Girl power
Inna Shevchenko, la Femen se dévoile
C’est qui?
Sa silhouette, comme celles de ses complices du mouvement international des Femen, est devenue symbolique. Le torse nu, recouvert de mots choc, une couronne de fleurs dans les cheveux, Inna Shevchenko et ses troupes débarquent là où ça fait mal. Dans une église pour dénoncer l’oppression de la religion sur le corps des femmes, devant le KGB pour demander la libération de prisonniers politiques, au procès de Dominique Strauss-Kahn ou au cœur d’une manif anti-mariage pour tous… le poing levé, ces néo-guérrières fort peu consensuelles dérangent. Pour elles, la liberté d’expression est un droit fondamental, point final.
Pourquoi on en parle?
Inna, née dans les années 1990 en Ukraine, journaliste de formation, menacée, kidnappée et torturée, exilée en France, incarne à elle seule toute la philosophie – et l’imagerie – des Femen. Aujourd’hui, elle a choisi de se dévoiler autrement, à travers un livre, personnel mais terriblement militant. Héroïques est d’abord un hommage à toutes celles qui l’ont inspirée, motivée à poursuivre la lutte vaille que vaille, de la journaliste Anna Politkovskaïa à Sailor Moon (une héroïne de manga) en passant par Ève. Une ébauche de mémoires aussi, où elle évoque ses moments de doute et ses convictions, plus fortes que tout.
Qu’est-ce que les autres en disent?
Fervente contemptrice de toutes les religions, mais aussi des dictatures de tous bords comme de l’extrême-droite, dire qu’elle s’est fait peu d’amis serait un euphémisme. Toutefois, on critique son management de fer jusque dans les rangs de ses anciens soutiens. L’essayiste Caroline Fourest – dont elle a été très proche – va jusqu’à évoquer le «côté Bande à Baader dans leur façon de mettre l’action au-dessus de toute réflexion».
Ce qui la fait sortir du lit
«Naître dans un corps de femme dans les années 1990 dans un ancien pays soviétique est, selon les points de vue, de la malchance pure ou un défi», disait-elle récemment dans une interview. Elle a visiblement fait son choix.