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Une exposition à Lausanne brise les tabous de la parentalité

Une exposition à Lausanne brise les tabous de la parentalité

«En matière de culpabilité, je suis frappée de voir combien l’injonction au bonheur qui doit accompagner l’arrivée de bébé est ancrée dans nos sociétés.» - Pre Antje Horsch

© GETTY IMAGES/MARIA PONOMARIOVA

Jusqu’au 24 mars 2024, le Musée de la Main de Lausanne accueille une exposition dédiée à la parentalité. Désir - ou non - d’enfant, conception, infertilité, grossesse, accouchement, dépression, deuil périnatal, modèles parentaux: une large palette thématique pour dresser les contours de la parentalité en Suisse.

Scientifique, immersif et interactif, ce rendez-vous destiné au grand public propose également de nombreux rendez-vous pour discuter, échanger et s’informer entre témoignages de parents et éclairages de spécialistes. Explications avec la Professeure Antje Horsch, affiliée au Département Femme-Mère-Enfant du CHUV et à la Faculté de Biologie et de Médecine de l’UNIL, qui a réalisé cette exposition avec le Groupe de recherche périnatale de Lausanne.

FEMINA Comment cette exposition est-elle née?
Pre Antje Horsch Cette exposition est vraiment née au sein de mon groupe de recherche périnatal parce qu’il manquait ce dialogue entre les chercheur-euse-s et le grand public autour de ce qui peut être vécu durant la période périnatale - c’est-à-dire dès la conception jusqu’à la première année post-partum.

En abordant certains tabous et idées reçues liés à la parentalité, nous souhaitons briser le silence qui entoure ces thématiques.

L’idée est de donner la parole aux parents comme aux spécialistes, et de privilégier le dialogue.

Quels sont les tabous dont vous parlez?
La première salle de l’exposition commence par aborder le mythe du désir d’enfant. Selon une idée reçue encore largement répandue, il devrait être commun à toutes et tous, alors que beaucoup de femmes choisissent de ne pas avoir d’enfant.

De fait, en Suisse, environ 10% des femmes entre 20 et 30 ans font le choix de ne pas avoir d'enfant, et il s’agit de le valider aussi.

Autre tabou, celui de la perte de grossesse, qui reste entouré de beaucoup de silence. Or, durant les premières semaines, une grossesse sur cinq se finit de manière précoce et spontanée. Il y a aussi des pertes de grossesse qui arrivent plus tard, vers 22 semaines, et en Suisse, on compte 4 bébés décédés pour 1000 naissances. Ce n’est donc pas si rare, et notre message est de souligner que ça fait partie de l’expérience de vie pour beaucoup de parents. Il ne faut pas cacher ces aspects-là de la parentalité, car les personnes concernées risquent de se sentir isolées.

Un silence et une culpabilité aussi qui sont difficiles à porter?
Oui, ce sentiment de culpabilité est très fréquent chez les parents, en général, mais surtout aussi de manière aiguë chez ceux et celles qui ont eu des difficultés, comme un accouchement vécu comme un traumatisme ou une dépression post-partum qui touche aussi les pères. En matière de culpabilité, je suis frappée de voir combien l’injonction au bonheur qui doit accompagner l’arrivée de bébé est ancrée dans nos sociétés. Or, il est fréquent de ne pas avoir ces sentiments d’amour dès la naissance.

Après l'accouchement, environ 40% des mères se sentent indifférentes envers leur bébé.

Ça prend du temps de créer du lien pour certains parents. C’est normal, ça fait partie de la palette d’expériences vécues en lien avec la parentalité. Il ne faut surtout pas culpabiliser si ça arrive.

Selon vous, la question de la santé mentale en périnatalité est-elle encore trop souvent minimisée?
Certains parents doivent faire face à un stress chronique qui peut venir de plusieurs sources. Trop souvent, on présume que devenir parent est un processus naturel et qu’on doit juste savoir comment le devenir. C’est naturel bien sûr, mais c’est aussi un processus d’apprentissage pour tout le monde. Dans certaines circonstances, c’est plus difficile que pour d’autres, comme c’est le cas pour les parents migrants par exemple, qui n’ont pas leur famille, leur entourage avec eux pour les accompagner.

La question de la charge mentale est également sous-estimée selon moi. Ce sujet reste un tabou qui pèse sur la santé mentale principalement des femmes en raison des attentes en matière de rôles parentaux.

Les chiffres montrent en effet que ce sont 70% des mères qui gèrent le plus dans les couples hétérosexuels. Le burn out parental - dont on parle très peu - est également un des impacts du stress et du traumatisme sur la santé mentale des parents et de leurs enfants durant la période périnatale.

Comment agir pour leur venir en aide?
Selon moi, agir sur la coparentalité est primordial pour les aider. C’est très important de prendre une perspective systémique, donc de travailler avec toute la famille, et de ne pas faire un focus sur la mère uniquement si c’est elle qui a une dépression post-partum par exemple.

Les parents doivent se coordonner et agir comme une équipe. C’est ce qu’on appelle la coparentalité.

On voit aussi parfois l’enfant, car très rapidement les difficultés de santé mentale d’un parent ou des deux parents peuvent lui être transmises via le lien ou manque de lien, via les interactions qu’il peut avoir avec eux ou pas. L’idéal est de travailler avec la triade quand c’est possible.

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