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L'édito d'Alexandre Lanz: «Rage contre la machine»
«Nous avons proposé au duo de création digitale lausannois Get It Studio de projeter les grands classiques de l’histoire de la mode dans un univers onirique.» - Alexandre Lanz
© ELSA GUILLETTout n’est qu’une illusion. Le pape en doudoune immaculée façon bonhomme Michelin, suivi il y a quelques jours du couronnement de Charles III: telle une satire digitale, les images inspirées de l’actualité passent désormais à la moulinette de l’intelligence artificielle. À la fois fascinants et effrayants, sublimes et dans certains cas hilarants, ces mirages numériques parfois plus vrais que nature inondent le fil de nos vies connectées. Pour le meilleur et pour le pire.
Réflexe humain face aux robots que nous générons, on craint aussitôt qu’ils nous déciment. Décidément, le fond de l’ère du fake est anxiogène. Drôle d’animal, l’humain est ainsi fait: on se fait mousser avec nos propres inventions tout en les défiant comme l’ennemi juré. Sauf que là, pour la première fois de notre histoire, on se retrouve face à une intelligence qui pourrait rapidement devenir autonome et prendre des décisions à notre place. Glaçante perspective. Lundi 1er mai 2023, le «parrain de l’IA» Geoffrey Hinton annonçait dans le New York Times sa démission de chez Google, dans l’objectif de pouvoir parler librement des dangers que comporte l’avenir de cette technologie.
Geoffrey Hinton, an AI pioneer, quit his job at Google, where he has worked for more than decade, so he can freely speak out about the risks posed by AI. “It is hard to see how you can prevent the bad actors from using it for bad things,” he said. https://t.co/ahvSZRavfN
— The New York Times (@nytimes) May 2, 2023
Le travail d'une IA en Une
Pourtant, l’intelligence artificielle est partout. C’est aussi indéniable qu’inaltérable. Afin d’en tirer le meilleur parti, nous avons décidé de nous en remettre à l’IA pour la réalisation de la couverture et de la série mode du numéro du 14 mai 2023. Pour ce faire, nous avons proposé au duo de création digitale lausannois Get It Studio de projeter les grands classiques de l’histoire de la mode dans un univers onirique.
Premier constat heureux pour l’intelligence humaine, si l’intelligence artificielle est à notre portée, encore faut-il savoir comment la nourrir pour qu’elle génère du contenu pertinent. Pour se faire une idée, il a fallu une trentaine d’heures et non moins de 1000 images pour arriver à ce résultat.
Le dénouement de ce travail de longue haleine est d’autant plus bluffant qu’il est 100% fake.
Moralité de cette aventure, soyons certains que par défaut, l’IA met en lumière l’importance des compétences humaines et la beauté de l’imperfection qui en découle. Et on se remémore cette pensée de Fritz Lang, le réalisateur de Metropolis dans lequel un androïde menait la population d’une ville vers la révolte. À la sortie du film en 1927, il disait: «Sans le cœur, il ne peut y avoir de compréhension entre la main et l’esprit.»
