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Contraception masculine: Quelles options?

Contraception masculine quelles options

Les essais cliniques pour explorer de nouvelles méthodes qui soulageraient les femmes du poids de la contraception attirent la lumière un peu partout.

© GETTY IMAGES/DORLING KINDERSLEY

Près d’un siècle après l’invention du stérilet, soixante-trois ans après la commercialisation de la première pilule contraceptive, les femmes disposent de plus d’une dizaine de moyens de se protéger d’une grossesse, contre deux pour les hommes. Pourtant, outre le préservatif et la vasectomie, d’autres méthodes existent, parfois depuis longtemps, mais avec trop peu d’études qui prouvent leur efficacité et leur sûreté.

Si c’est donc un euphémisme de dire que les alternatives à la contraception féminine ne sont pas légion, la demande existe et grandit. De fait, les essais cliniques et les études scientifiques pour explorer de nouvelles méthodes qui soulageraient les femmes du poids de la contraception attirent la lumière un peu partout.

Ainsi, à Genève, depuis juin 2023, l’unité de santé sexuelle et planning familial (USSPF) et le Centre médical universitaire (CMU) mènent une étude visant à explorer le vécu des personnes utilisant un dispositif de remontée testiculaire à visée contraceptive. Directrice de cette étude, la Dre Sara Arsever responsable de l’USSPF des HUG fait le point sur ce qui est actuellement à disposition de ceux qui souhaitent participer à partager la charge contraceptive du couple.

Le préservatif, recommandé et réversible

Selon les dernières données estimées de l'Organisation des Nations Unies, en 2019, le préservatif apparaît être la méthode privilégiée en matière de contraception masculine (21%). Un chiffre qui s’explique aussi par les campagnes de prévention du VIH. Toujours selon la même source, le retrait ne séduirait que 5% des hommes, et la vasectomie 2%. En Suisse, la dernière étude sur la santé (entre 1992 et 2017) révèle que le préservatif fait partie des moyens de contraception les plus utilisés à l’échelle de la population (42% contre 31% pour la pilule).

«C’est le seul contraceptif qu’on a à disposition et qu’on peut recommander. Il faut dire qu’il n’y a pas grand-chose comme option proposée en méthodes réversibles et considérées comme sûres, c’est-à-dire pour lesquelles on a des études qui montrent qu’on a un taux d’échec relativement acceptable», explique la Dre Arsever.

Relativement acceptable? «Son efficacité n’est pas aussi bonne que ça. Le taux d’échec théorique du préservatif lorsqu’il est parfaitement utilisé ne dépasse pas 2 à 3%, mais en pratique il est plutôt autour de 15 à 18%.» À titre de comparaison, selon la dernière étude publiée par l’OMS, le taux d’échec du retrait dépasserait les 20%…

La vasectomie, considérée comme définitive

Le 12 février 2024, le journal Le Monde relayait les chiffres rendus publics par une équipe d’épidémiologistes français alertés par les urologues suite à une augmentation des demandes de vasectomies. Résultat, une évolution rapide et constante qui se solde par un boom des opérations: 30’288 en 2022, contre 1940 en 2010.

Chez nous, selon la Société suisse d’urologie, il y aurait également une hausse des demandes, qui ne peut toutefois pas être chiffrée officiellement car l’opération n’est pas couverte par l’assurance maladie en Suisse (ndlr: comme tous les autres moyens de contraception en Suisse).

Sara Arsever insiste sur un point essentiel: si ce moyen de contraception est certainement le plus efficace, il est aussi définitif.

«Ça marche très bien, mais c’est vraiment quelque chose qui est considéré comme définitif. On ne peut pas le vendre comme moyen de contraception. Si on change d’avis, on peut toujours essayer de faire une vasovasostomie, soit une opération consistant à relier les canaux sectionnés lors d’une vasectomie.» Et la spécialiste d'ajouter:

«Finalement, les taux de grossesse suite à cette intervention ne sont pas très bons. Quand on a recours à une vasectomie, il faut partir du principe qu’on ne veut pas ou plus d’enfant.»

