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Art: 11 expositions de femmes à voir ce printemps

11 expos de femmes artistes a voir ce printemps en suisse et ailleurs

Ce cliché de la photographe féministe Ruth Orkin intitulé American girl in Italy, où l'on voit une nuée de passants masculins se retourner sur une jeune femme, est l'une de ses œuvres les plus emblématiques.

© RUTH ORKIN/PHOTO ARCHIVE

Hilma af Klint, une pionnière de l'abstraction

Quelle est la différence entre Piet Mondrian et Hilma af Klint? Le premier est mondialement célèbre, tandis que la seconde est presque inconnue. Pourtant, ces deux artistes furent tous les deux des précurseurs de l'abstraction en peinture. L'un aux Pays-Bas, l'autre en Suède, ils commencèrent par des œuvres figuratives, avant de basculer dans des sujets abstraits aux formes géométriques fascinantes.

Mais la discrétion d'Hilma af Klint dans les manuels d'histoire de l'art est, elle, incompréhensible: non seulement ses tableaux et ses dessins sont superbes, mais elle a peint des œuvres abstraites dès les années 1900, avant la plupart des artistes traditionnellement présentés comme les pionniers: Delaunay, Braque, Malevitch ou évidemment Mondrian. Mais alors que nombre de peintres de l'époque privilégient les lignes, les angles et les couleurs primaires, esprit du futurisme oblige, la Suédoise déploie un univers fabuleux aux formes organiques, plein de courbes, de cercles, de spirales pastels, à mi-chemin entre l'herbier psychédélique et l'objet céleste non identifié.

La mise en regard des deux œuvres dans cette exposition londonienne montre qu'Hilma af Klint a véritablement sa place parmi les artistes majeurs du XXe siècle. Et c'est un euphémisme.

Hilma af Klint & Piet Mondrian, Forms of Life, jusqu'au 3 septembre 2023, Tate Modern, Londres.

Ruth Orkin, une photographe féministe

Son cliché intitulé American girl in Italy, où l'on voit une nuée de passants masculins se retourner bien peu discrètement sur une jeune femme blonde marchant sur un trottoir, est devenu l'une de ses œuvres les plus emblématiques. Et pour cause: Ruth Orkin est animée par l'idée de dénoncer l'emprise des hommes sur le monde.

Le travail de cette artiste née à Boston favorise la photographie de rue, mais pas tellement pour la recherche de l'anecdote, de la scène insolite: elle y guette surtout ce qui raconte l'empowerment féminin. Des petites filles qui lisent devant leur immeuble, des femmes qui font leur shopping entre copines, des élégantes parcourant la ville sans se soucier des regards des autres, ou encore son amie Jinx Allen, qu'elle suit dans les rues italiennes pour surprendre le comportement des machos à son égard.

Ruth Orkin, décédée en 1985, a également signé de superbes portraits de stars de l'époque, dont Marlon Brandon, Lauren Bacall ou Leonard Bernstein. Une magnifique artiste à redécouvrir dans cette expo turinoise.

«Ruth Orkin, American Girl in Italy», jusqu'au 16 juillet 2023, Musei Reali, Turin.

Doris Salcedo, une plasticienne engagée

Née en 1958, cette Colombienne est l'une des artistes contemporaines les plus déroutantes. Ses installations convoquent des objets de tous les jours ainsi que des matières organiques, souvent dans une optique engagée politiquement. La profonde influence qu'a eu le Land-Art sur elle explique sa propension à imaginer des œuvres simples mais monumentales, s'intégrant dans le paysage urbain.

Comme cet immense mémorial de 5000 roses qu'elle monte à Bogotá, sa ville natale, ou cette montagne de 1600 chaises élaborée dans les rues d'Istanbul. La plasticienne présente cette année à la Fondation Beyeler une œuvre en hommage à tous les migrants morts en tentant de traverser la Méditerranée. Bouleversant.

«Doris Salcedo, Palimpsest», jusqu'au 17 septembre 2023, Fondation Beyeler, Bâle.

