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Interview

John Galliano: Un documentaire explore la vie du couturier

John galliano un documentaire explore la vie du couturier

Le génie de la mode anglais John Galliano a connu les sommets chez Dior avant de s’autosaboter dans un triste épilogue sur une terrasse parisienne en 2011.

© GETTY IMAGES/DANIEL SIMON/VICTOR VIRGILE/PASCAL LE SEGRETAIN - COURTESY OF MAISON MARGIELA - ILLUSTRATION FEMINA

Dès son enfance, le couturier d’origine espagnole catholique connaît les coups. Ceux de son père à la maison et ceux de ses camarades qui le harcèlent à l’école à son arrivée en Angleterre. Son salut arrive par la mode qui reconnaît en lui un génie sans précédent. Suivront des hauts vertigineux et des bas abyssaux, dont le sordide épisode des insultes antisémites proférées en terrasse parisienne en 2011.

Dans High & Low - John Galliano (en salle le 24 avril 2024), le réalisateur écossais Kevin McDonald dresse le portrait sensible qui explore les méandres de l’âme humaine. En plus de Galliano lui-même, d’autres figures incontournables, telles que Naomi Campbell, Anna Wintour et Boris Cyrulnik reviennent sur son parcours hors norme en questionnant la notion du pardon. Rencontré lors des Rencontres du 7e art à Lausanne, le réalisateur s’est prêté au jeu de l’interview chronologique, esquissant l’une des trajectoires les plus romanesques de la mode contemporaine.

FEMINA Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous plonger dans l’histoire de John Galliano?
Kevin McDonald Même si j’apprécie les héros et héroïnes façon Hollywood, j’ai toujours eu un faible pour les personnages moralement ambigus qui tentent de surmonter leurs défauts. J’étais également très intrigué par la question du pardon dans une société moralisatrice dont la sentence mène souvent à la «cancel culture». Loin des radars de la mode qui l’avait propulsé sous les projecteurs, où avait-il trouvé la force de se reconstruire?

Que connaissiez-vous de lui?
Je ne connaissais pas bien son histoire. J’avais découvert ses vêtements dans les pages des magazines londoniens The Face et Id quand j’étais adolescent en Écosse. Je me demandais qui pouvait bien avoir envie de les porter! C’était l’époque des new romantics à Londres dans les années 80. Les clubs étaient alors les lieux où, durant la nuit, tous les courants voyaient le jour. Le mouvement s’inspirait de l’histoire pour façonner les vêtements avec extravagance. C’est le point de départ de la croisade de John dans la mode.

Le clubbing a-t-il été son école de vie?
Oui. Imaginez un jeune homme gay très timide qui grandit dans une société très homophobe qui désapprouve sa flamboyance et le fait d’être différent. Lorsqu’il est entré au Central Saint Martins de Londres pour y suivre une formation de fashion designer, il a découvert des gens comme lui, extravagants, gays, qui revendiquaient leur différence. D’un coup, le jeune homme timide est devenu un paon.

Était-il harcelé à l’école lorsqu’il était enfant?
Je dirais que les choses se sont compliquées à son arrivée en Angleterre avec sa famille lorsqu’il avait huit ans. C’était un garçon brillant, mais aussi très féminin et sensible. Il était malmené par ses camarades. Il ne s’étend pas sur le sujet dans le film, mais il m’a raconté les brimades qu’il subissait, c’était extrêmement violent.

Pendant la journée, son unique préoccupation était de savoir quel train prendre et où s’asseoir pour éviter de se faire battre.

À l’époque, le sud de Londres était une zone très agressive et la culture de la classe ouvrière était très homophobe.

Le réalisateur écossais Kevin McDonald
Le réalisateur écossais Kevin McDonald © PATHÉ FILMS


Il explique que la mode a été son échappatoire pour fuir la violence quotidienne.
C’est la raison pour laquelle ses défilés sont tous consacrés à l’évasion et racontent des histoires personnelles. Cela saute aux yeux dans la scène initiale et finale du film, en coulisses du show Margiela à l’été 2022. Les thématiques abordées sont celles de sa vie: un père violent, l’échappatoire, commettre une erreur terrible telle qu’il l’a fait en 2011 et enfin, la renaissance.

Il dit aussi avoir compris comment user de l’apparence comme d’une arme pour combattre la persécution à l’école.
Je pense que c’est lié à ses origines espagnoles. C’est un toréro!

Comme Napoléon, John Galliano est un homme de petite taille qui porte un grand chapeau et qui va adopter la démarche d’un conquérant pour envahir le monde.

C’est à travers l’image qu’il s’est façonnée qu’il a fini par être pris au sérieux. C’est certainement là que réside la clé de son obsession pour la mode.

