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Cinéma français

Judith Godrèche dénonce sa relation abusive avec Benoît Jacquot

Judith Godrèche dénonce sa relation abusive avec Benoît Jacquot

Judith Godrèche a réalisé une série autobiographique, Icon Of French Cinema, sortie fin 2023 où elle évoque sa relation avec le réalisateur Benoît Jacquot.

© GETTY IMAGES/FRANCOIS DURAND

«J’ai besoin de redevenir le sujet de ma vie, et non pas l’objet dans la bouche d’un autre». Ces propos de Judith Godrèche, 51 ans, énoncés sur le plateau de Quotidien le 8 janvier 2024, expliquent ce qui l'a poussé à témoigner sur sa relation abusive avec le réalisateur Benoît Jacquot. Une histoire qui a débuté alors que l'actrice française avait 14 ans et lui 40 ans, après leur rencontre lors du tournage du film Les Mendiants dont il est le réalisateur.

Retour sur les faits. Le 6 janvier 2024, Judith Godrèche poste une série de stories sur son compte Instagram où elle dénonce Benoît Jacquot et leur relation passée, dont elle s’est inspirée pour sa série autobiographique Icon Of French Cinema, diffusée sur Arte depuis décembre 2023. L'interprète de Ridicule précise ne pas avoir pris la parole plus tôt notamment par crainte «que le sujet disparaisse derrière un nom».

INSTAGRAM/JUDITHGRODRECHE1

Un documentaire choquant

Dans sa prise de parole, Judith Godrèche, qui a vécu aux États-Unis pendant des années, explique qu'un anonyme lui a envoyé des extraits du documentaire Les Ruses du désir: l’interdit de Gérard Miller, sorti en 2011. Choquée à la visualisation du film, l'actrice se décide à dévoiler le nom de Benoît Jacquot.

Dans le documentaire en question, Benoît Jacquot est interviewé par le réalisateur et psychanalyste Gérard Miller, qui lui demande si sa relation avec Judith Godrèche, alors qu'elle était mineure, était «une transgression»: «Oui, c’est forcément une transgression [...] on n'a pas le droit», répond-il alors. Benoît Jacquot ajoute brutalement que «cette Judith, elle n'en avait rien a foutre et ça l’excitait beaucoup».

L'horreur ne s'arrête pas là. Par la suite, Benoît Jacquot explique que le cinéma lui servait de «couverture pour des mœurs de ce type-là». Et que cette relation lui a valu «une certaine estime, une certaine admiration [...]».

Interviewée dans l’émission Quotidien le 8 janvier 2024, Judith Godrèche revient sur son ressenti lorsqu'elle a découvert avec effroi les images du documentaire: «Cela m’a rendu malade», dit-elle avant de reprendre son souffle, les yeux remplis de larmes. Difficile pour elle de s'être vue transformée en objet de désir et de poser des mots sur cette «violence»: «J’ai tremblé de manière compulsive, je n’arrivais pas à sortir de ma chambre, j’ai vomi, j’étais dans un tel état de panique», décrit-elle avec émotion.

Judith Godrèche évoque l’enfant qu’elle était et qui n’avait «pas la possibilité de saisir l’idée même du consentement».

«On ne consent pas et on n’est pas excitée à l’idée de coucher avec un homme de 40 ans à 14 ans, ça n’existe pas.»

Une relation «sous emprise»

L’actrice dénonce l’absence de son point de vue, de sa voix, dans ce documentaire qui laisse le champ libre à Benoît Jacquot: «Il inverse les rôles, il projette sur moi son excitation. Il me sexualise et je l’ai vécue, cette sexualisation…», commente Judith Godrèche. Elle ajoute qu’elle a vécu «sous son emprise» et qu’elle a mis six ans à se défaire de cette relation.

L'actrice parle d’un choc: «l’entendre parler de façon très mondaine, en rigolant, en se vantant, l’impunité est à un tel niveau, note-t-elle. C’est la jouissance d’un monstre». La manière dont Benoît Jacquot aborde leur relation a poussé Judith Godrèche à rectifier les faits.

«Je n’étais pas séduite, j’étais totalement manipulée.»

Le présentateur de Quotidien Yann Barthès lui demande ensuite comment elle est sortie de cette relation. L’actrice explique alors avoir reçu l’aide d’un adulte qui «comptait beaucoup» pour elle et qui l'a questionnée sur son couple. Il avait remarqué à quel point la jeune fille était «terrorisée» et sous le «contrôle total» de Benoît Jacquot. Le regard de ce proche a «ouvert une porte que j’étais trop petite ou endoctrinée pour saisir avant», développe la comédienne. Judith Godrèche parle même d’un «culte» pour décrire cette période de sa vie:

«C’était comme être sous l’emprise d’un leader qui a pris la place du père, de la mère, de la loi, du travail. Il était mon univers entier.»

Même après avoir quitté son compagnon réalisateur, elle évoque une emprise toujours présente: «C’était la première fois que je découvrais le monde et je me posais tous les matins des questions [...]. Si j’avais le droit de mettre un pied devant l’autre». Au fil de son récit, l’actrice a souligné que personne d'autre ne lui a «tendu la main» et que «le cinéma français a validé ce genre de relation.»

Dans un entretien publié dans Les Inrocks en décembre 2023, la comédienne revenait déjà sur la force de cette emprise: «Même partie, je ne savais pas si j’avais le droit d’exister sans son accord».

Séisme post #MeToo

Sur les réseaux sociaux, les soutiens pleuvent depuis les différents témoignages de Judith Godrèche. Sa parole est validée, son courage, salué. De nombreuses personnes dénoncent le silence autour de cette relation et la complicité du cinéma français. Certaines femmes de la génération de l’actrice se souviennent de la «romantisation» autour du couple et d’avoir banalisé cette relation. Noé Boon, le fils de Judith Godrèche et Dany Boon, a également affirmé sur le plateau de l’émission C à vous être «très fier» et «admiratif» de sa mère. De son côté pour l'heure, Benoît Jacquot n'a pas réagi au témoignage de son ex-compagne.

Rappelons que Judith Godrèche est l'une des actrices françaises qui avait dénoncé Harvey Weinstein pour harcèlement sexuel lors de son procès en 2017, un événement majeur du mouvement #MeToo.

Sa récente prise de parole, nécessaire, ébranle à nouveau le monde du cinéma.

Une série autobiographique

La série Icon Of French Cinema, réalisée par Judith Godrèche, est diffusée depuis décembre 2023 sur Arte. L’actrice y joue son propre rôle: celui d'une comédienne qui revient en France après avoir vécu des années à Los Angeles. On y suit notamment les débuts de celle-ci au cinéma, mais aussi sa rencontre avec le réalisateur Benoît Jacquot.

Judith Godrèche est également accompagnée de sa fille à l'écran, Tess Barthélémy (Zoé dans la série). À 16 ans, celle-ci vit une relation avec un chorégraphe d'une vingtaine d'année de plus qu'elle, ce qui heurte sa mère Judith et la ramène à sa propre histoire. L'actrice a d'ailleurs rappelé avoir créé cette série, puis pris la parole à propos de sa relation abusive pour protéger sa fille, qui souhaite faire carrière dans le monde artistique. On parie que des discussions mère-fille vont naître du visionnage d'Icon Of French Cinema.

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