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Romy Siegrist et Petites Luxures: Le duo des chroniques sexe «Femina»

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La sexologue vaudoise Romy Siegrist et l’illustrateur français Simon Frankart, alias Petites Luxures, sont aux manettes de notre page sexe depuis deux ans.

© PETITES LUXURES - DR

Une fois par semaine, ce tandem de choc fait rougir les derniers feuillets de notre magazine Femina et la rubrique sexo de notre site. La sexologue vaudoise Romy Siegrist et l’illustrateur français Simon Frankart, alias «Petites Luxures», sont en effet aux manettes de notre page sexe depuis deux ans. L’une signe le texte, particulièrement truculent, mais toujours bienveillant, quand l’autre dégaine le dessin, dont le style mêlant fugacité du trait et audace du propos fait merveille dans cet exercice.

S’ils ne se connaissaient pas avant d’être invités à travailler ensemble, il est évident que cette rencontre créative et intellectuelle a tout de suite fait des étincelles. L’une des recettes à l’origine de cette symbiose? Elle et lui partagent cet art de pointer des choses délicates sans provoquer de gêne. «Les dessins de Petites Luxures me parlent énormément, il y a de la beauté dans cette sobriété, confie Romy Siegrist. Finalement c’est comme dans la sexualité, il n’y a pas besoin d’en faire trop pour que ce soit bon.»

Et la sexologue de trouver une autre qualité à ce style très singulier: «Il y a beaucoup d’ouverture avec ces traits qui ne sont pas fermés, tout le monde peut les compléter mentalement à sa manière, c’est assez suggestif.»

Approche ludique

De son côté, Simon Frankart admire la vivacité d’esprit et l’inspiration de sa collègue, dont la passion pour son domaine est rapidement contagieuse. «On est en contact plusieurs fois par semaine tout au long du processus créatif, explique l’illustrateur. Elle me propose pas mal de thèmes et c’est très inspirant, comme si elle mettait du charbon dans la locomotive. On avance vraiment ensemble.»

À l’arrivée, le résultat est tellement organique que la page ne donne pas toujours l’impression d’avoir été composée à quatre mains.

«On est souvent sur la même longueur d’onde et on a la même approche ludique des choses, relève Romy Siegrist, il nous arrive de proposer un jeu de mots identique sur un thème sans s’être concertés au préalable.»

Mais au fait, comment devient-on spécialiste de la sexualité? Pour la chroniqueuse, les planètes semblent s’être alignées dès le plus jeune âge. «Enfant déjà, sans pour autant comprendre tous les détails, je sentais que c’était une grande zone d’intérêt chez les adultes, cela m’intriguait, se souvient la sexologue. Plus tard, mes parents m’ont bien informé sur le sujet, notamment en me présentant des livres pédagogiques.»

De Sade aux Liaisons dangereuses

Une curiosité précoce pour tout ce qui touche à la psychologie et aux sciences, ainsi que des lectures de bonne qualité sur le sujet, qui font bientôt d’elle une sorte de référente non officielle sur ces sujets, à la manière d’Otis, «le petit sexologue», dans la série Sex Education. «Des camarades venaient facilement vers moi pour des questionnements sur le sexe, sans doute parce que j’avais des informations sur ces thématiques, sur les pratiques sexuelles, l’anatomie, ou encore sur les règles. Je crois aussi que j’étais une bonne confidente.»

Avec le temps, Romy Siegrist développe son imaginaire en fréquentant la littérature érotique, de Sade à Kundera, en passant par Apollinaire et les incontournables Liaisons Dangereuses de Choderlos de Laclos. Comme l’univers de la psychologie la fait vibrer, c’est via cette discipline qu’elle rejoindra des études en sexologie. «Nombre de proches ont dit ne pas être très étonnés de ce choix de cursus, même si je crois que mes parents ont été, au départ, un peu gênés de le dire aux autres! Sans être un tabou chez eux, le sexe était plutôt un sujet d’humour à la maison, cachant une forme de pudeur.»

Pour Simon Frankart, en revanche, point de conseils sexologiques en culotte courte. C’est en 2014, alors qu’il est directeur artistique, que lui vient le déclic pour des illustrations un peu coquines.

