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Virginie Brawand, l’âme de «Passe-moi les jumelles»

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Virginie Brawand qui présente l'émission «Passe-moi les jumelles» sur RTS.

© Rebecca Bowring

«Quand j’étais petite, je me souviens avoir dit à ma mère que j’hésitais entre devenir cuisinière ou médecin. Elle a pris le temps de m’expliquer la différence entre les deux parcours pour me laisser le choix. Elle a toujours eu les pieds sur terre et le sens des réalités.» Et Virginie Brawand, 43 ans, a opté pour une troisième voie: celle de la baroudeuse, à l’affût des paysages à explorer et des gens à rencontrer. Notamment dans «Passe-moi les jumelles», sur la RTS, dont elle a repris la présentation en 2011. Après de hautes études internationales, elle fait son chemin à la Télévision romande depuis seize ans. Mariée à un biologiste qui enseigne au collège et maman de trois enfants – Emma, 15 ans, Salomé, 13 ans et demi, et Thomas, 9 ans et demi – la Genevoise tout-terrain combine sa passion du reportage et ses responsabilités au foyer.

Crinière brune en cascade, des yeux couleur herbe tendre et une allure très féminine, elle n’a plus rien à voir avec le garçon manqué d’antan. «Enfant, j’avais une sorte d’ambivalence. Je me sentais plus à l’aise avec les garçons et leurs jeux, mais quand j’allais chercher du pain à la boulangerie et que la vendeuse me disait: «Tu veux quoi, jeune homme?», cela me rendait folle!»

«Je portais les cheveux courts, raconte-t-elle. Et je passais mon temps à jouer avec ma sœur et mes voisins en bas de notre immeuble, près de la Servette, à Genève. Il y avait un jardin et très peu de circulation. J’en garde un formidable esprit de liberté!»

Le clown de la famille

«Avec ceux que je ne connaissais pas, j’étais du genre timide. Je ne répondais ni au téléphone ni à la porte, de peur d’être confrontée à un inconnu. Mais dès que j’étais en famille, je faisais le clown! J’avais le droit de jouer ce rôle car j’étais la plus jeune de la famille. Je me déguisais avec tout ce que je trouvais, j’imaginais des saynètes et des blagues pour attirer l’attention. Cela présageait peut-être ce que j’allais faire plus tard…»

Jusqu’à ses 11 ans, Virginie partage la chambre de Séverine, son aînée de deux ans. «Ensuite, nous avons déménagé dans un autre quartier de Genève. L’appartement était plus grand, donc nous avons eu deux chambres – ce que nous n’avons pas trop aimé, au début.» Puis les sœurs prennent goût à cette première forme d’indépendance, chacune personnalisant sa tanière selon ses intérêts propres. «Quand j’ai affiché un poster de Michael Jackson, puis un autre de Christophe Lambert en Tarzan dans «Greystoke», ma mère n’a pas dû beaucoup apprécier. Qu’importe, c’était ma manière de m’affirmer et, à l’adolescence, je l’ai beaucoup fait.»

La famille n’est pas très télé: «Je la regardais avec Séverine à des moments très précis, comme les dessins animés sur Antenne 2. Tout était assez cadré: les repas en famille, les heures de sommeil. Et puis mes parents ont toujours eu à cœur de nous mettre en contact avec la nature.»

Pour le Jeûne genevois, la journaliste se rappelle les pique-nique en famille au Marchairuz ou au Mollendruz. «C’était un rituel. Tout comme les fêtes de famille, les week-ends en Suisse allemande ou les vacances à Anzère, avec mes grands-parents maternels, dans notre chalet construit en 1979. Trois générations sous le même toit! J’ai fait là-bas mes premiers pas à ski.»

Les vacances à l'étranger

L’été, la famille a l’habitude de partir deux semaines en vacances hors de nos frontières – en Bretagne, au Pays de Galle, à l’île de Ré, en Grèce… – et passe le reste du temps au chalet. «Comme ma mère, Mary-Christine, était enseignante à l’école enfantine, elle disposait de beaucoup de jours de congé. Elle était très présente pour nous, rentrant chaque jour à midi et nous préparant le repas. Ça a duré jusqu’à ma matu! Elle ouvrait les portes de la maison ou du chalet à tous nos copains. Elle était aussi très engagée dans la vie associative. J’ai beaucoup appris d’elle, tant mon goût de la cuisine et des bonnes choses que des activités créatrices.»

Dans le regard bercé par la douceur des souvenirs, un livre d’images semble défiler. «C’est ma mère qui portait la culotte… Elle savait nous donner l’impression d’une famille forte et heureuse.» Virginie Brawand laisse passer une minute de silence, comme dans «Passe-moi les jumelles», où l’image ne s’accompagne pas toujours de commentaires. «Physiquement, rebondit-elle, je lui ressemble trait pour trait. J’ai aussi son sens de l’organisation familiale, son énergie.» A son père, Hans, décédé en septembre 2014, c’est une relation très complice qui la lie. «Et plus je prends de l’âge, plus je me sens des points communs avec lui. Notamment sa réserve, son besoin de solitude, sa difficulté parfois à exprimer les choses.»