Napoléon, justement. La narration de votre documentaire est ponctuée d’extraits du film Napoléon (1927) d’Abel Gance, qui a marqué John Galliano lorsqu’il était enfant. Qu’apporte ce jeu de miroirs?
John m’a parlé de ce film lors de la toute première interview dans le sud de la France en août 2021. Pendant la pause déjeuner, nous avions marché jusqu’à la mer. En me montrant les rochers en contrebas, il m’avait demandé si j’aimais ce type de paysage. Je n’ai pas pu m’empêcher de faire le parallèle entre la scène où Napoléon scrute l’horizon sur les rochers. Au cours de nos rencontres successives, il s’est avéré que John Galliano est littéralement obsédé par Napoléon. Il s’habille comme lui et porte des t-shirts à son effigie. En larmes quand il a vu le documentaire terminé, sa première réaction a été: «J’adore les séquences sur Napoléon». La comparaison est amusante et également très riche sur le plan visuel. Il s’agit dans les deux cas d’hommes du Sud qui arrivent dans un endroit nordique, froid et inhospitalier où ils ne sont pas acceptés. Napoléon s’exprimait apparemment dans un très mauvais français, car il avait grandi en parlant italien. Tous deux sont devenus rois de Paris avant de tomber, de s’exiler et de revenir.

Il est considéré comme un génie de la mode. Qu’est-ce qui a forgé son talent?
Trois éléments sont déterminants dans son éducation: le film Napoléon, son passage au Théâtre National de Londres, où il a compris les rouages de la création d’un spectacle. Enfin, la théâtralité de la scène new romantics à Londres. Ces trois éléments sont réunis dans sa première collection, Les Incroyables. Il écrit de véritables scénarios et les modèles sont ses personnages. Autour des vêtements, la dramaturgie se trame avec la musique, le maquillage et le décor. Il se considère davantage comme un homme de théâtre que de mode.

John Galliano est-il punk?
Le mouvement punk a assurément été une grande influence pour lui. Il a agi comme un punk dans son amour pour la destruction des conventions, pour choquer les gens, pour cette politique performative propre à la fin des années 70 et dans les années 80. Lorsqu’il est arrivé à Paris en 1990, la presse le décrivait comme tel. Le public était choqué de sa façon de s’habiller. Sur son passage, on murmurait qu’il n’avait aucun sens du style et de la tradition. Plus qu’un punk, John est un rebelle anarchique.

De lui, l’ancien directeur général de Dior Sidney Toledano disait qu’il était capable d’habiller une reine au même titre qu’un clochard. Une vision très anglaise.
Je pense que c’est l’un des grands talents de John Galliano. Comme Alexander McQueen, il est issu d’une famille ouvrière. S’il avait été d’une famille bourgeoise, il aurait certainement été plus prudent et aurait été attentif à ne pas heurter les gens. John trouve de la beauté partout, dans tout ce qu’il trouve dans la rue. Ses origines et sa classe sociale lui ont donné l’audace.

Le stress des collections, les problèmes d’argent, on sent un drame qui se trame dès son arrivée à Paris.
Ces problèmes spécifiques datent d’avant Paris. Comme l’explique dans le film son premier bailleur de fonds à Londres, John se foutait de l’argent, il n’était préoccupé que par son rêve. Dans sa condition d’artiste, il n’était jamais satisfait de ses créations et ça le rendait malheureux.

John a une personnalité addictive. Il buvait beaucoup, présentait ses défilés dans une forme d’extase avant de tomber au plus bas.

Il a probablement toujours été alcoolique mais ne s’en est rendu compte que plus tard. Son truc, c’était le vin rouge, le champagne et les médicaments sur ordonnance. À son arrivée à Paris, il a pensé que sa carrière était terminée et qu’il finirait par travailler pour quelqu’un-e d’autre.

Puis quand est arrivé le Black Show présenté dans un hôtel particulier en 1994, plus rien n’a été pareil.
J’adore cette histoire. Il était totalement fauché et ne pouvait pas acheter de tissu, ni louer une salle ou même payer ses modèles. Tout ce qu’il avait réussi à obtenir gratuitement, c’était un rouleau de tissu noir. Il en est résulté cette fameuse collection et tout à coup, les gens ont vu son génie. À partir de là, sa confiance n’a cessé de croître.

Il a été soutenu par des gens influents dans le milieu de la mode qui croyaient en lui, dont Anna Wintour. Est-ce à ce moment-là que son rêve a pris forme?
Cela coïncide avec le rachat par Bernard Arnault de marques de luxe. L’homme d’affaires avait flairé que la mode allait devenir l’industrie de l’avenir. À l’époque, la couture était réservée à une poignée de duchesses, des stars de cinéma et quelques bourgeoises parisiennes. Arnault a compris que John avait le pouvoir de porter le rêve du luxe à un public beaucoup plus vaste, avec les rouges à lèvres et les parfums. John a contribué à créer ce fantasme auquel tout le monde voulait appartenir. C’est à ce moment-là qu’il est devenu directeur artistique de Givenchy.

