culture
Festival cinémas d'Afrique: Les événements à ne pas manquer
Dans le superbe film d'animation Nayola, de José Miguel Ribeiro, l'ado rebelle Yara questionne l'absence de ses parents, disparus suite à la guerre civile en Angola.
© LUNA BLUE FILMLe Festival cinémas d'Afrique de Lausanne soutient et promeut la diversité des cinémas africains depuis 2006. Pour sa 17e édition, le rendez-vous estival prisé des cinéphiles romand-e-s propose de nombreuses projections de films au Casino de Montbenon - du documentaire, à la fiction en passant par l'animation - grand public ou plus pointues. Outre l'offre cinématographique riche et diversifiée, les festival propose diverses animations, comme des ateliers, une masterclass, un spectacle d'humour ou encore des concerts. Voici les œuvres et événements qui ont attiré notre attention.
Le spectacle Je demande la route de Roukiata Ouedraogo
Pour la première fois en Suisse, l'humoriste et autrice franco-burkinabé Roukiata Ouedraogo joue son one-woman show Je demande la route, son quatrième spectacle monté en 2018 et avec lequel l'artiste tourne encore cette saison. La comédienne - que l'on connaît pour ses chroniques drôles sur France Inter - aborde avec autodérision son enfance au Burkina Fasso, son arrivée en France, les différences culturelles entre les deux pays, ses métiers (elle a été caissière, styliste ou encore maquilleuse) et son parcours sur scène. Avec en filigrane des réflexions sur les droits des femmes et le racisme. Pas de cynisme facile chez Roukiata: l'humoriste fait rire avec sa bienveillance et sa positivité. À ne surtout pas manquer!
Vendredi 18 août 2023, à 20 h 30 à la salle Paderewski. Plus d'informations
Un atelier d'animation pour enfants
Si le festival met à l'honneur pour la première fois cette année la réalité virtuelle, cet atelier quant à lui permet aux jeunes participant-e-s de découvrir des technologies du passé, vieilles de plus de 150 ans! Animer des images, c'est tout à fait possible grâce à des crayons et du papier. Avec le matériel de bricoleur-euse-s à disposition, les enfants pourront sans peine faire bouger eux et elles-mêmes des images grâce à des illusions d'optique, notamment les techniques du thaumatrope, le phénakistiscope ou encore le folioscope.
Samedi 19 août 2023, de 11 h à 12 h 15 au Salon Bleu. Dédié aux enfants de 8 et 12 ans. Inscription obligatoire. Plus d'informations
Une masterclass de la productrice Dora Bouchoucha
Invitée au Festival cinémas d'Afrique dans le cadre d'une rétrospective lui étant consacrée, Dora Bouchoucha s'exprimera devant le public samedi 19 août sur son parcours en tant que productrice depuis les années 90 et les défis auxquels les producteur-trice-s indépendent-e-s sont confronté-e-s sur le continent africain. La Tunisienne engagée, membre de l’Académie des Oscars, soutient les productions cinématographiques africaines depuis de nombreuses années. Dora Bouchoucha a produit le long-métrage primé Hedi, un vent de liberté, sorti en 2016, ou encore Souad, sélectionné au festival de Cannes en 2020.
Samedi 19 août 2023, à 14 h au Salon Bleu. Plus d'informations
Un atelier pour rendre Wikipédia plus inclusif
Véritable mine d'or, la plateforme collaborative mondialement connue n'est malheureusement pas très diversifiée et peut présenter des biais et stéréotypes racistes, ainsi que des sources principalement eurocentrées. C'est pourquoi le projet genevois itinérant Noircir Wikipédia, fondé en 2018 par un duo de femmes engagées, a initié l'écriture d'articles pour mettre en valeur et visibiliser les personnalités africaines et afro-descendantes sur la base de données. Durant le festival, les fondatrices Gala Mayí-Miranda et Ivonne González présenteront leur projet lors d'une conférence et montreront aux participant-e-s comment elles travaillent sur la base d'un exemple concret, la page «cinéma africain» de Wikipédia.
Dimanche 20 août, de 11 h à 13 h au Salon Bleu. Plus d'informations
Les projections de films
La camionneuse, de Mireille Niyonsaba
Dans ce court-métrage documentaire, la réalisatrice burundaise Mireille Niyonsaba nous livre le portrait sensible de Clémentine Zeregbe Goli, seule conductrice de poids lourd parmi les 1500 camionneurs de sa région. Depuis plus de 10 ans qu'elle pratique ce métier, les collègues de Clémentine lui font bien comprendre qu'elle n'a pas le droit d'être là, qu'elle prend ainsi la place d'un homme. Mais cette grand-maman forte et indépendante ne se laisse pas démonter et parvient à s'imposer dans ce monde très masculin et difficile, malgré les longues missions et les routes accidentées. Petit à petit, Clémentine espère ouvrir la route à d'autres camionneuses.
