Famille je vous aime
Fêter maman, mais à distance
Ne nous voilons pas la face, la Fête des mères, souvent, se résume à un passage last minute chez le fleuriste, le dimanche matin (avec la file d’attente de circonstance), pour acheter un bouquet de roses avant d’aller l’offrir à sa maman adorée. Cette année, toutefois, l’événement aura pour beaucoup d’entre nous une saveur un brin particulière. Il tombe la semaine prochaine, le 10 mai 2020, alors que les mesures de distanciation sociale seront encore en vigueur et qu’un début de retour à la normale, avec la réouverture prévue des écoles le lendemain, ne fera que s’amorcer. Fait numéro un: il sera trop tard pour lui offrir un collier en pâte à sel.
Toutefois, l’obstacle majeur pour célébrer celle qui vous a donné la vie est ailleurs: il va falloir se refréner, éviter les étreintes et les contacts trop rapprochés. D’autant plus si la maman/grand-maman en question est âgée ou fait partie d’un groupe à risque.
Comment, dans ces circonstances, lui faire comprendre que, malgré tout, on tient à elle? Comment marquer le coup sans mettre qui que ce soit en danger?
D’abord, bonne nouvelle pour les inconditionnels du bouquet de roses ou de pivoines, les garden centers et les fleuristes ont pu commencer à rouvrir leurs portes depuis le 27 avril 2020, en mettant évidemment en place toutes les mesures exigées par la Confédération. Une aubaine pour la branche aussi et surtout, car près de 30% du chiffre d’affaires annuel se fait durant le mois de mai. «C’est hélas trop tard pour nos tulipes, mais nous sommes heureux de pouvoir enfin rouvrir nos points de vente et nous serons évidemment sur le pont le dimanche 10 mai», se réjouit déjà Andrea Güttinger, dont la famille gère des serres à Ferreyres (VD) et trois points de vente à Lausanne, La Sarraz et Lutry. Au vu de la situation, cette dernière s’attend à un rush, non seulement sur les fleurs, mais aussi sur les pots d’herbes aromatiques et les plantons de légumes, histoire d’offrir utile.
Si grand-maman est connectée
Au-delà du bouquet de fleurs, à offrir en vrai ou à faire livrer, il existe mille et une manières de dire merci à sa maman. D’autres pays, comme l’Angleterre, ont déjà célébré la Fête des mères en période de coronavirus (c’était le 23 mars 2020). Sur les réseaux sociaux, les Britanniques ont ainsi débordé d’amour et d’imagination, beaucoup postant leurs astuces anti-confinement avec le hashtag #mothersday2020. Celle qui a de loin remporté le plus de suffrages? Ecrire un message sur des pancartes, se rendre sur le pas de la porte de sa mère et faire défiler les mots lentement, un peu à la manière du film Love Actually. Sortez vos feutres… et vos mouchoirs!
De son côté, Victoria Beckham postait sur son compte Instagram une photo d’elle en compagnie de sa mère (un cliché d’archive, forcément) avec ces quelques mots:
Témoigner son affection via les réseaux sociaux, ça peut aussi fonctionner, à condition que la maman en question soit connectée. «J’ai offert une tablette spécial troisième âge [la fameuse Amigo senior] à ma mère de 84 ans à Noël, j’ai bien fait», raconte le Lausannois Francis, qui peut désormais lui envoyer des photos, lui parler et la voir tous les jours sans forcément faire le déplacement jusqu’en Valais et porter un masque. «Elle qui ne parvient même pas à ouvrir un SMS, elle arrive à utiliser cette tablette et est toute contente de me voir, c’est vraiment plus convivial.»
