Violences sexuelles
Vidéo: 7 personnalités romandes abordent le consentement
Alors que le Parlement suisse étudie actuellement la redéfinition du viol dans le Code pénal, l'organisation Amnesty Suisse a diffusé, le 5 mai 2022, une vidéo tournée dans le cadre de sa campagne en faveur de l'introduction de la variante «Seul un oui est un oui» au projet de loi. Le temps d'une table ronde de 35 minutes, sept personnalités romandes approfondissent ensemble la question du consentement. Menée par l'animateur Sacha Porchet (Tataki) et tournée à Bienne, elle aborde entre autres la responsabilité et le rôle des hommes dans la lutte contre les violences sexuelles.
Ainsi, le rappeur Dibby Sounds, l'acteuricex trans*non binaire Loïc Valley, l'humoriste Thomas Wiesel, le médiactiviste Thibaud Mabut, le comédien Yacine Nemra et le responsable de MenCare en Suisse romande Gilles Crettenand évoquent une foule de sujets relatifs au consentement. Représentations culturelles de la drague, souvenirs personnels, sensibilisation aux violences sexuelles, réalisations suite au mouvement #Metoo, perspective masculine sur la sexualité féminine, viols au sein d'une relation de couple... Une manière de rappeler que le combat contre les violences sexuelles n'incombe pas qu'aux femmes.
D'emblée, Thomas Wiesel admet que le consentement n'est pas un «sujet de prédilection» lorsqu'il discute avec ses potes. «Heureusement, j'étais un garçon timide et je n'osais pas faire le premier pas, partage-t-il. J'ai peut-être commis moins d'écarts que si j'avais eu confiance en moi. [...] On avait une culture selon laquelle les "vrais mecs" allaient chercher ce qu'ils voulaient et l'obtenaient.»
Et Thibaud Mabut d'ajouter: «Toute notre culture du flirt et de la drague repose sur des non-dits, sur de l'implicite. On essaie d'interpréter le regard de la personne, et si elle nous a regardé pendant plus de cinq secondes, on imagine que c'est bon et qu'on peut aller l'embrasser. Alors qu'en fait on n'en sait rien. La plupart du temps, tout s'est bien passé pour moi, mais ça aurait été plus facile de demander. Et si on le fait bien, ça peut être encore plus sexy.»
Du changement dans l'air
Pour rappel, le Parlement suisse se prononcera, durant sa session d'été, quant à la redéfinition pénale du viol, aujourd'hui limitée à un acte de pénétration vaginale forcée: la loi n'admet donc pas que les hommes puissent être victimes d'une telle infraction sexuelle. Dans le but de moderniser ce texte, un projet avait été proposé par la Commission des affaires juridiques du Conseil des Etats, en février 2022, suggérant une redéfinition du viol sans distinction de genre, élargie à toutes les formes de pénétration et abandonnant l'élément de la contrainte. Or, la question du consentement fait encore débat et il s'agira de trancher entre plusieurs notions: la première, «Seul un oui est un oui», demande que tout rapport sexuel non consenti soit défini comme étant un viol. L'autre variante, «Non, c'est non», aborde la question différemment et exige que la victime ait manifesté son refus de façon claire, qu'elle soit verbale ou non. La Commission des affaires juridiques s'était prononcée en faveur de la seconde variante.
Le 13 avril 2022, le Conseil fédéral affirmait son accord avec ce projet de loi, contenant la solution «Non, c'est non», bien que plusieurs organisations réclament toujours fortement l'adoption du «Seul un oui est un oui». Fin avril 2022, une enquête réalisée par l'institut gfs.bern pour Amnesty Suisse révélait qu'une majorité d'Helvètes approuve l'idée de l'introduction du consentement dans le droit pénal sexuel. Si ce résultat est encourageant, l'étude souligne toutefois la présence de «perceptions problématiques de la disponibilité sexuelle des femmes», particulièrement chez les hommes.