Des femmes surréalistes comme Dorothea Tanning

Salvador Dalí, René Magritte, Giorgio de Chirico ou encore Pablo Picasso... Dans l'imaginaire collectif, les peintres surréalistes sont d'abord des hommes. Erreur! Comme le montre cette passionnante exposition, des artistes femmes de grande envergure – mais dans l'ombre de leurs collègues mâles, comme souvent – ont également écrit l'histoire de ce mouvement majeur de l'art du XXe siècle.

C'est notamment le moment d'aller découvrir l’œuvre de Dorothea Tanning, à qui la Tate Modern avait consacré une rétrospective en 2019, de même que celles de Claude Cahun, de Leonora Carrington, de Suzanne Van Damme, ou de redécouvrir les créations de Dora Maar, Lee Miller, Meret Oppenheim, loin d'être réduites au rôle de muses ensorcelantes dans lequel les artistes masculins de l'époque les représentaient.

«Surréalisme au féminin?», jusqu'au 10 septembre 2023, Musée de Montmartre, Paris.

Diane von Furstenberg, une créatrice iconique

Intemporelle, confortable et élégante. Son iconique wrap dress, ou robe portefeuille, pièce née de la fusion d’une robe-chemise et d’une jupe, et que l’on ferme à la façon d’un kimono, s’est imposée dans le paysage depuis un demi-siècle, séduisant notamment Amy Winehouse ou Michelle Obama. Une invention de génie qui a vite propulsé Diane von Furstenberg parmi les personnalités phares de la mode de la seconde moitié du XXe siècle.

À l’occasion des cinquante ans de sa robe fétiche, justement, la Belgo-Américaine fait l’objet d’une grande rétrospective dans sa ville natale, au Musée Mode et Dentelle. L’exposition explore ses créations au fil des décennies, de ses premières tentatives en Europe à sa consécration planétaire, en passant par son installation aux États-Unis en 1970, où son style mariant l’empowerment à l’américaine et la dolce vita à l’italienne a marqué plusieurs générations de femmes.

«Diane von Furstenberg. Woman Before Fashion», jusqu’au 7 janvier 2024, Musée Mode et Dentelle, Bruxelles.

Suzanne Valadon, une grande artiste méconnue

Étonnant parcours que celui de Marie-Clémentine Valadon, alias Suzanne Valadon. Cette ténébreuse brune au caractère bien trempé se fait d'abord connaître comme muse des peintres impressionnistes et autres artistes de cette fin de XIXe siècle: Renoir, Puvis de Chavannes, Toulouse-Lautrec, Erik Satie (qui n'est pas seulement pianiste mais aussi dessinateur) et peut-être même Van Gogh tombent sous son charme et en font leur modèle.

Des expériences aux côtés des plus grands qui lui permettent de perfectionner sa propre technique. Car Suzanne Valadon est également une artiste à ses heures. Au fil des années, son style s'affirme et attire l'attention d'Edgar Degas, qui sera l'un des premiers à acheter ses œuvres et à l'encourager dans cette voie. La jeune femme excelle surtout dans le dessin et le pastel, avant de se mettre à la peinture.

À la fin de sa vie, elle est devenue une figure connue du monde artistique parisien, amie de Picasso, Derain ou Braque, qui viennent l'accompagner dans son dernier soupir en 1938. Son fils, Maurice Utrillo, s'est ensuite imposé comme l'un des plus grands peintres de la première moitié du XXe siècle. Il va sans dire qu'une grande rétrospective s'imposait pour découvrir cette figure majeure du Paris artistique.

«Suzanne Valadon», jusqu'au 11 septembre 2023, Centre Pompidou-Metz.

Sarah Bernhardt, une actrice mythique

L’expression «monstre sacré» avait été inventée par Jean Cocteau pour la qualifier. C’est dire si cette figure du théâtre du XIXe siècle et de la Belle Époque a marqué les esprits de son vivant. En cause? Son jeu sur scène, d’un nouveau genre, sensuel et incarné, d’une féminité affirmée, au point que les plus conservateurs boycottèrent certaines de ses représentations. Son excentricité aussi: elle faisait parfois sa sieste dans un cercueil comme pied-de-nez à la mort.

À la fois artiste et muse, cette Parisienne n’a laissé personne indifférent, à commencer par les grands auteurs de son temps, Victor Hugo, Edmond Rostand ou Sasha Guitry, qui la vénéraient. Le Petit Palais décrit le parcours de l’une des premières stars internationales de l’histoire, qui rayonna sur la culture, la mode et la société bien avant que les lumières du cinéma façonnent les premières étoiles hollywoodiennes.

