Collab mode et pop
Kylie Minogue et le styliste William Baker, un duo glamour
«Il a commencé par être mon styliste, aujourd’hui c’est mon ami, mon mari gay», a dit un jour la star à propos du designer William Baker.
© GETTY IMAGES/JEFF SPICERKylie Minogue, c’est LE comeback de l’année. La chanteuse de Can’t Get You Out of My Head, qui a fait des mélodies entêtantes sa signature, sortait il y a quelques semaines Padam Padam. Ce nouveau hit dont le titre fait un clin d’œil au classique éponyme d’Edith Piaf donnait le «la» à l’été 2023.
À 55 ans, Kylie est une pop star internationale. Sa réputation de gentillesse la précède. Miracle à l’ère des trolls et des haters, tout le monde l’adore. Elle honore son titre de princesse de la pop avec d’autant plus de mérite, qu’elle a dû, pour y accéder, s’extraire de son image de girl next door des débuts.
Pour sophistiquer son aura fortement empreinte de son personnage Charlene Robinson dans Neighbours, un des soap operas les plus populaires des années 80, elle comprend rapidement qu’il va falloir s’attirer les faveurs des designers de mode les plus médiatisés. Entre le confort des amples salopettes couleur kaki de Charlene au caractère de garçon manqué et le fameux hot pant du clip de Spinning Around quelques années plus tard, Kylie fait le grand écart. Un peu comme si elle passait des rayons d’un magasin de bricolage aux étages feutrés d’une enseigne de haute couture avenue Montaigne à Paris.
Et soudain, la métamorphose
Prémice d’une décennie – les nineties – placée sous le glamour façon Kylie, son instant X a lieu le 20 décembre 1989. Ce soir-là, elle arrive à la première de son nouveau film The Delinquents au Sydney Convention and Exhibition Centre en Australie, son pays natal. Exit l’ex lisse et blondinet Jason Donovan. À son bras, elle sort son nouveau boyfriend, le bad boy Michael Hutchence, leader du groupe INXS. La métamorphose n’échappe à personne.
Ange ou démon, Kylie s’amuse à brouiller les pistes. Ce soir-là, elle choisit de camoufler ses innocentes boucles sous une perruque blonde courte. Elle porte une minirobe à paillettes de l’éphémère label australien Morrissey & Edmiston. Sous les flashes des photographes, la star des ados qui allait inspirer la chanson Suicide Blonde à Michael Hutchence opère sa mue vers la phase plus mature de sa carrière, deux ans après son premier hit I Should Be So Lucky en 1987.
Cette transformation n’est que la première d’une longue série. À l'ère du clip, Kylie maîtrise subtilement l’évolution de ses looks et se délecte d’incursions stylistiques parfois plus radicales.
Pas l’ombre d’un faux pli
En près de quarante ans de carrière, elle connaît des hauts (beaucoup) et des bas (quelques-uns), ponctués d’une succession de come-back comme autant de résurrections pop. Le plus spectaculaire demeure celui qui donne le ton aux années 2000. Il s’agit de Can’t Get You Out of My Head et son refrain qui fait lalala en 2001. Plus Monroe que Marilyn elle-même dans le clip qui accompagne le plus gros succès de toute sa discographie, on la voit se contorsionner dans une chorégraphie sensuelle, vêtue d’une combi raëllienne à capuche fendue jusqu’en haut des cuisses.
Nombril à l’air, elle orchestre son upgrade pop sans un seul faux pli. Sa silhouette tape dans l’œil de Jean Paul Gaultier, qui écrit dans l’introduction du livre Kylie: Fashion: «Qui pourrait oublier cette combinaison blanche et ses ouvertures si profondes qui donnent envie à tout le monde d’imaginer la peau délicate et blanche de Kylie.»
Ce virage iconique n’est pas le fruit du hasard. Dans l’ombre de la star, son styliste attitré s’amuse à créer ses looks comme il jouerait à la poupée Barbie. Cet homme, c’est William Baker. Pendant ses études, il travaille en tant que vendeur pour Vivienne Westwood. C’est là qu’il rencontre Kylie Minogue. Commence alors une amitié amoureuse entre le jeune homme gay et la chanteuse, objet de son désir. De lui, Kylie dit un jour:
«Il a commencé par être mon styliste, aujourd’hui c’est mon ami, mon mari gay.»
Après une décennie d’une collaboration fructueuse, la chanteuse renouvelle son équipe artistique et chacun repart dans le tourbillon de la vie.
Mais avant cela, elle orchestre minutieusement avec lui son entrée fracassante dans le nouveau millénaire avec Spinning Around. Si personne n’a oublié le clip qui accompagne la chanson, ce n’est pas tant pour sa virtuosité, mais plutôt pour son microshort en lamé or. Quatre ans après la sortie de son album Impossible Princess en 1997, le moins lucratif de sa carrière, elle termine sa traversée du désert en beauté en devenant officiellement la princesse de la pop.
En guise de célébration de ce couronnement, Kylie Minogue embarque pour une tournée internationale en 2002. Pour ses costumes, elle fait appel au duo de designers italien, ses amis Dolce & Gabbana, qui dessinent l’intégralité de sa garde-robe. En plus d’être la chanteuse chérie de plusieurs générations qui aiment danser sur ses refrains entêtants, Kylie est une véritable figure de mode. Consécration du parcours de l’amazone du style contemporain, le Victoria &Albert Museum de Londres célèbre l’évolution en images de son épopée glamour dans le cadre de l’exposition Kylie-The Exhibition, en 2007.
