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EnjoyPhoenix parle de son combat contre les troubles alimentaires

EnjoyPhoenix parle de son combat contre les troubles alimentaires
© DR

Elle va mieux, mais le combat n’est pas encore gagné. C’est avec une sincérité touchante que Marie Lopez (EnjoyPhoenix sur YouTube) s’est confiée dans une vidéo intitulée «Pourquoi j’ai ‘pris du poids’? ». Elle y aborde un sujet hautement tabou sur le réseau social: la prise de poids et ses problèmes de troubles alimentaires. Durant 36 minutes, seule face caméra, elle s’adresse à ses près de 3 millions de followers pour leur raconter son histoire.

«La plus grosse connerie de ma vie»

Impossible de ne pas frissonner en écoutant son récit, impossible de ne pas se sentir concerné. Tout a commencé il y a 2 ans et demi. La jeune Lyonnaise recevait de plus en plus de messages et de commentaires lui disant qu’elle était grosse. Alors que, comme elle le souligne, elle se sentait bien dans sa peau, n’avait pas de kilos en trop. Mais elle s’est tout de même mise au sport et a perdu 5 à 6 kilos en 6 mois. Puis, «Danse avec les stars» est venu ajouter son grain de sel:

Je ne pouvais pas m’empêcher de me dire que j’allais être grosse dans mes robes, que la télé grossissait. Je me suis mise à fond dans le sport et l’alimentation pour être le plus fit possible, j’avais 3 mois pour m’affiner et perdre un maximum de poids.

Marie se lance alors dans ce qu’elle qualifie de «plus grosse connerie de toute [sa] vie»: elle passe 2 heures par jour à faire du sport et ne mange presque rien. «J’étais complètement obnubilée par mon image, je ne faisais que me regarder tout le temps, je prenais des photos, se souvient-elle. Dans ma tête j’étais obèse, alors que je devenais malade.» Au total, elle perd près de 16 kilos.

Diagnostic: boulimie-anorexie

Durant «Danse avec les stars», EnjoyPhoenix recommence à manger normalement pour pouvoir assurer les 6 heures d’entraînement quotidiennes. Elle reprend du poids peu à peu. Puis, une fois que l’émission s’arrête, la YouTubeuse vit la période la plus difficile de sa vie. «Je me suis retrouvée toute seule avec plein de problèmes à gérer, c’était horrible.» En dépression, elle se jette alors sur la nourriture. Et finit par se rendre chez un spécialiste, qui lui diagnostique une boulimie-anorexie. Encore aujourd’hui, Marie a de la peine à prononcer ces mots:

Je déteste les employer, car à ce moment-là, je ne me sentais pas malade.

S’enchaîne une véritable traversée du désert: durant un an, la jeune femme de 22 ans lutte contre elle-même. Elle reprend les 16 kilos perdus, reçoit d’innombrables commentaires la traitant d’obèse, de dégueulasse, de grosse truie. «Je suis passée par une période très sombre de ma vie, confie-t-elle. C’était terrible. Je me trouvais énorme, alors que, pourtant, j’étais normale.»

Ce sont précisément ces critiques haineuses que Marie pointe du doigt. Les gens qui, cachés derrière leur écran, se réjouissent aujourd’hui du mal qu’ils lui ont causé. Extrêmement courageuse, elle se fait ainsi le porte-parole de toutes ces jeunes femmes que les haters prennent pour cible. Car elle en est consciente; si elle s’est fait autant souffrir, c’est «à cause de YouTube: Je me suis ruiné la santé en me disant que, peut-être, les gens m’accepteraient mieux si j’étais plus mince. Alors que ça a vraiment été pire.»

Dans l'engrenage des fitgirls sur Instagram

Elle cible également les fitgirls, ces comptes Instagram ultra léchés qui nous font croire que même en mangeant des croissants au petit-déjeuner (avec un thé détox, quand même, il ne faut pas exagérer), on parvient à atteindre la taille zéro. «L’aspect familier, le côté "je vous ouvre mon intimité, je ne triche pas avec vous", renforce dramatiquement l’efficacité de l’imposition d’un corps parfait», note Titiou Lecoq sur Slate. EnjoyPhoenix s’est totalement désabonnée de tous ces comptes «poisons»:

Je ne veux plus regarder une fille qui va me faire complexer et être mal dans ma peau, ça me fait mal.

Oui, elle va mieux, mais le combat n’est pas encore gagné. Car comme elle le souligne à la fin de sa vidéo, elle lutte avec énormément de troubles du comportement alimentaire. «Je suis capable de pleurer si j’ai mangé un plat de pâtes», avoue-t-elle les larmes aux yeux. Son poids, elle le vit comme un fardeau qui la rend «malheureuse chaque jour». Son mot de la fin? «S’il vous plaît, n’essayez pas de faire comme les autres. Aimez-vous telle que vous êtes.»

La démarche de Marie Lopez est à saluer. L’authenticité de sa vidéo, le courage qu’il lui a fallu pour évoquer un sujet aussi tabou et personnel ont déjà touché près de 1,5 million de spectateurs. Comme ses précédentes publications sur le harcèlement scolaire, il est certain que celle-ci marquera de nombreuses jeunes filles qui se retrouveront dans son vécu. Et, espérons, qu’elle leur donnera la force de ne pas succomber aux diktats de minceur des réseaux sociaux.


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