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Coupe du monde féminine de foot: Les joueuses gagnent du terrain

Coupe du monde feminine de foot des romandes racontent leur engouement 2

«Elles [les femmes] sont sur le terrain vraiment pour jouer, concentrées sur l’aspect sportif, footballistique. Il y a quand même moins de simulations, de tentatives d’influencer l’arbitre ou de provocations.» - Déborah Anex, arbitre

© UEFA VIA GETTY IMAGES/SAM BARNES

Sur les terrains, en attaque, en défense ou aux buts, dans les gradins en ferventes supportrices. Arbitres, coaches, mamans, consultantes, ex-internationales ou jeunes pousses: les femmes aiment le foot et le revendiquent. Le 20 juillet 2023, le coup d’envoi de la Coupe du monde féminine de football est donné en Nouvelle-Zélande et en Australie. De quoi s’en mettre plein les mirettes jusqu’au 20 août pour les fans de foot. En amont, les derniers entraînements de l’équipe de Suisse féminine sur sol helvétique ont drainé les foules.

«C’est un des très bons signes de l’évolution positive autour du football féminin, s’enthousiasme Noémie Beney, ex-footballeuse internationale et consultante RTS sport. Il y a cinq ou dix ans, si on avait eu un entraînement ouvert, il y aurait eu quelques personnes mais pas autant que ça. Là, ça prend. Ce qui est beau aujourd’hui, c’est que ces joueuses font rêver la jeune génération, filles et garçons confondus.»

La relève se presse sur les terrains helvétiques

La bonne nouvelle, c’est que la relève se presse sur les terrains helvétiques, et de nombreux clubs mettent les bouchées doubles pour accueillir toutes celles qui voudraient se mettre au foot. Responsable de la commission technique pour le FC Sarine-Ouest, Florence Delley y veille: «Je vérifie les contingents, pour qu’il y ait assez de filles et pour aller en chercher s’il le faut. Afin de créer et offrir une filière forte des filles dès 5 ans aux actives (ndlr: dès 30 ans), nous nous sommes affiliés avec le club de Villaz-St-Pierre. En tout, il y a 120 filles qui jouent.»

La motivation est là, avec surtout beaucoup de demandes chez les petites. La Coupe du monde devrait encore booster les vocations. Cerise sur le gâteau, le Championnat d’Europe féminin de football se déroulera en Suisse à l’été 2025. De quoi motiver à mettre en place les structures adéquates pour permettre à toujours plus de jeunes filles de s’y mettre. Des Romandes racontent leur engouement et leur choix sportif.

Noémie Beney, 38 ans, ancienne joueuse internationale de football et consultante RTS sport

© RTS/ANNE KEARNEY

Consultante à la RTS depuis la Coupe du monde féminine de football au Canada en 2015, Noémie Beney est entrée sur le terrain à l’âge de 7 ans. «Je me souviens que c’était une évidence. Mes parents avaient joué à l’époque, ils suivaient beaucoup mes frères, on était souvent au bord du terrain, on baignait dedans. Mon petit frère et moi sommes arrivés un jour au bureau avec un petit mot, qu’on a donné à notre papa, disant qu’on voulait commencer le foot.» Dès les premiers entraînements, Noémie se rappelle avoir été tout de suite acceptée, malgré le fait que les filles étaient moins nombreuses à se mettre au foot qu’aujourd’hui, au début des années 90.

«J’ai toujours eu la chance d’avoir des entraîneurs qui m’ont accueillie les bras ouverts.

Mes plus grands rêves étaient déjà d’être pro et de jouer en équipe suisse. Ça m’a toujours guidée dans ma carrière.» Deux rêves atteints pour Noémie, puisqu’elle a joué en Allemagne et en équipe de Suisse. Même si elle se remémore aussi quelques embûches sur son parcours. «Quand j’étais en junior C, j’avais 13-14 ans donc, j’avais fait les tests techniques pour aller à Yverdon-Sport avec les autres copains, et on m’avait clairement dit que j’étais la meilleure avec un autre mais que comme j’étais une fille, je ne pouvais pas y aller. J’ai quand même été empêchée de vivre certains de mes rêves, parce qu’à l’époque on n’était pas prêt à ça. Mais je l’ai quand même fait.»

Les choses ont donc évolué. Preuve en est, sa nièce Iman Beney, 16 ans (à gauche sur la photo ci-dessus), annoncée début juillet dans la liste définitive du groupe pour l’équipe féminine suisse à la Coupe du monde 2023, juste avant malheureusement de se blesser lourdement lors d’un entraînement. Ce qui n’empêche pas sa tante de se réjouir de sa progression et de sa carrière à venir.

«Elle aimerait vivre de ce métier, et ce qui est génial, c’est qu’aujourd’hui c’est possible, contrairement à il y a une vingtaine d’années. Pour ces filles comme Iman aujourd’hui et celles qui vont venir, c’est un rêve qui est réalisable.» Même si elle n’aura pas la joie de commenter le jeu de sa nièce sur le terrain cet été, Noémie garde un souvenir ému d’un match amical fin juin 2023 où elle en a eu l’occasion: «C’était la première fois que je pouvais commenter un match de l’équipe de Suisse où Iman jouait. Elle est rentrée après la mi-temps, et c’était un moment très particulier. Je suis une tata très fière.»

Déborah Anex, 31 ans, arbitre romande au niveau FIFA

© GETTY IMAGES/LOKMAN ILHAN

Déborah Anex avait 12 ans quand elle a chaussé pour la première fois des crampons à l’US Terre Sainte (VD), au poste de gardienne. Depuis, elle en a fait des foulées. Vingt ans plus tard, en 2021, elle est devenue arbitre au niveau FIFA. «Quand j’ai commencé à jouer, il y avait vraiment peu d’équipes féminines, j’ai eu de la chance car on avait réussi à en constituer une, mais on devait jouer contre des garçons, car il n’y avait pas assez de filles. Aujourd’hui, il y a heureusement beaucoup plus d’équipes, des championnats spéciaux qui sont créés pour elles, il y a un engouement et plus de visibilité à la télé avec des sponsors, des spots publicitaires, etc. Ça fait plaisir à voir.»

