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Sous l'océan

Cinéma: Notre avis sur le live action de «La Petite Sirène»

Crtique cinema notre avis sur la petite sirene

Dans ce nouveau live action, la comédienne américaine Halle Bailey, 23 ans, se glisse avec talent dans les nageoires d'Ariel.

© THE WALT DISNEY COMPANY SWITZERLAND

En septembre 2022, lorsque Halle Bailey était apparue dans la première bande annonce de La Petite Sirène, des raz-de-marée de réactions opposées avaient inondé les réseaux sociaux. D'abord, la talentueuse comédienne de 23 ans avait malheureusement fait l'objet d'une vague de racisme, sachant que de nombreuses personnes se disaient courroucées de voir que la nouvelle Ariel n'avait pas la peau blanche, comme dans le dessin animé de 1989. Or, la seconde houle de réactions s'était avérée bien plus positive. Des dizaines de vidéos présentant la joie d'enfants racisé-e-s, au moment de découvrir l'héroïne du film, avaient également arrosé la Toile d'une magnifique dose d'émotions: «Elle a la peau noire, comme moi!», s'extasie notamment une fillette dans l'une des capsules vidéo. Ces dernières, rapidement devenues virales, avaient été publiées par des parents, afin de souligner l'importance d'une meilleure représentativité à Hollywood.

«Je veux qu'en voyant ce film, la petite fille qui sommeille en moi, et toutes les petites filles comme moi, sachent qu'elles sont spéciales et qu'elles devraient être considérées comme des princesse de toutes les façons possibles, avait confié Halle Bailey auprès du site Variety, en août 2022. Il n'y a aucune raison qu'il en soit autrement. À leur âge, j'avais besoin d'être rassurée sur ce point.» Notons en effet que l'interprète d'Ariel est seulement la deuxième comédienne noire à recevoir un rôle principal de princesse dans une production Disney, depuis la prestation d'Anika Noni Rose dans La Princesse et la Grenouille.

Quelques mois plus tard, nous y sommes enfin: le film tant attendu débarque en salles le 24 mai 2023. Tandis qu'Ariel brise la surface de l'océan pour découvrir la terre ferme, Halle Bailey révolutionne un conte de fées mythique d'un seul coup de nageoire. Elle est Ariel, la vraie, et le cœur de tout-e millenial ne manquera pas de vibrer avec nostalgie au son de Partir là-bas. Le courage, la malice et l'impétuosité de ce personnage si aimé, porté par une étoile montante du cinéma, crèvent l'écran et défient la discrimination. Le thème essentiel de l'histoire originale - celui de l'inclusion et de l'union - est d'autant plus puissant dans cette version modernisée.

Vous l'aurez compris, nous sommes ressorties très émues de la salle obscure (en fredonnant Sous l'océan). Sans vous spoiler, on vous liste les atouts principaux de ce film, à la fois très fidèle à l'original et largement plus grandiose.

Un univers aquatique réaliste

Cela semble plutôt évident, puisqu'il s'agit d'un live action. Mais soulignons que le film est constitué de prises de vues réelles, avec des créatures aquatiques plutôt crédibles. La fameuse scène du requin (qui intervient aussi au début du dessin animé original) évoque vaguement Les Dents de la mer, et on ne vous parle même pas des tentacules d'Ursula (Mellissa McCarthy), beaucoup trop réalistes! Sébastien (Daveed Diggs) et Polochon (Jacob Tremblay), les fidèles acolytes d'Ariel, prennent l'aspect d'un véritable poisson-bagnard et d'un crabe flamboyant, tandis qu'Eurêka, le goéland le plus bavard de la franchise, appartient désormais à l'espèce des fous de Bassan (qui savent plonger sous l'eau!) et emprunte la voix de l'actrice américaine Awkwafina. Quelques semaines avant la sortie du film, les internautes rivalisaient d'originalité pour railler l'apparence réaliste de Polochon, mais une fois plongé dans l'ambiance du film, il s'y adapte à merveille... comme un poisson dans l'eau.

Bien sûr, en version dessinée, les scénaristes et animateurs de 1989 avaient tout le loisir de créer un univers fantastique et coloré, notamment dans la scène musicale de Sous l'Océan. Comment oublier les homards jouant à la batterie sur des coquillages, les oursins roses, hippocampes chorégraphes et autres poissons barytons? Sans vous révéler le détail de la nouvelle version de cette chanson mythique, on peut vous dire que la magie est réussie, voire décuplée, et qu'elle invite des créatures maritimes éblouissantes. Tourné en partie en studio et en partie sur les côtes turquoises de la Sardaigne, le film recréé ainsi la même ambiance que l'original, en y ajoutant toutefois un aspect plus grandiose: grâce à des effets spéciaux réussis, on sent davantage à quel point la mer est immense et puissante.

