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Chronique sexe

Sexualité: Le «body count», un concept sexiste et dénigrant

Relations sexuelles les discriminations liees au body count

«La valeur des éléments étant souvent estimée de par leur rareté, celui ou celle qui a beaucoup exploré sa sexualité avec différentes personnes perdrait donc de sa "valeur"», dénonce Romy Siegrist.

© PETITES LUXURES

«Et toi, t’en as eu combien?» Ceci n’est pas un extrait de conversation entre snipers, ni entre personnes qui capturent des Pokémons, mais bien entre certaines gens qui se «datent» ou qui commencent à se fréquenter…

Sur le devant de la scène depuis quelques mois, menant à des articles, des vidéos TikTok, des «devinettes» de rue, le body count – c’est-à-dire le «nombre de corps» (ici compris comme corps connus et donc nombre de partenaires sexuel-le-s) – a, malheureusement, le vent en poupe.

Utilisé à l’origine pour dénombrer les personnes mortes dans une guerre, une attaque ou un accident, le terme s’est immiscé dans la sphère intime.

Combien y sont passés et n’en sont pas ressortis, tels des Johnny face à des Gabrielle, morts enchaînés? Combien ont été dévastés par cette «bomb(ass)e»? Combien mangés par cette (a)mante religieuse? Trêve de badineries, le body count garde une part sinistre au regard des dénigrements et discriminations – majoritairement sexistes – qu’il implique dans ce domaine.

En effet, il est régulièrement utilisé comme indice de «fiabilité» de la personne si l’on vise un engagement relationnel, une information à avoir pour savoir si cela vaut la peine de «miser» sur elle – ou une excuse pour la dénigrer. Parce que dans l’imaginaire de pas mal de gens encore, plus la personne a connu de partenaires, plus elle risque: d’être difficilement satisfaite, de tromper, de transmettre des IST, d’avoir une estime d’elle basse, de ne pas savoir ce qu’elle veut, d’être «impure», et j’en passe.

Double-standard pour les femmes

La valeur des éléments étant souvent estimée de par leur rareté (encore que si l’on changeait de paradigme, le monde se porterait mieux), celui ou celle qui a beaucoup exploré sa sexualité avec différentes personnes perdrait donc de sa «valeur», ou n’aurait tout simplement «pas de valeurs».

Oui, celles et ceux qui utilisent le body count recourent à de nombreuses analogies avec les lois du marché, objectifiant ainsi les personnes, capitalisant les rapports humains, faisant appel à la morale…

Et le «double-standard» en matière de sexualité fait que c’est d’autant plus coûteux pour les femmes – des «salopes», au vagin supposé «distendu» à cause des multiples rapports – que pour les hommes – des «Don Juan».

Face à cela, pas étonnant que certaines femmes réfléchissent plus qu’à deux fois avant de partager leur score, ou leur corps. Pas étonnant, mais… pas joyeux?

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