Petite, Déborah Anex s’était lancée parce qu’elle avait envie de faire un sport d’équipe et qu’elle aimait regarder le foot à la télé. Elle est devenue arbitre un peu par hasard, confie-t-elle: «J’avais un tournoi avec mon équipe, et les arbitres sont passés pour expliquer les notions d’arbitrage en soulignant qu’il manquait d’arbitres et qu’il n’y avait encore aucune fille. Avec deux coéquipières, on s’est dit pourquoi pas. J’ai croché.»

Aujourd’hui, elle arbitre autant des matches féminins que masculins, avec une nuance toutefois. «En Suisse, on est plus axé sur le football masculin si on est dans une optique de progression. Le niveau de foot féminin s’est beaucoup amélioré ces dernières années en Suisse, mais si on compare avec les autres championnats européens, ce n’est pas le même niveau.» Sans tomber dans les clichés, l’arbitre constate néanmoins une différence de jeu entre hommes et femmes:

«Elles sont sur le terrain vraiment pour jouer, concentrées sur l’aspect sportif, footballistique. Il y a quand même moins de simulations, de tentatives d’influencer l’arbitre ou de provocations.

Même si aujourd’hui, avec plus de visibilité sur le foot féminin, on commence à constater le même genre de comportements chez certaines joueuses, mais dans une moindre mesure.»

June Riley 14 ans, Lovens (FR)

Dans la famille Riley, tout le monde aime le foot. Ses deux petits frères, avec lesquels elle joue dans le jardin dès que la petite troupe en a l’occasion. Son papa d’origine anglaise, qui est fan d’Arsenal. Sa maman fribourgeoise, Marie, aurait bien aimé y jouer plus jeune, mais n’a pas pu réaliser son rêve car il n’y avait alors pas de structure adéquate dans la région. «Je vais me rattraper en commençant peut-être à jouer dans le même club que ma fille dans l’équipe des plus de 30 ans.» June a commencé au FC Sarine-Ouest quand elle avait 10 ans au rythme de deux entraînements et d’un match par semaine. «J’ai choisi le foot car j’aime bien les sports d’équipe et j’ai grandi en regardant les matches en famille. Quand j’allais voir mon frère jouer, j’aimais voir le jeu.»

Hormis avec ses frères, June n’a jamais joué avec des garçons: «Je suis dans une équipe 100% féminine, et c’est très important pour moi. On a un peu le même jeu et on s’entend bien entre nous. Je joue pour le plaisir.» Au poste de défenseuse gauche, maillot n° 3, June aime cet esprit d’équipe et la satisfaction de gagner des places dans le classement. Au Cycle d’orientation où elle étudie, beaucoup de filles jouent au foot.

«Elles y vont en portant des maillots de foot de leurs équipes préférées, je ne compte plus le nombre de commandes que j’ai dû passer pour June et ses frères», s’amuse Marie.

Si son père est pour l’Angleterre et sa mère pour la Suisse, June opte pour le compromis en avouant admirer tout particulièrement la joueuse suisse Lia Wälti, qui joue à Arsenal, son équipe préférée, et qui est la capitaine de l’équipe de Suisse.

Eloïse 9 ans, Pully (VD)

Les premières fois qu’Eloïse a tâté du ballon rond, c’était dans la cour d’école avec les copains et les copines, puis avec ses deux demi-frères chez son papa. «J’ai joué pendant deux heures avec eux au chalet et ils m’ont appris plein de trucs, ça m’a donné envie!» Une initiation qui lui a plu, au point que sa maman, Frédérique, lui a trouvé un camp de foot estival d’une semaine organisé par le Lausanne-Sport.

«Sur 123 enfants, il y a 8 filles, raconte Eloïse, vannée après son troisième jour d’entraînement. J’aime bien, c’est cool. Je suis tombée dans un groupe où il n’y a que des garçons, du coup je suis obligée de m’entendre avec.» Enchantée de son camp, elle se tâte un peu, se demande si elle va commencer à jouer dans un club à la rentrée. «Ça dépend surtout si je peux jouer dans une équipe de filles! Parce que dans les équipes mixtes, il y a toujours plus de garçons.»

Sa maman ajoute: «Je me suis renseignée, et le Pully Football est très orienté filles, son président est intéressé par développer le football féminin pour autant qu’il y ait assez d’inscrites pour constituer une équipe. Si on doit aller un peu plus loin pour qu’elle joue avec des filles uniquement, je la soutiendrai évidemment.» Si l’année dernière, Eloïse n’était pas encore branchée foot pour l’Euro en Angleterre, cette année, elle se réjouit de regarder les matches du Mondial en famille.

«Surtout Wendie Renard, de l’équipe de France, elle est plus forte que Mbappé!» s’enthousiasme Eloïse.
© KEYSTONE PETER KLAUNZER

L’agenda du mondial

Coupe du monde féminine de la FIFA, du 20 juillet au 20 août 2023 en Australie et Nouvelle-Zélande. Les trois matches de poule avec l’équipe suisse sont à suivre en direct sur la RTS:

  • Vendredi 21 juillet, 07 h 00, Suisse - Philippines
  • Ma 25 juillet, 10 h 00, Suisse - Norvège
  • Dimanche 30 juillet, 09 h 00, Suisse - Nouvelle-Zélande

HOP HOP les Suissesses!

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