Les dimanches en famille
Pâques il y a quelques jours, la Fête des mères bientôt, des anniversaires divers et variés… plus le confinement dure, plus les moments clés de l’année sont nombreux et plus le besoin de rester connectés grandit. Spontanément, de nombreuses familles ont donc pris les devants et se sont organisées pour garder le lien malgré tout. Caroline Rudin, jeune grand-maman de quatre petits-enfants, se réjouit ainsi de chaque occasion de les revoir, même à distance. «Avant, je les gardais tous un jour par semaine. Ils dormaient une nuit chaque week-end chez moi et, le dimanche, toute la famille mangeait ensemble, mes parents, mes enfants et petits-enfants. Je me sentais aussi utile en m’occupant d’eux… mais ça, c’était avant. A présent, les jours passent sans eux et on finit par trouver de petites astuces pour s’amuser et garder le moral.» La Fête des mères? «Nous avons déjà dû fêter quelques anniversaires chacun chez soi, Pâques aussi, mais j’avoue que je n’ai pas encore pensé à cette fête! Malgré le contexte, je me réjouis de cette journée et je pense que, contrairement aux anniversaires de mes enfants, je n’aurai pas de petits coups de blues cette fois-ci.»
Des croissants devant la porte
De manière générale, Jon Schmidt a noté beaucoup de créativité de la part des familles pour garder ce lien, surtout quand il y a un événement à fêter.
Apéros à distance ou connectés, dépose de cadeaux devant la porte, tout est bon pour combler cette impossibilité d’être vraiment ensemble. «Je pense que le plus important est de donner de l’attention, simplement», continue Jon Schmidt. Etre oublié, parqué, c’est la crainte de beaucoup de personnes âgées, surtout durant cette période où elles sont déjà stigmatisées comme des personnes à risque. «Il faut donc trouver une manière de réaffirmer l’importance qu’ont nos parents et grands-parents pour nous.» Et ne pas hésiter à leur demander de quoi ils ont besoin ou envie.
S’entendre tous les jours
Chez nous, les plus anciens ont moins souffert de solitude que dans les pays voisins, dans lesquels leurs sorties ont été fortement limitées voire interdites. Ici, le spécialiste de la famille a même remarqué une réorganisation familiale. «Les rôles des uns et des autres se transforment, résume Jon Schmidt. Avant, on voyait les grands-parents le week-end ou durant les vacances uniquement, il y a maintenant davantage de continuité, même s’il y a cette distance.»
Résultat: on s’appelle tous les jours, on se demande comment on va. «Des discussions et des échanges se créent là où il n’y en n’avait peut-être pas avant. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que sans les loisirs, sans les déplacements pour aller au travail et sans toutes nos contraintes de la vie normale, on a davantage d’opportunités d’être en contact les uns avec les autres au sein de la famille.» En bref, on se voit plus, mais à distance. «Nous sommes dans un marathon, il faut donc apprendre à tenir le coup et ne pas se contaminer parmi dans l’inquiétude et l’angoisse», conclut Jon Schmidt. Et sinon, pour Noël, on fait comment?
Ils partagent leurs astuces et expériences
«On a voulu prendre la voiture et aller au Tessin voir ma mère, qui vit toute seule et allait fêter ses 74 ans début avril, juste pour lui souhaiter bon anniversaire depuis le jardin et lui déposer quelques petites choses à manger. Mais quand elle a eu vent de notre plan, elle a catégoriquement refusé qu’on fasse le déplacement… alors on lui a envoyé du chocolat et du Sterillium par la poste à la place! Et on se Skype tous les jours avec ma sœur et elle.» - Carlo, Grandvaux
«Pour l’anniversaire de ma maman, je lui ai préparé un souper et un dessert. J’ai tout mis dans des tupperwares et les ai déposés devant sa porte.» - Sandy, Vuarrens
«Pour mon anniversaire, j’ai invité quatre amis à la fois, par tranche d’une heure, dans un parc public. On a fait santé et papoté tout en respectant les 2 mètres de distance entre nous. Au final, c’était très sympa, mais ça ne m’empêchera pas de refaire une vraie fête quand tout ça sera fini!» - Myriam, Lausanne
«On finit par trouver des petites astuces pour garder le lien avec ses petits-enfants. Je leur dépose des images à dessiner dans la boîte à lait, on se lance des défis – ce soir je devais me filmer en train de boire un biberon! On fait des batailles navales par téléphone…» - Caroline, Gorgier
«Les enfants s’installent au lit avec une tablette et ils écoutent leur grand-maman qui leur raconte une histoire, elle adore ça plus que les enfants je crois!» - Emmanuelle, Lausanne
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