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Papillomavirus: S'en protéger, à tout âge

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En Suisse, on estime que la vaccination contre le HPV pourrait théoriquement éviter 80 à 180 nouveaux cas de cancer par an chez les hommes, et environ 300 cas chez les femmes, selon Infovac.

© GETTY IMAGES/ADA DA SILVA

Tout adulte, homme ou femme sexuellement actif au cours de sa vie, va avoir plus de 80% de risques d’être à un moment donné infecté par du Papillomavirus humain (HPV). Dans la plupart des cas, les infections au virus HPV ne présentent pas de symptômes et sont éliminées naturellement par le corps. Elles ne débouchent pas non plus systématiquement sur des pathologies graves. Néanmoins, en Suisse, on estime que la vaccination contre le HPV pourrait théoriquement éviter 80 à 180 nouveaux cas de cancer par an chez les hommes, et environ 300 cas chez les femmes, selon Infovac.

Si la vaccination contre le HPV est le meilleur moyen de s’en protéger, idéalement avant 15 ans et la première expérience sexuelle, filles et garçons confondus, elle peut aussi être proposée plus tard en rattrapage. Une option moins répandue chez les hommes et les femmes de plus de 26 ans, peut-être parce que le vaccin, coûteux (ndlr: environ 200 fr. par dose, à raison de trois doses en tout), est alors à la charge de la personne qui le demande.

Mais est-ce que c’est utile, notamment si on est dans une tranche dite «à risque» plus tardive comme c’est le cas pour les femmes? Le point avec la Dre Martine Jacot-Guillarmod, spécialiste en gynécologie et obstétrique au sein du département femme-mère-enfant du CHUV.

FEMINA Pour une protection optimale, le vaccin est recommandé aux jeunes filles et aux garçons avant 15 ans. Si elle est administrée après, la vaccination a-t-elle les mêmes effets protecteurs?
Dre Martine Jacot-Guillarmod Probablement oui, ou en tous les cas très proche. Le vaccin a été commercialisé avec des études sur des populations naïves (ndlr: avant les premiers rapports sexuels et possibles expositions aux virus HPV) et a donc fait ses preuves dans ce contexte-là. C’est la raison pour laquelle il est recommandé idéalement avant les premiers contacts sexuels. Par contre, on a de plus en plus de données scientifiques qui montrent des bénéfices à l’administration d’un vaccin chez des femmes qui ont été traitées pour une maladie HPV induite.

Ce ne sont pas les recommandations officielles de l’OFSP aujourd’hui, mais parmi les experts, on élargit de plus en plus la recommandation du vaccin jusqu’à 45 ans pour les femmes.

Femmes - et hommes - auraient donc tout intérêt à se faire vacciner, même si c’est après le début d’une activité sexuelle?
Oui, même si on ne peut pas formellement affirmer la même efficacité spectaculaire. Mais au vu des résultats qu’on connaît chez les patientes qui ont été traitées et les diminutions de récidives qui sont assez remarquables, ce sont des arguments très forts.

Ce n’est pas grave s’il y a déjà eu des contacts avec le HPV, car de toute façon, il y a un bénéfice majeur, voire presque équivalent à la situation pré-contact.

Ce qu’il faut éviter, c’est de renoncer à la vaccination pour ce motif.

Chez les femmes, si la prévalence culmine au début de la vie sexuelle jusqu’à 30 ans, pour diminuer ensuite, il y a un léger rebond vers 50-55 ans. Comment l’expliquer?
Concernant ce deuxième pic assez significatif autour des 50 ans, il y a une théorie qui dit que beaucoup de femmes vivent une deuxième vie sentimentale et sexuelle à partir de cet âge, et ça correspond épidémiologiquement parlant à cette réalité.

De plus, selon certaines recherches, à la périménopause et à la ménopause, la diminution des œstrogènes favoriserait également la persistance d’une infection HPV.

Ainsi, la carence oestrogénique pourrait induire une diminution de l’immunité face au HPV.

Les risques de développer des formes plus graves sont-ils également plus élevés?
L’âge est toujours un facteur de risque pour toutes les maladies dysplasiques et oncologiques en effet. Elles ont un peu plus de risques si elles ont un HPV oncogène persistant de développer des anomalies cellulaires et finalement un cancer qu’une jeune femme de trente ans.

Que recommander à ces femmes-là?
En tous les cas, de ne pas arrêter à ce moment-là le suivi gynécologique. Le vaccin pourrait leur être proposé, mais c’est rarement le cas après 45 ans.

À quel rythme devraient être faits les dépistages chez le gynécologue?

Le dépistage est indispensable et il faut le rappeler, y compris chez les femmes vaccinées.

Mais si les résultats sont normaux, il n’y a aucune raison de le faire chaque année. Ça a parfois encore de la peine à entrer dans les habitudes des gynécologues et des femmes, qui ont l’impression d'être moins bien suivies si elles ne le font pas chaque année. Les recommandations, c’est un frottis tous les trois ans entre 21 et 70 ans chez les patientes asymptomatiques.

Les effets protecteurs de la vaccination contre le HPV pourraient-ils avoir un impact sur ce rythme?
Oui, les modalités de dépistage devraient changer vu l’impact favorable de cette vaccination sur les infections HPV. On pourrait probablement passer dans les années à venir à un dépistage de plus en plus espacé, tous les cinq ans par exemple.

Le vaccin contre le HPV dispense-t-il pour autant de ces contrôles?
Non, à aucun âge. Dans ma consultation, j’ai souvent des jeunes patientes qui, lorsqu’elles arrivent à 21 ans et le moment où on préconise de commencer le dépistage, me disent: «Ah mais moi j’ai été vaccinée, je n’en ai pas besoin!» Ce qui n’est évidemment pas le cas.

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