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Olivia Colman, Stephanie Land («Maid»): Elles racontent leur passé de femme de ménage

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«Personne ne s’est battu pour moi à mes débuts, dans les années 90, et même si j’ai galéré pendant longtemps, je ne le regrette pas», confiait l'actrice d'Empire of Light Olivia Colman, dans Madame Figaro.

© GETTY IMAGES/MICHAEL BUCKNER

Olivia Colman, actrice britannique: «J’aimais vraiment beaucoup mes emplois de nettoyage»

Olivia Colman a beau être une star internationale, une comédienne oscarisée que tous les réalisateurs s’arrachent aujourd’hui, elle n’en oublie pas pour autant son passé. Au contraire, elle le revendique et en parle avec tendresse et enthousiasme: son enfance passée à Norwich dans les années 70, entre une maman infirmière et un papa géomètre fou de voitures? «Joyeuse!» L’école? «J’étais vraiment médiocre… mais super populaire. Ça compense!» Les études? «Heureusement que je ne les ai pas terminées – j’aurais été une prof parfaitement incompétente!» Et ses débuts? Là encore, elle en parle le ton léger.

Car même si la route du succès fut plus un parcours de la combattante qu’une balade de santé, entre figuration, auditions ratées ou quinzièmes rôles sous-payés, elle y voit des moments très formateurs: «Il est parfois essentiel d’être poussée dans ses retranchements, racontait-elle en février 2023 dans Madame Figaro. Personne ne s’est battu pour moi à mes débuts, dans les années 90, et même si j’ai galéré pendant longtemps, je ne le regrette pas.» Dans une autre interview, donnée dans un quotidien britannique, elle précisait..., elle précisait:

«Pour remplir le frigo, j’ai été femme de ménage.

Mais qu’on soit clair: cela n’avait rien du calvaire. Non seulement parce qu’Ed (son mari, ndlr) et moi nous étions déjà follement amoureux, mais aussi parce que j’aimais vraiment beaucoup mes emplois de nettoyage. Comme j’ai toujours adoré le sentiment qu’on a quand on fait bien son travail, quel que soit le domaine, je m’impliquais à fond et j’étais hyperméticuleuse: jamais je n’oubliais d’essuyer les plinthes ou le dessus des lampes. Exemplaire, non?» Absolument!

Stephanie Land, auteure américaine: «Ce que j’ai vu m’a fait passer l’envie d’être riche!»

Enfant, Stephanie Land se rêvait écrivaine. Elle l’est aujourd’hui – mais après quels méandres! Parce que comme elle le raconte dans son best-seller Maid, paru en français en 2020 et adapté en série sur Netflix, la vie lui a joué quelques sacrés drôles de (dé)tours. Tout avait bien commencé, pourtant. Née en 1978 dans une famille de la classe moyenne, elle passe une enfance «très heureuse», suit une scolarité normale et, encore toute jeunette, entre à l’université, jonglant entre «deux ou trois jobs» pour payer ses études en lettres. Jusque-là, rien que de très classique. Mais voilà qu’elle rencontre Jamie, dont elle tombe amoureuse. Après à peine quatre mois de relation, elle attend un enfant. Tant pis pour ses cours d’écriture créative, elle préfère endosser pleinement son rôle de mère. Au grand dam de son compagnon, qui se montre si violent qu’elle finit par s’enfuir avec Mia, leur fille de sept mois. Elle a alors 27 ans, pas d’argent, personne sur qui compter, aucune formation.

À force d’acharnement, la jeune mère célibataire finit par être engagée par une entreprise de ménage. Une grande chance, au final. Car même si le job est mal payé et humainement pénible – «la plupart des clients n’étaient pas méchants mais juste dédaigneux, voire impolis!» – cet emploi lui permettra non seulement de tourner financièrement mais aussi d’affiner sa conscience sociale et d’acquérir le statut d’observatrice «invisible» des classes privilégiées:

«Votre femme de ménage vous espionne. Nous travaillons seules, nous nous ennuyons. À quoi vous attendez-vous?» écrit-elle, non sans humour.

