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ÉVASION

Six artistes qui nous donnent envie de (re)découvrir la Suisse

Six artistes qui nous donnent envie de redecouvrir la suisse

Nos suggestions d'évasion en Suisse, inspirées par des artistes telles que Niki de Saint Phalle, Audrey Hepburn ou Mary Shelley.

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Jules Renard avait raison: «À quoi bon voyager loin? Il y a de la nature, de la vie et de l’histoire partout!» Et donc en Suisse, aussi. La preuve, par exemple, avec ces quelques petites idées de balade «sur les traces de…» Soit, en l’occurrence, des personnalités d’hier ou d’aujourd’hui, locales ou «venues d’ailleurs», résidentes ou en villégiature qui, chacune à leur manière, ont marqué un coin du pays. Si profondément, pour certaines d’entre elles, qu’elles y sont célébrées par des expositions, des «espaces dédiés» ou encore des tours guidés qui attirent des touristes du monde entier!

Audrey Hepburn, à Tolochenaz (VD)

© GETTY IMAGES/ARCHIVE PHOTOS
© SUISSE TOURISME/CHRISTOF SONDEREGGER

Incarnation du chic, de l’élégance, de l’intelligence, de la pétillance mutine et de l’humilité, Audrey Hepburn reste l’une des personnalités les plus aimées et respectées de l’histoire du cinéma. En témoigne d’ailleurs le nombre impressionnant de fans qui, aujourd’hui encore, viennent à Tolochenaz se recueillir sur sa tombe. Ou suivre ses traces au fil d’un petit parcours aussi charmant que facile. D’une longueur de 3,8 kilomètres, ce circuit «mémoire», également consacré au pianiste Ignacy Paderewski, est constitué de 10 étapes. Parmi lesquelles la place Audrey Hepburn, où l’on peut admirer un buste en bronze offert à la commune par les deux fils de l’actrice en 2012, et Le Pavillon, orné d’une fresque «hepburnienne» peinte en 2018. Ou encore sa villa «La Paisible» (non visitable) – une superbe maison acquise dans les années 60 et où elle résida les dernières années de sa vie en compagnie de son amoureux, l’acteur Robert Wolders, y cultivant un potager dont elle partageait les récoltes avec des gens du village.

Cela dit, pour en savoir plus sur l’intimité de la muse de Givenchy et voir revivre l’inoubliable et mythique Holly Golightly de Diamant sur canapé, on ne saurait trop recommander un petit passage au Musée Bolle, à Morges. À l’occasion du 30e anniversaire du décès de celle qui mit sa notoriété au service de l’enfance – elle fut une ambassadrice très active de l’Unicef –, cette fondation raconte en effet le destin de cette femme formidable par le biais et la mise en espace du roman graphique Audrey Hepburn, réalisé par Eileen Hofer et Christopher pour les Éditions Michel Lafon. À noter que pour Luca Dotti, l’un des fils de la star, cette publication – et cette expo immersive par extension – est «sans aucun doute un des hommages les plus touchants qui ait été produit sur Maman…»

En savoir plus: morges-tourisme.ch et museebolle.ch

Ella Maillart, à Chandolin (VS)

© DR
© ANNIVIERS TOURISME/DANIEL ROM

Si Ella Maillart est connue pour ses récits et photos de voyages autour du monde, elle n’en est pas moins irrémédiablement associée à Chandolin, devenu son port d’attache dès 1948. Et où elle mourut en 1997, à l’âge de 94 ans, au terme d’une vie exceptionnellement riche d’aventures, de défrichages et d’explorations.

Pour découvrir le parcours exemplaire de cette grande dame, deux options parfaitement complémentaires: relire sa bibliographie, idéale pour des évasions sur canapé. Puis monter au val d’Anniviers, où, en un regard, on comprend (et on partage) le coup de cœur que cette sportive de haut vol, pionnière éprise de liberté et bourlingueuse en perpétuelle quête de vérité eut pour la région. Car si le village est unique, le panorama l’est tout autant.

Pour s’imprégner de cette atmosphère grandiose, rêvasser, c’est bien. Mais marcher, c’est encore mieux! Du coup, après avoir suivi le parcours historique, qui part du Grand Hôtel et propose une halte à l’Espace Ella Maillart (une expo permanente permet de mieux comprendre qui elle fut), on pourra se lancer dans une randonnée plus ou moins longue. Comme le sentier de la Chénégouga. De près de 4 kilomètres et de difficulté moyenne, cet itinéraire commence à la station supérieure du télésiège du Tsapé, passe notamment par le Pas de l’Illsee, le Wäschtsee puis le Lac Noir, avant de rejoindre le point de départ… avec, heureusement, de possibles arrêts ravitaillement à la Cabane Illhorn ou au restaurant de Tignousa, au-dessus de Saint-Luc.