Comment expliquer, sans chiffres à l’appui, que les jeunes hommes envisagent toujours plus cette option? La spécialiste tempère: «La vasectomie est volontiers utilisée par des personnes qui ont eu une vie reproductive passée et qui se projettent dans un futur sans autres enfants. Mais en effet, on a l’impression sociétalement qu’il y a une augmentation de gens qui vont vers des contraceptions définitives parce qu’il y a un non-désir d’enfant.

La contraception testiculaire thermique, prometteuse mais non prouvée

De plus en plus de personnes ont recours à ce type de contraception qui consiste à remonter les testicules dans le canal inguinal afin d’augmenter leur température, la plupart du temps à l’aide d’un anneau en silicone.

Si le fait d’augmenter de quelques degrés la chaleur des testicules a un effet bloquant sur la spermatogenèse (ndlr: la production de spermatozoïdes) et l’idée de remonter les testicules dans les canaux inguinaux sont connus de longue date, ce n’est que récemment que les scientifiques s’y sont vraiment intéressés.

À noter qu’à ce stade, les études ne sont pas assez nombreuses pour que cette méthode soit considérée comme sûre. Aucun dispositif n’est d’ailleurs homologué à la vente. Cependant, vu l’intérêt croissant pour cette méthode contraceptive, une recherche a débuté en novembre 2023 aux HUG sous la responsabilité de la Dre Arsever.

Durant un an, une cohorte de 34 hommes qui ont débuté une contraception thermique seront suivis afin d’évaluer leur vécu. «Notre projet de recherche à pour objectif de décrire cette population et d’explorer son vécu. Nous allons pouvoir décrire l’impact sur la spermatogenèse, grâce aux spermogrammes qui font partie du suivi, mais cela ne sera pas suffisant pour prouver l’efficacité de cette méthode. C’est néanmoins une manière d’en parler et d’en faire un sujet scientifique.»

Mais est-ce que ça marche? «Actuellement on n’a pas assez d’évidence pour le dire car les études se basent sur une quarantaine de personnes. Il y a une certaine efficacité mais qu’on peine à quantifier pour le moment.» Niveau réversibilité, c’est encore trop tôt pour se prononcer.

«Les résultats publiés sont encourageants. Les études décrivent quelques grossesses survenant après arrêt de la contraception et on a l’impression que les spermogrammes se normalisent rapidement, mais il s’agit de résultats sur de petits collectifs et on ne peut pas extrapoler.»

Autre frein potentiel: la sécurité. «On ne peut pas savoir à ce stade s’il va y avoir des effets indésirables graves. Il existe un risque théorique de cancer testiculaire ou que des grossesses survenant pendant l’utilisation du dispositif soient porteuses d’anomalies, continue la spécialiste. On est dans quelque chose de très prometteur, et nous sommes là pour accompagner les gens, mais il faut admettre et dire qu’à ce stade, il subsiste beaucoup de doute.»

USA: un gel en phase test

Aux États-Unis, on attend prochainement les résultats d’un essai clinique mené à l’Université de Washington depuis 2019 sur le contraceptif masculin NES/T, un gel hormonal composé d’un progestatif, la nestorone, et d’un dérivé de testostérone. Appliqué sur les épaules une fois par jour pendant un an sur une cohorte de 200 volontaires, ce gel serait capable de supprimer la production de spermatozoïdes.

Prometteur, surtout au niveau de la simplicité de son utilisation, mais pas si nouveau que ça sur le principe reconnu par plusieurs études des effets de la testostérone sur la contraception, comme le souligne la Dre Sara Arsever: «La nouveauté, c’est qu’elle soit combinée avec la nestorone sous ce mode-là d’administration. Ça démontre combien il y a eu un gap dans les recherches en la matière. Si on avait investi autant qu’on a investi dans la recherche de contraception dite féminine, probablement qu’on aurait trouvé des alternatives masculines à la contraception.»

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