«Sarah Bernhardt, et la femme créa la star», jusqu’au 27 août 2023, Petit Palais, Paris.

Lavinia Fontana, une peintresse rebelle de la Renaissance

Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette femme détonnait dans la société de la Renaissance. Peintresse très douée, Lavinia Fontana (1552-1614), née à Bologne, s'imposa rapidement dans les cercles culturels italiens malgré l'omniprésence des hommes. Son mari, peintre également, préféra mettre son art entre parenthèse pour devenir l'assistant de son épouse dans un geste plutôt avant-gardiste.

Croulant sous les commandes officielles, Lavinia Fontana fut bientôt remarquée par le pape Clément VIII en personne, qui la nomma portraitiste officielle à la cour pontificale. Elle fut en outre l'une des premières artistes femmes de l'histoire de l'art occidental à représenter des nus en peinture. Ses autoportraits, dont l'un est conservé aux Musée des Offices de Florence, la montrent dans des habits somptueux, signe de son ascension sociale conséquente comme artiste en dépit de son sexe.

En couronnement de sa carrière, elle fut d'ailleurs élue à l'Académie des Beaux-Arts de Rome. Passionnant personnage auquel la National Galery of Ireland consacre une belle rétrospective.

«Lavinia Fontana: Trailblazer, Rule Breaker», jusqu'au 27 août 2023, National Galery of Ireland, Dublin.

Germaine Richier, une sculptrice aux figures fantastiques

Son talent de sculptrice et sa place dans l'histoire de l'art la mettent au même niveau que Rodin, Camille Claudel ou César. Pourtant le nom de Germaine Richier n'est pas celui qui nous vient à l'esprit lorsqu'il est question de génies de la sculpture. Une place dans l'ombre que compte enfin déplacer dans la lumière cette grande rétrospective du Centre Pompidou, via près de 200 œuvres de cette artiste majeure, dont «L'Ouragane», une figure féminine en bronze au traitement brut, débordant de matière, qui annonce les expérimentations à venir dans la sculpture de la seconde moitié du siècle.

Ses œuvres exécutées avant sa disparition précoce en 1959 sont encore plus fascinantes, mettant en scène d'étranges silhouettes animales métalliques qui se décharnent, comme dévorées par l'acide.

«Germaine Richier», jusqu'au 12 juin, Centre Pompidou, Paris.

Niki de Saint Phalle, une star de l'art moderne

On ne présente plus Niki de Saint Phalle, l'une des plus grandes créatrices du XXe siècle, dont les œuvres dégagent une puissance rare et trouvèrent leur climax dans l'architecture magique des Jardins du Tarot, en Toscane. Le SHIRN de Francfort propose ce printemps une belle exposition rétrospective de son parcours artistique via des œuvres iconiques, dont ses fameuses nanas, mais aussi ses tableaux, peut-être moins connus du grand public.

La scénographie des salles fait résonner les couleurs des murs avec celles des pièces exposées, contribuant à immerger le visiteur dans l'univers esthétique de l'artiste. Mais mieux vaut se dépêcher, car l'exposition se termine bientôt...

«Niki de Saint Phalle», jusqu'au 21 mai 2023, SHIRN, Francfort.

Alexandra David-Neel ou Lucie Cousturier, des voyageuses au long cours

Derniers jours pour courir voir cette exposition dédiée aux femmes artistes voyageuses, et organisée juste de l'autre côté du Léman. Outre la célèbre Alexandra David-Neel, on y découvre 200 œuvres de figures souvent beaucoup moins connues, telles Jeanne Thil ou Lucie Cousturier.

L'essentiel des artistes mises en avant ont pérégriné entre la fin du XIXe siècle, moment social charnière permettant aux femmes reporters de mieux faire connaître leur travail, et l'avant-guerre, période où les empires coloniaux européens sont à leur apogées et offrent des opportunités de voyage inédites.

«Artistes voyageuses: L'appel du lointain, 1880-1944», jusqu'au 21 mai 2023, Palais Lumière, Evian.


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