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Serial killeuse: Aileen Carol Wuornos, tueuse d’hommes

Femina 28 Serial Killeuse Aileen Wuornos 00
© Naila Maiorana

Carte d’identité

Nom: Aileen Carol Wuornos (1956 - 2002)
Née à: Rochester (Etats-Unis)
Occupation: Prostituée auto-stoppeuse
Nombre de meurtres: Sept
Période d’activité: 1989 - 1990
Mode opératoire: Dénuder et tirer sur ses victimes
Sentence: Condamnée à mort par injection létale


©Photo by Florida DOC/Getty Images

La Floride a chaud, en ce mercredi 9 octobre 2002. Il n’est que 9 heures du matin et la température atteint déjà 25°. Mais Aileen Wuornos s’en moque. Il faut dire que, dans quelques minutes, elle va être exécutée par injection létale pour avoir assassiné au moins six hommes entre novembre 1989 et novembre 1990. En état de légitime défense, a-t-elle tenté d’expliquer. De sang-froid, a tranché la justice sans lui accorder la moindre circonstance atténuante. Elle aurait pu, pourtant. Car la plus célèbre tueuse en série des Etats-Unis n’a pas exactement ce qu’on appelle un «bon karma»…

Quand Aileen Wuornos naît, le 29 février 1956 dans le Michigan, sa mère, Diane, a tout juste 16 ans et son frère aîné, Keith, à peine plus d’une année. Son père, pédophile notoire, vient pour sa part d’être jeté en prison pour avoir violé et tenté de tuer un petit garçon de 8 ans. Autant dire que la situation n’est pas rose. Et s’assombrit encore en 1960, lorsque Diane abandonne ses enfants chez ses parents, Lauri et Bretta. De fait, au traumatisme de ce «largage» s’ajoute l’horreur d’un quotidien désormais fait d’alcool, de coups, d’humiliations et, pire encore, d’abus sexuels répétés de la part de son grand-père et de certains des amis de celui-ci. En 1971, à 15 ans, elle est mise à la porte par Lauri. Sans diplôme, sans qualification, sans aucun bagage, elle ne voit qu’une voie pour subvenir à ses besoins: la prostitution.

Descente aux enfers

Commence alors une vie d’errance, sur fond de bière, de drogue, de vol et de castagne. Pour gagner de l’argent, Aileen, qui ne se balade jamais sans une arme à feu, offre ses services sur le bord des routes où elle fait du stop.

C’est d’ailleurs ainsi qu’un beau jour de 1976, elle rencontre Lewis Fell, 69 ans, qu’elle accepte d’épouser. Malheureusement, la lune de miel est de courte durée: incapable de maîtriser ses humeurs ombrageuses, Aileen provoque des esclandres dans les bars où elle se saoule, fait scandale partout où elle passe et se met même à tabasser son vieux mari. Au bout de neuf semaines de ce régime, épuisé et terrorisé par cette furie, Lewis demande le divorce et, dans la foulée, obtient une injonction d’éloignement. Aileen reprend alors sa route. Toujours solitaire. Toujours armée. Et toujours aussi irascible, ce qui lui vaut d’ailleurs de nombreuses interpellations et quelques incarcérations.

Tel un bateau ivre, au gré des galères et du hasard, la demoiselle va où le vent l’emmène. Et voilà qu’en 1986, au détour d’une soirée arrosée, elle croise Tyria Moore, femme de ménage dans un bar de Daytona, en Floride. La passion est immédiate. Intense. Violente. Follement heureuse et transcendée par cet amour, Aileen y croit. Enfin.

Seulement voilà. En lui faisant tourner la tête, Tyria lui a fait perdre pied avec la réalité. Désormais dans un autre monde, mentalement parlant, Aileen ne se préoccupe que d’une chose: trouver de l’argent pour gâter sa «princesse». De plus en plus bagarreuse et hargneuse, elle est prête à tous les (mauvais) coups pour obtenir quelques dollars.

Comme lors de cette journée de novembre 1989, où elle monte dans la voiture de Richard Mallory, un commerçant de 51 ans qu’elle dénude, puis abat de plusieurs balles avant de le détrousser, dissimulant le corps dans une forêt. Comme six mois plus tard, quand elle rejoue ce sordide scénario avec différents partenaires – les malheureux Charles Dick Humphreys, ancien policier de 56 ans; David Spears, 43 ans, ouvrier du bâtiment; Charles Carskaddon, 40 ans, qui travaille dans le rodéo; Peter Siems, un retraité de 65 ans; Troy Burress, un vendeur de saucisses de 50 ans. Et, enfin, Walter Jeno Antonio, un camionneur de 62 ans.