Au programme: de la sueur, évidemment, mais surtout des vues sublimes. Avec, en prime, la délicieuse impression de marcher dans les pas d’Ella Maillart.

En savoir plus: valdanniviers.ch

Mary Shelley, à Cologny (GE)

© DR
© GETTY IMAGES/HAROLD CUNNINGHAM

Juin 1816, Cologny. Privée de balades et enfermée dans la Villa Diodati à cause des orages violentissimes qui frappent la région, une bande de jeunes Britanniques en villégiature s’ennuie ferme.

Soudain, Lord Byron, que l’on dit «fou, méchant et dangereux à connaître», a une idée lumineuse pour passer le temps: un défi littéraire. En l’occurrence, il demande à chaque membre de «sa» petite équipe d’écrire une histoire de fantôme. Sa maîtresse Claire Clairmont, le poète Percy Bysshe Shelley et la très érudite, talentueuse et passionnée Mary Wollstonecraft Godwin (future Shelley) se prêtent au jeu de bonne grâce. Et c’est ainsi que Mary, 18 ans à peine, pose les bases de Frankenstein ou le Prométhée moderne – une nouvelle inspirée à la fois par un cauchemar et par la maison dans laquelle elle séjourne – et dont elle fait d’ailleurs la demeure de son héros, Victor Frankenstein…

Appartenant à un privé, cette impressionnante bâtisse n’est pas ouverte au public. Qu’à cela ne tienne. Après l’avoir devinée de loin, on peut se rendre au pré Byron, à quelques pas de là, et se laisser titiller l’imagination par la vue imprenable sur la rade et le petit lac. Puis soit rejoindre le bord du Léman, prendre le bateau et naviguer vers Clarens et Chillon via Lausanne pour suivre le sillage des poètes anglais. Soit se la jouer randonneur. Et, sur quelque 5 kilomètres, cheminer jusqu’aux Bains des Pâquis en rejoignant le quai de Cologny par le chemin Byron. Un parcours facile qui réserve de bien jolies surprises.

Niki de saint phalle, à Fribourg

© GETTY IMAGES/ERLING MANDELMANN
© SUISSE TOURISME/MARKUS BUEHLER RASOM

Qui dit Fribourg dit Jean Tinguely. Qui dit Jean Tinguely dit Niki de Saint Phalle. Car même si les deux artistes ont chacun exprimé une personnalité unique dans leur travail, leur amour né dans les années 60 – scellé par un mariage en 1971 – les a comme fusionnés. Si bien qu’aujourd’hui encore, par-delà la mort (lui en 1991, elle en 2002, à 71 ans), on continue à les associer. Et, quand bien même leurs carrières furent largement internationales, à les «fribourgeoiser». Ce qui ne manque pas de sel en ce qui la concerne, quand on se souvient que cette sculptrice, plasticienne, peintre, réalisatrice libertaire, membre du cercle des nouveaux réalistes et féministe d’origine franco-américaine fit longtemps scandale en Suisse. Au point que l’une de ses œuvres les plus célèbres, «Hon/Elle», a même été qualifiée de «monstrueuse cochonnerie» et de «délire obscène» dans le «Bund» en 1966! Mais bref.

Pour s’imprégner de leurs rêves et de leur vie romande, on peut évidemment flâner dans la ville – littéralement hantée par eux. Ou, moins aléatoire, suivre l’itinéraire «Jean, Niki & Fribourg», qui, après un joli tour guidé et commenté d’environ une heure au cœur de la cité, vous conduit à l’incontournable Espace Jean Tinguely – Niki de Saint Phalle, à un jet de pinceau de la cathédrale. Là, on peut déguster des œuvres exceptionnelles de cette sacrée… Nana, telles «Remembering» ou encore 22 reliefs en polyester peint, évoquant symboliquement des éléments autobiographiques et leur passé fribourgeois.

