covid-19
L'édito de Sonia Arnal: Moins 45%
Moins 45%. C’est le temps passé en moins sur mon écran cette semaine. Et ça baisse constamment. C’est que je n’en peux plus du coronavirus, notamment sur les réseaux sociaux. Déjà, il y a les injonctions à réussir son confinement que nous avons dénoncées ici, du type: profitez-en pour apprendre le chinois, le yoga, la cuisine moléculaire, la permaculture… alors que moi, je n’ai aucune envie de cultiver des variétés de tomates de Pro Specie Rara sur mon balcon ni de faire mon pain juste parce que je ne vais plus au théâtre.
Après, il y a les leçons de morale, qu’on peut diviser en deux catégories. La première, des photos de gens en train de faire du jogging ou du vélo, ou de plus de 65 ans qui prennent l’air au parc, ou de jeunes assis par terre dans la pelouse. Elles sont assorties d’une légende aimable et compatissante, qui va de: «Sales égoïstes qui faites du sport alors que c’est interdit» (ce n’est pas interdit, juste pour rappel), à: «Eh les vieux restez à la maison, déjà que c’est de votre faute si on est tous confinés!» en passant par:
La seconde catégorie est moins directement hostile, plus sournoise, je dirais, dans ses attaques. C’est genre: «Quoi??? Vous ne soutenez pas les petits commerçants locaux en allant à la ferme acheter les fruits et légumes, à la boulangerie votre pain, en ligne vos bons qui serviront quand les magasins rouvriront?» Alors déjà, il faudrait savoir! Notre pain, on le fait nous-même ou on soutient le boulanger? Tant de leçons sur ce que je dois faire/ne pas faire données par des pères et mères la vertu, c’est insoutenable.
Stop aux chiffres
Le virus est aussi en passe de me dégoûter des News – et des commentaires des gens qui les lisent. Chaque fois que le Conseil fédéral tient conférence de presse (autant dire souvent), c’est l’avalanche de réactions de modérés qui veulent aller jusqu’à Strasbourg parce que c’est contraire aux droits de l’homme ce trop/pas assez de confinement. Et puis, les chiffres qui tombent, souvent peu utiles (on nous donne constamment le nombre de personnes positives, ce qui ne constitue pas une information, puisqu’on ne teste que les gens très à risque). Bref, le coronavirus tue, c’est clair, mais moi il m’a définitivement guérie de tous les écrans.