La technique d’Aileen est bien rodée: une fois sa proie ferrée, elle la déshabille sous prétexte de lutiner, mais au lieu de cela, l’assassine et la dépouille. Puis dépose le mort dans un coin peu fréquenté et s’enfuit à bord du véhicule de sa victime – véhicule qu’elle abandonne généralement au bout de quelques jours au bord d’une route. Inutile de dire que cette mortelle randonnée ne passe pas inaperçue. Sur les dents, la police de Floride assemble des indices, recueille des témoignages, lance une grande campagne médiatique, bref, remonte la piste de cette tueuse en série.

Fin de partie

En janvier 1991, identifiée puis localisée, Aileen est arrêtée dans un bar de motards à l’occasion d’une opération qualifiée de «spectaculaire». Le lendemain, sa chérie est à son tour interpellée. Histoire de s’en sortir, celle-ci conclut un marché: elle obtient les aveux d’Aileen et, en échange, bénéficie «d’une procédure d’immunité judiciaire complète». Sans hésiter une seconde, Tyria trahit. Sous surveillance d’inspecteurs, elle téléphone à son amoureuse et s’arrange pour la faire parler, sachant que ces appels sont enregistrés et utilisés contre Aileen, qui craque et avoue tout. Mais précise tout de même que «tous ces hommes l’ont violée ou tenté de le faire» et qu’elle était donc en état de légitime défense. Cette version ne sera jamais prise en compte, pas plus que le constat des psychiatres, qui ont diagnostiqué «des troubles de la personnalité avec des désordres mentaux assimilés à la schizophrénie».

Au terme d’une longue procédure au cours de laquelle Tyria la charge lourdement, Aileen Wuornos, surnommée La Demoiselle de la mort par la presse, est condamnée à la peine capitale. Pour le jury, elle a froidement abattu six hommes – le corps de Peter Siems n’ayant jamais été découvert, ce meurtre-là n’a pu être retenu contre elle – et elle doit donc payer. Ce qui ne lui pose pas de problème, à vrai dire. Désirant être «droite vis-à-vis de Dieu», elle explique: «J’ai tué ces hommes, je les ai volés alors qu’ils étaient froids comme la glace. Et je le referais de nouveau. Il n’y a aucune raison de me garder en vie, car je tuerai encore. J’ai de la haine qui suinte de tous mes pores… j’en ai assez d’entendre cette chose: «Elle est folle» (…) Je suis compétente, saine et j’essaie de dire la vérité. Je suis celle qui déteste le plus fortement la vie humaine et je tuerai de nouveau.»

Le 8 octobre 2002, veille de son exécution, elle accorde une ultime interview au journaliste TV britannique Nick Broomfield, qui lui a déjà consacré des reportages aussi fascinants que glaçants. A cette occasion, entre deux délires, elle explique qu’elle se réjouit de retrouver Dieu grâce à qui elle pourra «punir» ceux qui lui ont fait du mal. Soudain, cédant à la rage, elle met fin brutalement à l’entretien: «Vous m’avez cassée, toi, la société, les flics et le système. Une femme violée va être exécutée et servir à écrire des livres, à faire des films et de la m…» Le lendemain, à l’heure de mourir, elle se lance dans une diatribe hallucinatoire. Et conclut d’une menaçante promesse: «Je reviendrai, je reviendrai!»

C’est dans ce bar de motards baptisé The Last Resort, dans le comté de Volusia (Floride), qu’Aileen Wuornos a été arrêtée le 9 janvier 1991, à l’issue d’une opération qualifiée de «spectaculaire».


©The LIFE Images Collection/Getty Images

Tyria Moore a-t-elle été activement complice d’Aileen Wuornos? Une chose est sûre: pour sauver sa peau, elle n’a pas hésité une seconde à charger celle qui l’aimait à la folie.


©biography.com

En 2003, la comédienne Charlize Theron incarne Aileen Wuornos dans le film «Monster», qui raconte la sinistre histoire de la serial killeuse depuis sa rencontre avec Tyria. Sa fabuleuse interprétation lui a valu l’Oscar de la meilleure actrice en 2004.

Plusieurs livres narrent la sanglante épopée de la tueuse. Dont le bouleversant «Dear Dawn», un recueil de lettres échangées entre Aileen et l’une de ses amies d’enfance, Dawn Botkins, pendant les dix ans qu’elle est restée dans le couloir de la mort.


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