Seul petit point négatif de ce réalisme impeccable: les cheveux mouillés des sirènes et sirins, lorsqu'elles et ils remontent à la surface. En effet, le pauvre roi Triton (incarné par Javier Bardem) perd un peu de sa superbe lorsqu'il apparaît à l'air libre, la crinière gorgée d'eau et aplatie contre sa nuque. Voilà une question que les dessinateurs-trices n'avaient pas besoin de se poser, en 1989!

Des artistes brillant-e-s

La performance de Halle Bailey est mémorable, autant par son jeu que par ses prouesses vocales. À seulement 23 ans, l'artiste américaine nous donne des frissons et propose une interprétation tout aussi émotionnelle de Partir là-bas, avec quelques notes digne de Mariah Carey ou Demi Lovato. On sent à quel point elle fourmille de découvrir la terre ferme, de gambader sur la plage, et à quel point son cœur brûle. Grâce à son talent, le sacrifice et le courage d'Ariel sont d'autant plus palpables... Sans doute qu'en grandissant, les premiers et premières fans du dessin animé sont plus en mesure de saisir la souffrance de l'héroïne, confrontée à un choix cornélien.

De son côté, Melissa McCarthy est brillante dans le costume d'Ursula, qui lui va comme un gant. Révélant un talent vocal insoupçonné, elle avait pourtant avoué lors du Kelly Clarkson Show qu'elle «tremblait de peur» à l'idée de chanter dans le film. Charismatique et grandiloquente, sa version de Pauvres âmes infortunées est tellement réussie qu'elle frise la parodie. Les scènes où la sorcière des mers tente des postures de yoga cocasses, ses larges tentacules enroulées autour de son visage, nous donnent l'impression que le dessin animé a pris vie.

Des personnages plus développés

En 2022, au moment de dévoiler la première bande annonce, Disney avait également annoncé que le film comporterait quatre nouvelles chansons inédites. On ne vous révélera pas à quels personnages elles appartiennent, mais on peut vous dire ceci, sans vous spoiler: certains protagonistes sont dotés d'une psychologie un peu plus élaborée, ainsi que d'un passé plus détaillé qui explique certains pans de leur caractère. Le voyage d'Ariel et sa plongée dans l'inconnu sont également plus développés, tandis que sa relation avec le prince Eric, incarné par l'acteur britannique Jonah Hauer-King, éclot de manière plus progressive. Bien sûr, les déclarations d'amour éternel restent plutôt hâtives (c'est le coup de foudre à la Disney), mais l'ensemble est tout de même un brin plus crédible.

Par ailleurs, le prince possède une vie intérieure plus fournie et devient ainsi un personnage plus attachant, dont on apprécie la vision plutôt moderne de la société. On ne vous en dira pas davantage mais si, enfant, vous hébergiez un petit crush pour la version dessinée du prince Eric, vous ne serez probablement pas déçu-e.

Un message écologique

À voir des décors aussi beaux et des poissons aussi colorés (certes réalisés artificiellement, mais sur la base de vraies espèces!), on a immédiatement envie de se pencher sur la composition de notre crème solaire, afin de protéger les fonds marins. Si la question écologique est brièvement abordée par les personnages au début du film, le scénario n'entre pas dans les détails. Or, le simple fait de découvrir cet univers dissimulé sous les vagues, mis à mal par l'humanité, l'envie de le protéger est automatique.

Une magie décuplée

Grâce à la technologie moderne, aux effets spéciaux et à l'effet 3D, on s'immerge dans ce film comme dans l'eau tranquille de la mer. Après quelques minutes d'adaptation aux mouvements de la caméra, qui tournoie à la manière d'un poisson en pleine brasse coulée, on s'y croirait vraiment. Et puisqu'avec les live action de Disney, on dit souvent que «ça passe ou ça casse», le verdict est positif: Ariel a réussi son pari, en préservant la nostalgie de la production originale tout en la sublimant.

Depuis la sortie du film, barrettes en forme de coquillage et autres robes de sirène opèrent un come-back de la mode 90's et chaque sirène ou sirin en herbe retrouve ses rêves de nager avec les dauphins. Par ailleurs, les cours de mermaiding (discipline sportive consistant à nager avec une queue de sirène) sont toujours d'actualité en Suisse romande. Le mercredi 24 mai 2023, jour de la sortie du long-métrage, la sirène professionnelle Jessica, de Mermaid Apnoe Academy, sera présente de 15h à 18h au Cinétoile de Prilly (VD), dans sa tenue aquatique. Les enfants auront tout le loisir d'essayer une nageoire à leur tour et de se prendre en photo. Ariel n'a pas fini de répandre sa magie et son message de bienveillance. Le monde en a bien besoin.

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