Un passage éclair qui le mènera chez Christian Dior, l’arc de Triomphe de la mode parisienne. Et un premier scandale, la collection Les Clochards, inspirée par Charlie Chaplin. A-t-il compris aujourd’hui ce qui a offensé certaines personnes?
Je ne crois pas. Il pensait simplement que c’était beau.

Seule l’esthétique compte pour lui, sans aucune moralité, c’est sa façon de vivre.

S’il y a une chose à retenir dans le film, c’est qu’en vivant uniquement pour la beauté, la moralité finit par frapper par en bas. On ne peut pas le réprimer.

John Galliano parle aussi dans le film de sa propre vanité, une composante existentielle chez lui.
Tout le travail effectué sur son visage commençait à soulever beaucoup de questions. Mais ce qui m’intéressait pour le film, c’est sa relation avec Steven Robinson, son fidèle ami et collaborateur de toujours mort d’une overdose de cocaïne en 2007. Leur relation me rappelle Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde. À mesure que John se raréfiait dans un royaume de beauté aux standards élevés, Steven turbinait pour que le boulot soit fait. Il devenait de plus en plus gros, laid et malsain, tandis que John travaillait compulsivement son image. Steven était comme l’ombre de John. Ils étaient très unis sans jamais être amants, même si de nombreuses personnes interrogées m’ont rapporté que Steven était amoureux de John.

Quel impact sa mort a-t-elle eu sur la vie de Galliano?
C’est le moment où les choses ont commencé à aller très mal pour lui, c’était une impasse: soit il s’arrêtait, soit un accident allait se produire, soit il mourrait. Rétrospectivement, c’est étonnant qu’il ne soit pas mort. La plupart des trajectoires comme la sienne finissent mal. Regardez Alexander McQueen, Amy Winehouse ou Whitney Houston (ndlr. Kevin McDonald avait réalisé le documentaire Whitney sur la vie de la chanteuse américaine sorti en 2018). Les talents hors du commun et les addictions ne font pas bon ménage.

Qu’est-ce qui a fait la différence pour lui?
John est résistant, il finit toujours par se relever. Il est à la fois très sensible et très dur. À ce stade, ce n’était qu’une question de temps avant que quelque chose de terrible ne survienne, un suicide ou une mort par empoisonnement à l’alcool.

Il était responsable de 32 collections par an, une pure folie. La mode était-elle devenue le monstre qu’il nourrissait?
Il ne pouvait pas survivre à ce rythme effréné, c’était infernal. On pourrait blâmer Sidney Toledano et Bernard Arnault de l’avoir pressé à ce point sans prêter attention à l’humain.

Mais personne ne pouvait l’arrêter, c’était obsessionnel, un maniaque du contrôle.

Aujourd’hui, les entreprises sont plus attentives à leurs employé-e-s, mais à l’époque ce n’était pas le cas.

Son rêve s’est-il transformé en cauchemar à ce moment-là?
Oui, il est d’ailleurs lui-même devenu cauchemardesque, les gens autour de lui le trouvaient insupportable, arrogant, difficile et méchant. Son ego était ingérable. Il est intéressant de tirer un parallèle dans sa façon de saluer le public à la fin des défilés entre ses débuts et cette période. Quinze ans après, le garçon timide qui regardait ses chaussures était toujours là, camouflé derrière son impressionnante transformation physique et les looks excentriques. On pense encore à Napoléon.

On en revient à ce réflexe de défense par l’apparence dans son enfance. C’est à ce moment que survient l’incident de la vidéo filmée à son insu dans laquelle il profère des insultes antisémites sur la terrasse du Café La Perle à Paris en 2011.
À mon sens, ce triste épilogue correspond à l’apogée de l’impossibilité de John de continuer sans Steven. Il dit lui-même que son subconscient essayait de détruire sa vie à ce moment précis. Paradoxalement, c’est sans doute la pire chose qui lui soit arrivée dans sa vie qui lui a permis d’être encore en vie aujourd’hui.

Qu’aviez-vous pensé de la vidéo lors de sa diffusion dans les médias?
J’avais ressenti un fort sentiment de répulsion et de dégoût à son égard pour ses propos. Dix ans plus tard, j’ai voulu comprendre ce qui se cachait derrière tout ça.

