - alors je proposais et on en parlait. Pour moi, cette possibilité de dialogue en toute confiance, c’est la meilleure manière de travailler. C’était vraiment très beau!» Cela se ressent à l’écran.

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