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Yera et Léonilde: «Le cancer nous pousse à rêver plus grand»

Yera et Léonilde: «Le cancer nous pousse à rêver plus grand»

«Personne ne devrait avoir à se cacher, quel que soit son handicap. Ma poche représente désormais une force.» - Yera Moreno

© SANDRA POINTET

Vous connaissez peut-être leurs visages, car Yera Moreno et Léonilde Torrini sont des habitué-e-s du petit écran. On a pu admirer leur grâce et leur connexion passionnée lors de l’émission La France a un incroyable talent en 2020, où le duo de danseur-euse-s s’est hissé jusqu’en demi-finales. En 2023, c’est en Espagne dans le cadre de l’émission Got Talent que les Genevois-e-s se sont produit-e-s. À cette occasion, le couple au travail comme à la ville a même bouleversé le public puisque Léonilde, 27 ans, a demandé la main de Yera, 24 ans, sur scène pendant les auditions filmées.

«Nous avons commencé à collaborer en 2016, pour un battle qui mêlait salsa et breakdance», se souvient Léonilde. «On s’est rencontrés en 2015 alors que nous suivions la même formation de CFC en danse contemporaine à Genève, reprend Yera. On s’est rapproché-e-s car on faisait le même trajet en train. Ça a été le coup de foudre», glisse-t-elle.

Lui est né dans une famille de danseur-euse-s à Lausanne. «Je dansais déjà dans le ventre de ma mère. C’est elle qui m’a transmis cette passion.» Léonilde essaie de nombreuses disciplines, danse latine, claquettes, cirque, capoeira, il suit même un apprentissage de cuisinier, avant de trouver sa voie dans la danse contemporaine, le hip-hop et l’acrobatie. Elle est originaire de Colombie, où la musique et la danse sont inextricables et omniprésentes. «Je suis arrivée à Vevey à l’âge de 8 ans pour suivre ma mère qui a émigré par amour.» Yera découvre d’abord le piano, puis la danse à travers les clips musicaux lorsqu’elle est ado.

«Ma plus grande inspiration a toujours été Shakira. Nous sommes d’ailleurs originaires de la même ville.»

Elle se lance dans la danse classique, rêve d’intégrer le ballet Béjart, puis bifurque et se spécialise en contemporain.

Une évolution devant les caméras

Léonilde, finaliste de l’émission Alors, on danse sur la RTS en 2017, est en contact avec la production de La France a un incroyable talent, émission qu’il suit depuis gamin. «On s’est présentés en duo avec Yera. Au bout de la troisième tentative, on a enfin été sélectionné-e-s, raconte-t-il. C’était en 2020, on a donc passé le confinement à travailler sur notre chorégraphie.»

Le couple s’est inspiré d’une année de relation à distance, lorsque Yera étudiait à Madrid, pour imaginer sa prestation. «On avait remporté la deuxième place de la compétition World of Dance en 2019 – notre première consécration en duo –, nous avions donc confiance en nos capacités, explique Yera, mais les critères de la télévision sont différents.» Finalement, le couple ira jusqu’en demi-finale, pour laquelle il a dû préparer une nouvelle choré en vingt-quatre heures. Un exploit.

L’émission a offert une notoriété bienvenue aux danseur-euse-s. Et qui dit notoriété dit contrats. Dans un métier peu valorisé en tant que tel en Suisse, comme en témoignent volontiers Yera et Léonilde, la télévision est un tremplin.

«Cette expérience a lancé notre carrière commune, pour laquelle on a travaillé dur et qu’on a consolidée en participant à d’autres événements, ajoute Yera, notamment Stadt Land Talent sur SRF en 2020 ou encore Got Talent España en 2023. Notre objectif? rit-elle, America’s Got Talent

En juin 2023, alors que le couple interprétait sa choré sur le plateau de Got Talent España lors des auditions, Léonilde s’est agenouillé devant Yera pour la demander en mariage. «Le plus beau jour de ma vie, se souvient la jeune femme avec émotion, son bracelet de fiançailles au poignet. C’était une vraie surprise, car il m’a toujours répété ne pas vouloir se marier. Moi, c’était mon rêve.»

De retour en Suisse, le couple est sursollicité et Yera fatigue. La jeune femme est hospitalisée pour des douleurs à l’abdomen. «J’avais peu d’appétit et une boule dure dans le ventre. Je me suis rendue à plusieurs consultations auparavant, mais mes douleurs n’ont pas été prises au sérieux. On me disait tour à tour que c’était mes règles, une appendicite, des calculs rénaux ou la constipation.»

Des examens plus poussés confirment que Yera est en train de subir une occlusion. «Je ne pouvais même plus avaler ma salive. J’ai donc été opérée en urgence le 26 juin.» Le diagnostic tombe: la jeune danseuse est atteinte d’un cancer du côlon de stade 4. «Mes proches pleuraient lors de l’annonce, j’étais comme dans un cauchemar», confie-t-elle.

«Je ne connaissais rien de la colostomie. Après l’opération, j’ai osé regarder ma poche seulement le troisième jour. Là, j’ai vraiment réalisé que j’étais malade. Mais j’ai souhaité prendre en main ma nouvelle vie et m’occuper de changer ma poche moi-même.»

Transformer la maladie en force et en inspiration

La jeune femme commence la chimiothérapie et doit encore passer des examens pour connaître l’étendue des métastases. «Mon cancer m’a redonné la foi, et la foi m’a offert l’espoir. J’avais mis la religion de côté en arrivant en Suisse. Aujourd’hui, j’ai renoué avec la spiritualité et, mentalement, je me sens guérie.» La pratique de la danse est primordiale pour aider Yera et Léonilde à traverser cette épreuve. Le couple s’est même inspiré du cancer pour imaginer une nouvelle choré autobiographique à présenter aux demi-finales de Got Talent España.

Depuis l’annonce de la maladie, les danseur-euse-s ont dû ajuster leur quotidien.

«On profite plus du moment présent, confie Léonilde. On prend notre temps et on écoute mieux nos corps.»

«Je ne m’impose plus de limites, reprend Yera. Bien sûr parfois j’ai peur. Je me trouve forcément confrontée à la mort. Mais lorsque cette pensée m’effleure, je nous imagine, Léo et moi, avec des rides.»

La jeune femme cache son état de santé à ses ami-e-s et à ses abonné-e-s pendant deux mois. Puis elle décide de s’afficher comme la femme forte qu’elle est et poste des vidéos sur les réseaux sociaux où on la voit danser fièrement avec sa poche.

«Ma maladie ne change pas mon identité. Mais je crains de perdre des opportunités de contrat à cause de mon handicap.» Son objectif? Normaliser la colostomie. Yera souhaite aussi danser pour des gens atteints du cancer, afin de leur donner de l’espoir. «Le message que j’aimerais faire passer est que personne ne devrait avoir à se cacher, quel que soit son handicap. Ma poche représente désormais une force. Elle m’a sauvé la vie.»

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