Lorsqu’il se remémore lui-même son déclin, on décèle un certain trouble dans ses souvenirs…
Les éléments liés à la psychologie humaine sont toujours compliqués. Sommes-nous en permanence parfaitement cohérent-e-s dans nos propos? Avons-nous toujours conscience des conséquences de nos actes? La nature humaine est contradictoire.

Dans votre film, le psychologue spécialisé dans les addictions évoque l’équivalent d’un suicide social. John Galliano se reconnaît-il dans ces vidéos
C’est horrible, mais je crois que non.

Il était devenu un étranger pour lui-même. Son intention était de blesser et se montrer sous son jour le plus abject.

Il ne connaissait pas les gens à qui il s’adressait, c’était une façon de se détruire lui-même.

Il y a ce moment incroyable où l’on voit John Galliano retourner pour la première fois chez Christian Dior.
Cette scène est étonnante à plusieurs égards. D’abord, John n’a rien conservé de ce qu’il a fait chez Dior: pas de carnet de croquis, aucune photo. Quand il est parti, il a tout laissé derrière lui. Lorsqu’il pénètre dans la pièce pour y découvrir ses propres archives, c’est le seul moment dans le film où on le voit en costume, comme une poupée mafieuse dans une posture défiante qui crie: Regardez-moi, mais n’osez pas m’affronter.

John Galliano
John Galliano retourne pour la première fois chez Dior depuis son départ en 2011. Une scène bouleversante dans laquelle le couturier s’immerge avec émotion dans les archives de son passé. © PATHÉ FILMS

C’est un moment terriblement humain.
Tout le monde était tellement heureux et heureuse de le revoir, c’était comme un comité d’accueil pour le fils perdu. On a l’impression qu’il se demande si c’est bien lui qui a fait ces robes, confronté à son passé. Et comme tout est blanc dans la scène, il dégage l’aura d’une personne de l’au-delà qui se penche sur sa vie terrestre.

Ce film est-il pour lui un moyen de demander pardon aux personnes qu’il a blessées?
Quand je l’ai rencontré, il m’avait dit qu’il ne prétend pas au pardon, il a simplement envie que les gens le comprennent mieux. Il est tout-à-fait conscient qu’il doit désormais vivre avec ça.

Il vous a ouvert son cœur comme il ne l’avait jamais fait auparavant.
Oui, cela peut paraître étrange, car je ne suis pas un fan de mode justement. Je suis une personne ouverte d’esprit et je l’espère, compatissante et sympathique. Je veux entendre ce que les gens ont à dire et je ne les juge pas dans mes documentaires. Je pense qu’il l’a compris. Aussi, nous sommes liés par la même culture. Je comprends ce qu’il a dû enduré pour s’intégrer en tant qu’homosexuel en Grande-Bretagne quand il était jeune.

John est très intelligent, il était conscient du danger de double peine dans le cas où le documentaire ne parlait que du génie sans évoquer ses zones d’ombre.

Le film fonctionne car il lève le voile sur ces deux aspects de son histoire.

Ce film est donc libérateur pour lui.
Maintenant qu’il a tout mis sur la table, il peut enfin recommencer. C’est la raison pour laquelle sa collection pour Margiela était si merveilleuse lors de la semaine de la couture parisienne en 2024. Certainement la plus Galliano d’entre toutes. Hamish Bowles, le rédacteur en chef du magazine The World of Interiors, m’avait appelé juste après le show pour partager les émotions qu’il avait ressenties. Il n’arrêtait pas de pleurer et en levant les yeux à la fin du spectacle, il constata que tout le monde était en larmes.

John Galliano est-il un phénix?
Beaucoup de questions resteront à jamais sans réponse, même lui ne les a pas toutes.

Mais une chose est certaine: je ne connais personne d’autre, dans le milieu de l’art et ailleurs, qui ait connu une telle ascension suivie d’une pareille déchéance avant de renaître de ses cendres dans une telle majesté.

Son destin est incroyable.

Est-il content du film?
Il l’a vu à plusieurs reprises et le trouve très émouvant. C’est compliqué pour lui, car les gens le jugent encore très sévèrement. Ces personnes-là devraient lui accorder au moins le bénéfice du doute et un peu de respect pour son courage d’en parler sans artifice. Je n’ai jamais évoqué le manque de compassion avec lui, mais je sais qu’il est blessé par celles et ceux qui estiment qu’il est antisémite. C’est le cas notamment aux États-Unis. Culturellement, les Américains préfèrent des excuses en bonne et due forme plutôt qu’une réflexion introspective sincère. Évidemment qu’il le regrette, mais il faut aussi comprendre qu’il est un narcissique qui se préoccupe avant tout de lui-même. Je suis heureux qu’il ait le courage d’assumer sa version honnête, plus valeureuse à mes yeux que des excuses bidon.

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