Ainsi, très naturellement, Stephanie Land (@stepville sur Instagram) commence à surnommer les demeures où elle officie – la Maison des plantes, la Maison porno, la Maison triste, etc. – et, parallèlement, au gré de ce qu’elle trouve, range et nettoie, se met à disséquer et analyser les vies de leurs propriétaires. Des vies qui servent de trame à son premier roman (elle a publié son second, Class, en juillet 2023, ndlr), donc, mais qu’elle ne jalouse pas: «J’ai nettoyé des logements pendant deux ans et ce que j’ai vu m’a fait passer l’envie d’être riche!» Ou en tout cas de se comporter comme ceux qui l’ont maltraitée…

Rachel Kéké, députée française: «S’il n’y a pas de femmes de chambre, il n’y a pas de tourisme!»

Quand elle débarque à Paris de sa Côte d’Ivoire natale à 26 ans, en 2000, Rachel Kéké ne s’imagine pas qu’elle va devenir le symbole d’un mouvement social, encore moins une élue du peuple. Car ses ambitions, à l’époque, se résument en deux axes: gagner sa vie et éduquer au mieux ses cinq enfants. Raisons pour lesquelles elle travaille comme femme de chambre à l’hôtel Ibis Batignolles. Discriminations et conditions de travail indignes? Tant pis, elle s’accroche.

Mais en 2019, elle est à bout. Psychiquement et physiquement. Alors, avec ses collègues, elle lance une grève. Le bras de fer dure 22 mois – elle obtient gain de cause. C’est alors que Jean-Luc Mélenchon lui propose de se lancer en politique. D’abord dubitative, elle finit par accepter – revendiquant fièrement son statut: «S’il n’y a pas de femmes de chambre, il n’y a pas de tourisme!» Franche et directe, elle fait mouche. Et le 19 juin 2022, elle est élue. Pleine de feu, elle s’engage alors:

«Je suis la voix des sans-voix. Je suis femme de chambre, femme de ménage, agent de sécurité, aide-soignante, aide à domicile: je suis tous ces métiers invisibles. À l’Assemblée nationale, ces métiers seront visibles!»

À voir ce qui se passe ces jours dans les rues, elle a tenu promesse…

Et aussi... L'histoire de Milena Moser, autrice suisse à succès: «Le métier d’écrivain ressemble à celui de femme de ménage»

Entre le plumeau et la plume, Milena Moser a choisi la seconde. Mais l’auteure née à Zurich dans une famille d’intellectuels n’en a pas moins grand respect pour le premier. D’abord parce que, d’une certaine manière, elle lui doit sa (riche) carrière – lancée en 1994 par le délirant best-seller L’île des femmes de ménage. Ensuite, parce que pour cette bientôt sexagénaire, qui habite aujourd’hui San Francisco avec son compagnon après avoir, dit-elle, «connu beaucoup de crises» et une vie en montagnes russes, écrire ou poutzer sont deux métiers qui se ressemblent. Si, si!

Dans une interview publiée sur le site Les plus belles plumes, cette artiste (en)caustique, pleine de fantaisie, grande adepte de l’humour noir et de l’autodérision expliquait ainsi:

«La femme de ménage peut imaginer une version de la vie de ses clients en interprétant les fragments, les débris de leur vie quotidienne.

Les draps froissés, les vêtements tachés, les emballages déchirés racontent une histoire, composent un puzzle qui ne correspond peut-être pas à la réalité, mais en constitue une variante tout aussi valable. Moi, je ne peux pas voir une jeune fille traverser au feu rouge ou entendre une demi-phrase dans la queue devant la caisse au supermarché sans imaginer tout un roman, toute une vie autour de ces mots, de ces expressions, de ces regards perdus…» CQFD.

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