Jeudi 17 août, à 16 h 30 à la Salle des Fêtes et samedi 19 août 2023, à 19 h à la salle Cinématographe. Plus d'informations
Amchilini (Choisis-moi), de Allamine Kader
Le cinéaste tchadien Allamine Kader présente son long-métrage documentaire tourné dans son pays d'origine, à Boutelfil. Un imam décide que pour protéger son village de la colère divine, toutes les femmes célibataires doivent se marier. Le village organise alors la cérémonie traditionnelle Amchilini pour former des couples. Or, certaines jeunes femmes se rebellent. «Amchilini, c'était du temps de nos grands-parents!», s'exclame l'une d'elles. Commence toutefois le recensement des candidats et candidates au mariage. Plus de 100 hommes souhaitent trouver une épouse… pour 15 participantes. Une plongée dans le quotidien de ces femmes et leurs revendications de liberté et d'émancipation.
Vendredi 18 août, à 17 h à la salle Cinématographe et samedi 19 août 2023, à 12 h 30 à la Salle des Fêtes. Plus d'informations
Lions, de Beru Tessema
Ce court-métrage de fiction présenté dans de nombreux festivals depuis 2022 met en scène l'adolescente congolaise Rosie (Melodie Wakivuamina), qui débarque à Londres dans la famille de sa sœur. Plongée dans l'inconnu, dans un environnement qui lui paraît hostile, Rosie fait l'expérience d'une agression raciste. Le film traite de la perte de l'innocence, de l'identité britannique, de la migration et des rêves brisés qui l'accompagnent parfois, faisant ainsi miroir à l'expérience personnelle du réalisateur éthiopien qui a immigré au Royaume-Uni dans son enfance.
Vendredi 18 août 2023, à 14 h à la salle Paderewski. Plus d'informations
Souad, de Ayten Amin
Souad (Bassant Ahmed) a 19 ans et vit dans la petite ville de Zagazig dans le delta du Nil. La jeune étudiante mène deux vies complètement différentes: l'une dans une famille très conservatrice et une société marquée par les préceptes religieux, l'autre sur les réseaux sociaux, où Souad se sent libre de choisir son apparence et entretient des relations virtuelles secrètes. Il y a la vie, et celle qu'elle rêve d'avoir. Après un événement tragique, Rabab (Basmala Elghaiesh), sa jeune sœur de 13 ans, se voit contrainte d'explorer la vie secrète de Souad. Le film présenté en 2020 au Festival de Cannes décortique ainsi la dure réalité de la jeunesse égyptienne, la place des femmes dans cette société et le dessous des apparences sur les réseaux sociaux.
Vendredi 18 août 2023, à 15 h à la salle Cinématographe. Plus d'informations
Xalé, les blessures de l'enfance, de Moussa Sene Absa
Ce drame du réalisateur et scénariste sénégalais raconte l'histoire de jumeaux de 15 ans, Awa (Nguissaly Barry) et Adama (Mabèye Diol), qui vivent chez leur oncle Atoumane (Ibrahima M’Baye) à Dakar, depuis la mort de leur grand-mère. Awa se concentre sur ses études et son frère, vendeur ambulant, rêve d'émigrer en Europe. Selon le désir de la grand-mère défunte, Atoumane doit se marier avec sa cousine qui ne l'aime pas. Le mariage arrangé ne fonctionne pas et l'oncle frustré se focalise alors sur Awa. 10 ans plus tard, Atoumane revient au village. Il s'agit du troisième film de Moussa Sene Absa consacré aux luttes féminines. Xalé dépeint l'enfance brisée, la sexualisation des filles, l'inceste et les violences faites aux femmes, pour pousser à la prise de conscience.
Vendredi 18 août 2023, à 16 h à la salle Paderewski. Plus d'informations
Nayola, de José Miguel Ribeiro
Trois générations de femmes angolaises sont représentées dans ce sublime long-métrage d'animation fantastique aux couleurs éclatantes et inspiré d'une pièce de théâtre (à voir dès 14 ans). En 1995, l'époux de Nayola part à la guerre et disparaît. La jeune femme part alors à sa recherche. En 2011, la paix est revenue, mais pas Nayola. Sa fille Yara, une ado rappeuse intrépide et militante, questionne l'abandon de ses parents auprès de sa grand-mère Lelena avec qui elle vit, ainsi que les libertés à son époque marquée par un régime autoritaire. Avec beaucoup d'émotions, de poésie et parfois de violence, ce dessin-animé raconte les déchirures de la guerre civile, le trauma familial, l'absence et la pauvreté, en multipliant les allers et retours dans le passé et le présent.
Samedi 19 août, à 14 h à la salle Paderewski et dimanche 20 août 2023, à 19 h à la salle Cinématographe. Plus d'informations
Mirror, mirror, de Sanduelela Asanda
Dans ce court-métrage de fiction, la réalisatrice sud-africaine aborde les tabous de la masturbation féminine avec humour. Luthando (Luhle Macanda), 17 ans, est déterminée à explorer le plaisir solitaire: elle a scrollé les moteurs de recherche et feuilleté les pages des magazines féminins pour trouver des informations. Mais rien n'y fait! Heureusement, elle peut compter sur sa bienveillante meilleure amie Jodie (Buhle Ngaba), à qui Luthando se confie sans peur via FaceTime. Cette courte fiction confronte la honte qui entoure encore la masturbation féminine, la relation mère-fille, les tracas adolescents et le passage à l'âge adulte.
Samedi 19 août, à 10 h à la salle Paderewski et dimanche 20 août 2023, à 16 h 30 à la Salle des Fêtes. Plus d'informations
