témoignages
Ma lutte pour la FIV à l’étranger
Une infertilité difficile à vivre
Me marier et avoir des enfants constituait pour moi le cours normal des choses, mais mon corps en avait décidé autrement. Selon les médecins, tomber enceinte me prendrait sûrement du temps, car mes ovaires étaient «paresseux» et mon ovulation irrégulière. Pourtant, lorsque mon mari et moi avons décidé d’avoir un bébé, tout s’est passé rapidement et Noah a vu le jour en 2012. Un an et demi plus tard, nous envisagions déjà d’avoir un autre enfant. Mais les mois passèrent, sans succès. Après une batterie de tests, j’ai été diagnostiquée infertile, à l’âge de 32 ans. Bien sûr, j’avais déjà eu le bonheur d’être mère et, pour beaucoup, ce n’est pas si grave de ne plus pouvoir procréer.
Mais une infertilité est difficile à accepter, avec ou sans enfant. Etant fille unique, je ne voulais pas non plus priver Noah d’un frère ou d’une sœur. Je me suis alors renseignée sur la fécondation in vitro (FIV). Le web regorge d’informations sur les FIV à l’étranger. Les coûts y sont moins élevés et les techniques plus avancées. La loi suisse est en effet assez restrictive. Par exemple, le diagnostic préimplantatoire – pourtant accepté lors des votations populaires du mois de juin 2016 – n’y est toujours pas autorisé. Il en va de même du don d’ovocyte et de la culture des embryons.
Mes recherches sur la toile m’ont menée à une clinique tchèque spécialisée dans la procréation médicalement assistée. Son taux de réussite, ses prix peu élevés ainsi que sa bonne réputation m’ont convaincue. Mon mari m’a fait confiance et, quelques semaines plus tard, nous nous retrouvions à Brno, à quelques 200 km de Prague. Une FIV se prépare… D’abord, il y a la prise d’hormones et les piqûres puis, sur place, la ponction d’ovocytes et le transfert d’embryon. Le personnel de la clinique a été à l’écoute et m’a mise en confiance. Je suis tombée enceinte du premier coup! Mais la bonne nouvelle a été de courte durée. J’ai dû interrompre ma grossesse, car le bébé souffrait d’une anomalie importante. J’ai douté… Avais-je fait quelque chose de mal? La FIV était-elle responsable de cela? J’en ai parlé à un spécialiste qui m’a expliqué que l’intervention n’avait rien à voir avec le problème diagnostiqué chez l’embryon. Pas question de me laisser abattre, donc! A la clinique tchèque, il nous restait quatre embryons et j’étais déterminée à avoir un deuxième petit.
Le plus beau des cadeaux de Noël
Juste avant Noël 2014, je suis repartie à Brno. Pour des raisons professionnelles, mon mari n’avait pas pu se libérer. Mais je me sentais assez forte pour y retourner seule. Je connaissais déjà les lieux, le personnel médical et j’ai vécu l’aventure comme un voyage introspectif. Ces 48 heures n’ont appartenu qu’à moi seule. J’ai ensuite passé les jours qui ont suivi le transfert d’embryon «comme si de rien n’était». C’était une façon de me dire que, quoi qu’il arrive, la vie continuerait.
Juste avant la nouvelle année, nous avons appris que j’étais enceinte. Durant les trois premiers mois, j’ai multiplié les examens médicaux et me suis fait du souci pour le bébé… mais ma fille allait bien, heureusement! Durant ma grossesse, j’ai eu l’idée de créer un site internet pour aider les parents désireux de recourir à une FIV à l’étranger. Je pensais pouvoir leur parler de mon expérience, répondre à certaines de leurs inquiétudes, leur donner des bons plans sur la ville de Brno… Je m’informais énormément et travailler sur cette plate-forme m’occupait l’esprit. Je m’inquiétais moins pour la santé de mon bébé. Pourtant, je freinais la mise en ligne du site. Je me disais: «Comment épauler d’autres parents dans la concrétisation de leur désir d’enfant si moi je n’arrive pas à avoir ce deuxième bébé?»
La petite Liv est née en septembre 2015. Comme avec tout nouveau-né, les premiers mois ont été chargés. Il m’a fallu encore quelque temps avant de lancer mon site. Enfin!
L’expérience d’une patiente
Généralement, ce sont les femmes qui me contactent. Je fais alors le lien avec la clinique de Brno. Concrètement, j’écoute les futurs parents puis je les aide à récolter les informations dont ils ont besoin pour déposer leur demande. Je leur donne également des conseils sur le logement, les transports publics et réponds à leurs questions. Je ne me substitue jamais aux soignants, leur transmettant toutes les questions d’ordre médical. Je me base sur mon expérience et les connaissances acquises aux travers des discussions avec les médecins de la clinique. Un accompagnement de patiente à patients, en quelque sorte. Partir à l’étranger pour une FIV peut faire peur. On se retrouve dans un pays inconnu, on échange dans une langue – l’anglais principalement – qui n’est pas la nôtre… J’essaie de rendre cette aventure plus humaine. Je suis présente tout au long du processus, jusqu’au test de grossesse. Mon rêve? Pouvoir suivre les futurs parents jusqu’à la naissance de leurs petits. Mais mon projet n’a que quelques mois, je vais devoir attendre un peu pour cela.
En tout état de cause, pouvoir échanger avec quelqu’un qui est déjà passé par là est rassurant. Ce d’autant que le sujet est encore tabou en Suisse. Lorsque nous avons eu recours à la première FIV, nous n’en avons parlé à personne. Un peu par peur du jugement mais aussi par pudeur. J’ai parfois souffert de ne pas me confier à mes proches. Maintenant, c’est l’inverse, j’ai envie d’exposer mon histoire pour aider d’autres personnes. Que ce soit par FIV, par don d’ovocyte ou par adoption, avoir des enfants est naturel. C’est une continuité. Je comprends la détresse des parents qui souffrent de ne pas avoir d’enfant. De notre côté, il nous reste encore trois embryons à Brno mais nous ne savons pas encore si nous allons agrandir la famille. Je m’estime chanceuse d’avoir deux beaux enfants en pleine forme et, à nous quatre, nous avons trouvé un réel équilibre. Par ailleurs, cette plate-forme me prend beaucoup de temps et représente même désormais une partie de mes activités professionnelles, créant une autre forme d’équilibre personnel.
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