Aux urgences à 13 ans

Bernois d’origine, le père de Virginie a fait toute sa carrière aux PTT. «Il a commencé par le tri du courrier dans les wagons, puis a gravi les échelons pour finir chef de service au centre postal de Montbrillant, à Genève.» Et c’est dans cette ville qu’en 1966 il a rencontré Mary-Christine, Valaisanne par son père et Genevoise de naissance. «Moi je me sens fondamentalement Genevoise, c’est la ville qui me manque quand je pars. Mais quand j’étais petite, je me souviens d’une anecdote rigolote sur mes origines. Un jour qu’à l’école on devait tous se présenter devant la classe et nos parents, j’ai dit que j’étais Valaisanne. Ma mère s’est sentie flattée, même si surprise, mon père probablement un peu vexé… A ma décharge, il faut dire que je ne parlais pas le suisse allemand et que je côtoyais moins mes grands-parents paternels que maternels. Et puis notre chalet d’Anzère, où nous passions beaucoup de temps, explique sûrement cet attachement que j’ai toujours eu pour le canton du Valais.»


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«Mon père était pêcheur, reprend la journaliste. Solitaire, il aimait aller titiller la truite dans l’Allondon. Avec ma sœur, on le rejoignait le long des berges. Et on adorait déguster ses truites à la maison! Dans la famille, il avait ce côté autoritaire qui tranchait avec l’enjouement de ma mère. Taiseux, quand il parlait, c’était par besoin d’affirmer les choses.» Alors qu’elle devient une adolescente expansive, Virginie se souvient que son père était réservé. «Pourtant ma relation avec lui était privilégiée. On se comprenait à mi-mot. Je crois que j’ai beaucoup pris de mes deux parents, au final. Ma force de caractère et mon dynamisme me viennent certainement de ma mère. Mais il y a une certaine fragilité, aussi, qui fait partie de moi. Et ça, c’est mon père. Je trouve cela assez sain: je ne suis pas une forteresse!»

La fragilité, Virginie Brawand l’a expérimentée dès son plus jeune âge: bébé, elle a souffert de problèmes gastriques qui l’empêchaient de digérer. «Bébé, je ne dormais pas, je pleurais.» A 18 mois, elle est hospitalisée pendant un mois. A 13 ans, elle est opérée de l’estomac. «Moi qui étais une bonne vivante, l’intervention m’a presque fait perdre l’appétit. Mais avec le recul, je me dis que cela a été un moment charnière, un passage vers autre chose, comme la chrysalide devenant papillon…»

Randonneuse dans l’âme, Virginie Brawand privilégie aujourd’hui l’invitation au voyage. «Marcher, c’est déconcertant de simplicité. Et essentiel à mon équilibre. J’aimerais donner à mes enfants le goût de ces moments simples et privilégiés que je partageais déjà avec mes parents. Ils m’ont donné confiance en l’avenir, sans peur, ni anxiété inutile. Je m’efforce à mon tour de transmettre à mon fils et mes filles le plaisir de vivre l’instant présent.»

Passe-moi les jumelles, tous les vendredis, RTS1, 20 h 10.

Curriculum vitae

1972 Naissance de Virginie, le 23 octobre, à Genève, à la Clinique Bois-Gentil.

1988 Rencontre avec Pierre, son futur mari. «J’avais 15 ans et demi, au Collège Rousseau, où il enseigne d’ailleurs aujourd’hui.»

2000 Son expérience d’expatriée pendant trois ans. «J’ai suivi mon mari à Seattle, aux USA. Et nos deux filles y sont nées.»

Questions d’enfance

Une odeur d’enfance Quand on arrivait chez mes grands-parents, près de Thoune, mon père s’empressait d’ouvrir les portières de notre voiture et s’exclamait: «C’est l’odeur de chez moi!» Ça sentait le fumier des fermes alentour…

Mon premier amour Il s’agit plutôt de mon premier meilleur copain, car j’étais plus à l’aise avec les garçons… Il s’appelait Raphaël, Raphi pour moi. On a fait les 400 coups ensemble! Et je lui dois le surnom Ginou qu’emploient encore mes proches.

Un jouet fétiche Bébé, je tenais tout le temps un morceau de ouate avec lequel je me frottais le nez en suçant mon pouce.

Mon premier livre Je me souviens de «Tistou les pouces verts», de Maurice Druon, lu à l’école. J’avais 10 ans. Chacun de nous avait dû écrire une fin possible à cette histoire et ma rédaction avait été choisie pour en faire une pièce de théâtre jouée pour nos parents.

Mon premier animal domestique Quand j’avais 6 ans, mon chat «Gribouille», un chat de gouttière qui avait les couleurs d’un siamois. Il a été mon grand compagnon pendant dix-sept ans.

Ma friandise préférée Les caramels à la crème que cuisinait ma maman pour les nombreuses ventes de pâtisseries, mais aussi les bonbons chipés dans le magasin de tabac, sur le chemin de l’école…

La phrase que l’on me répétait et qui m’agaçait Au restaurant, au moment de la commande, mes parents me disaient: «N’aie pas les yeux plus gros que le ventre.»

Le vêtement dont j’étais fière Les robes à l’identique que ma mère cousait à ma sœur et moi. Mes enfants les ont ensuite utilisées comme déguisements!

L’héroïne qui me faisait rêver Heidi, car j’ai été bercée par le feuilleton culte des années huitante. Cette petite fille n’entrait pas dans le moule et vivait pieds nus, en liberté.

En été 1974, avec son papa, sur «La Mouette» à Genève.
Avec sa maman et sa grand-maman dans leur chalet à Anzère, en 1984.
«J’ai longtemps porté les cheveux courts. Ici à 14 ans, en 1986.»
Juin 1976 aux promotions, au parc des Bastions (GE), avec sa sœur Séverine.
A 6 mois: «L’une des photos préférées de ma mère».

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