Femme Femina
Foot féminin pas assez féministe: la joueuse Ada Hegerberg fait la grève de Mondial
C’est qui?
En décembre dernier, Martin Solveig lui demandait en direct si elle savait twerker. Le DJ français, visiblement plus doué en remix qu’en tact, oubliait que la souriante blonde qui se tenait devant lui venait de recevoir le premier Ballon d’or remis à une footballeuse. Il oubliait également qu’Ada Hegerberg, en plus d’être l’une des joueuses les plus talentueuses de sa génération, est une féministe engagée.
Née il y a 23 ans dans une bourgade des fjords norvégiens, elle commence à pratiquer le foot au milieu d’équipes de garçons, encouragée par sa mère, joueuse professionnelle, et sa grande sœur Andrine, également footballeuse. En 2014, elle intègre l’Olympic Lyonnais et emmène le club au sommet. Cinq titres de championne de France, quatre Ligues des champions et le Prix de meilleure joueuse de l’année, remis par l’UEFA en 2016. Andrine, elle, évolue aussi à haut niveau, mais chez les rivales du Paris Saint-Germain.
Pourquoi on en parle?
Les spectateurs de la Coupe du monde de foot féminin, commencée il y a une semaine, peuvent chercher ses dribbles de génie sur le gazon, elle n’y est pas. Elle a refusé d’intégrer la sélection norvégienne pour dénoncer l’inégalité salariale dans le football pro. «La base de la base, ce sont les attitudes, le respect pour les filles qui jouent au foot. Si cette base de respect existe, il y aura plus de moyens, d’installations, d’investissements», expliquait-elle au Parisien ce printemps.
Les dirigeants de l’équipe nationale ont depuis réaligné les salaires entre joueurs et joueuses. Toutefois, la Scandinave continue son combat, rappelant les chiffres du journal norvégien VG, selon lesquels 80% des footballeuses de première division du pays gagnent moins de 11 000 francs annuels. Son dernier contrat signé à l’OL en 2018 lui rapporte bien plus: 450 000 par an. Une somme record dans le milieu du foot féminin, mais qui reste bien loin des 45 millions que touchait Lionel Messi sur la saison 2017-2018.
Qu’est-ce que les autres en disent?
«Rater une Coupe du monde en toute conscience est un choix très courageux. Je pense que sa décision doit être respectée», confiait Nadine Kessler, responsable du football féminin à l’UEFA. Toutefois, si de nombreux observateurs saluent un engagement positif, beaucoup de Norvégiens y voient un caprice de star qui oublie d’où elle vient. «Difficile de regretter l’absence de quelqu’un qui ne veut pas être des nôtres», a taclé Caroline Graham Hansen, l’autre grande joueuse de l’équipe nationale.
Son compatriote Martin Ødegaard, talent montant du foot européen, y est aussi allé de sa torpille: «Tu n’as rien trouvé de mieux à faire juste avant le début du Mondial? Elles se sont qualifiées pour notre pays, c’est une des choses les plus importantes que peut vivre un joueur de football.» Ada Hegerberg n’est toutefois pas complètement hors des radars de ce Mondial. TF1, RMC et France Football se sont empressés d’engager comme consultante cette meilleure joueuse du monde miraculeusement loin des buts.
Sa sœur Andrine, en revanche, est bien absente, n’ayant pas été sélectionnée dans l’équipe nationale cette année. Petite vengeance de la fédération norvégienne contre les Hegerberg, ou niveau réellement insuffisant pour représenter le pays au Mondial? Pour Ada, pas de doute, l’aînée fait bien les frais d’un conflit larvé qui dure depuis presque deux ans.
La personne qui la fait avancer?
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