En savoir plus: fr.ch/mahf

Emmanuelle Robert, à Malatraix (VD)

© BRIGITTE BESSON
© MARIE CONTRERAS

Quand La Chaux-de-fonnière exilée sur les bords du Léman Emmanuelle Robert publie Malatraix, en 2021, son éditeur assure que ce thriller est «à vous faire passer le goût des balades solitaires». Eh bien… c’est l’inverse qui se produit! Car plonger dans ce polar palpitant, qui se déroule notamment sur la Riviera, donne surtout envie d’aller voir par soi-même les paysages grandioses des Préalpes que la jeune femme née en 1975 raconte si bien dans son best-seller. La première idée de promenade à surgir: Les Pléiades – une merveille. Mais pas vraiment à la hauteur des personnages d’Emmanuelle Robert. Du coup, les Rochers-de-Naye? De nombreux chemins y mènent – notamment au départ du col de Chaude, au-dessus de Villeneuve, pour une marche de quelque 3 h 30. Ou encore… le Malatraix? Bonne idée, mais il se mérite. Autrement dit, pour suivre les pas d’Emmanuelle Robert, et même si on ne se met pas en mode trail, mieux vaut être en forme et avoir un sac à dos bien garni.

L’un des itinéraires les plus «rapides» pour l’atteindre part de Roche et permet d’y arriver en environ quatre heures et demie de montée plus ou moins raide (plutôt plus que moins, d’ailleurs…). Une fois en haut, le panorama console de tout tant il est somptueux. Quant à la descente, on peut varier les plaisirs et se diriger sur Villeneuve, qu’on atteindra en à peu près deux heures et demie via le Pas à l’Âne, le vallon de la Tinière puis Valeyres. Avec, à l’arrivée, un grand espoir: que le nouveau roman de l’écrivaine, qui sort le 25 août, fasse rêver d’escapades aussi galvanisantes que celles de Malatraix… mais peut-être en un peu plus pépère!

Kristen Stewart, à Sils Maria (GR)

© CAROLE BETHUEL
© GIAN GIOVANOLI

Associer Kristen Stewart aux Grisons peut sembler tiré par les cheveux. Pourtant, depuis 2013 et son séjour en Engadine, où elle a tourné le magnifique Sils Maria avec Olivier Assayas, difficile de ne pas penser à elle en évoquant cette région. La beauté naturelle et sauvage – une alternance de soleil et de nuages, de sérénité et de rudesse, peut-être?

Quoi qu’il en soit, pour suivre les traces grisonnes de la trentenaire, devenue star mondiale en incarnant Bella dans la saga Twilight, on commencera par débarquer à Sils Maria, donc, où le temps semble s’écouler plus lentement qu’ailleurs. À moins qu’il ne se soit arrêté? De là, on peut par exemple faire le tour du lac – une boucle de 16 kilomètres pas trop difficile. Au menu: des panoramas de folie, Isola, le village de Heidi et des sentiers qui serpentent – logique, on passe près de Maloja!

À l’arrivée (en moyenne 4 h 45 si on ne fait pas trop d’arrêts!), après un petit plouf rafraîchissant dans le lac, direction le mythique Hôtel Waldhaus pour boire un verre ou se restaurer. Entre tous reconnaissable avec son apparence de château de conte de fées, cet établissement qui a accueilli Kristen Stewart et l’équipe du film durant le tournage – plusieurs scènes y ont d’ailleurs été filmées – semble comme «habité» par les innombrables personnalités qui y ont séjourné: magique!​

En savoir plus: engadin.ch et waldhaus-sils.ch

Mais encore: Elisabeth d’Autriche, Clara Haskil et Coco Chanel

Elisabeth d’Autriche, alias Sissi: Détestant les lourdeurs de la Cour, l’impératrice adorait s’en échapper en voyageant. Entre 1893 et 1898, elle est ainsi à plusieurs reprises au bord du Léman – notamment du côté de Montreux, où des tours guidés sont aujourd’hui organisés. Et c’est sur le quai du Mont-Blanc, à Genève, qu’elle fut assassinée – comme le rappelle une statue hommage érigée presque à l’endroit de l’agression mortelle. En savoir plus: myswitzerland.com, montreuxriviera.com.

Clara Haskil: Réfugiée en Suisse pendant la Deuxième Guerre mondiale, la pianiste d’origine roumaine a longtemps habité à Vevey, au 14 du quai Perdonnet. Pour honorer cette musicienne de génie, la Ville a notamment baptisé une rue à son nom.

Coco Chanel: À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, Mademoiselle s’installe à Lausanne. Elle y fréquente notamment l’Hôtel Royal Savoy, aime déguster un flan à l’Auberge du Chalet-des-Enfants et vit à Sauvabelin, où elle a acheté la Villa Le Signal, en 1966. Bien que morte à Paris en 1971, à 88 ans, elle repose en terre vaudoise – au cimetière de Bois-de-Vaux. On y reconnaît aisément sa tombe ornée de têtes de lions. Cinq, évidemment.

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