«J’étais au fond du lit avec une grippe et je m’ennuyais ferme, puis, soudain, j’ai commencé à dessiner des choses sur ce thème.

Étant bien malade, j’étais fatigué et j’ai laissé les illustrations un peu inachevées. En revenant ensuite dessus, je me suis aperçu que cela créait un certain style. Ces essais ont fondé ce concept de dessin que les spectateurs finissent eux-mêmes.»

Du bien à l’âme… et au corps

Au fil des mois, Simon Frankart poste une série d’œuvres d’inspiration érotique sur ses réseaux sociaux, qui rencontrent un franc succès. C’est là qu’il fonde un compte spécial pour ces créations, Petites Luxures. «Beaucoup de gens disaient qu’ils se retrouvaient dans ces dessins. Cela les aidait parfois à aborder certains sujets avec leurs partenaires, une façon de parler de sexe sans donner l’impression d’en parler.»

En 2019, lors d’une exposition de ses illustrations à New York, une visiteuse fond même en larmes face à lui, racontant que ces dessins avaient permis de développer sa vie amoureuse et de solidifier son couple.

«La sexualité a cela de fascinant qu’elle est un sujet universel, elle touche tout le monde, souligne l’artiste.

Mon inspiration ne vient pas de l’érotisme, ni de savoirs scientifiques comme Romy, car j’ai, de mon point de vue, une vie sexuelle tout à fait banale, mais plutôt de situations, de jeux de mots. C’est assez drôle de chercher des idées avec un trait d’esprit et de l’érotisme à partir de choses qui n’ont rien de tout ça.»

Questionner les normes

Bien que le concept fasse manifestement du bien aux gens, il doit pourtant affronter de plus en plus d’obstacles en ligne. Aux yeux de Simon Frankart, les politiques de censure se sont aggravées sur les réseaux sociaux au cours de ces dernières années.

«Quand j’ai commencé Petites Luxures, les plateformes étaient encore assez cool et beaucoup d’œuvres passaient sans problème, mais maintenant, nombre de mes dessins sont dépubliés par Facebook et Instagram, ou bien peu valorisés par les algorithmes pour qu’ils n’apparaissent pas sur le web, s’inquiète l’artiste. J’ai d’ailleurs vu mon premier compte supprimé alors que j’avais un million d’abonnés… Ce n’est pas facile de travailler sur de tels sujets aujourd’hui.»

Une certaine tendance moralisante, des stéréotypes tenaces, Romy Siegrist a aussi rencontré cela lors de son parcours universitaire. «Même dans les formations de sexologie, j’ai parfois senti beaucoup de sexisme et de normativités, avec des visions qui pouvaient être pathologisantes sur certains sujets. Même si les choses évoluent dans le milieu, il manque souvent à mon goût une dimension politique, un questionnement des relations de pouvoir, des normes existantes. Je suis d’une école de pensée plus féministe et existentielle.»

Ce qui n’empêche nullement une célébration de l’érotisme. C’est justement le programme que nous proposent Romy et Simon, et on l’espère pour longtemps encore.

Bio express de Romy Siegrist

1990 Naissance à Morges.

2002 Découverte de l’album Paradize d’Indochine, porte d’un nouvel érotisme.

2003-2016 Travaille comme éclairagiste de spectacle en parallèle à ses études.

2012-2021 Master en psychologie clinique et psychopathologie, CAS en sexologie clinique.

Depuis 2019 Intervient pour DécadréE, Question Q (RTS), Magazine Générations, Femina.

Bio express de Simon Frankart

1980 Naissance à Reims.

1999 S’installe à Paris dans une chambre de bonne, pour ses études d'arts appliqués.

2003 Rencontre sa future épouse et la mère de ses filles, qui est aussi sa muse.

2014 Crée Petites Luxures sur Instagram, pour arrêter de poster ses dessins sur son compte perso.

2019 Première grande expo solo à New York et sortie de son premier livre, Histoires intimes, chez Hoëbeke-Gallimard.

Retrouvez les chroniques sexe du duo sur notre compte Instagram feminasuisse.

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