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«J'ai relevé le défi des 140 kilomètres du Trail Verbier St-Bernard»

Caroline Moulin xalpine trail verbier st bernard

En dix ans de pratique, Caroline Moulin n'a cessé d'augmenter les distances parcourues en participant à diverses courses, comme celle de la X-Traversée de Verbier (73 kilomètres) en 2021.

© SPORTOGRAF

Jamais Caroline Moulin n'oubliera cet instant. Le 9 juillet 2023, la Romande de 42 ans a franchi la ligne d'arrivée de la course X-Alpine, le parcours le plus exigeant du Trail Verbier St-Bernard by UTMB. Après un week-end entier d'ultra-trail comprenant 140 kilomètres d'efforts intenses, 9300D+/D-, deux nuitées et une dose incommensurable de persévérance, elle y est arrivée.

«Une joie extrême m'a traversée, se souvient la traileuse amatrice. La X-Alpine est vraiment réputée pour être très difficile, donc j'ai ressenti beaucoup de fierté. Pour moi-même, bien sûr, mais aussi pour mes proches, ma famille, mon coach... Il s'agit d'une victoire collective: elle leur appartient autant qu'à moi, car je n'y serais jamais parvenue sans eux.»

Organisée depuis 2009, cette grande course valaisanne débutant à 22h dessine une boucle depuis Verbier, en passant par La Fouly, la Cabane d’Orny, le col du Grand Saint-Bernard ou encore le site de Panossière. Tout au long du parcours, des points de ravitaillement et de contrôle sont installés, histoire de permettre aux sportifs et sportives de reprendre des forces avant de repartir. Pour cette édition 2023, le nombre de femmes participantes ne dépassait pas 9%. Par son exploit, réalisé en un peu plus de 36 heures, Caroline chamboule ainsi les clichés, dont ce sport majoritairement masculin peine encore à se débarrasser.

Une bulle de sérénité

Pour Caroline, plutôt adepte de tennis et de volleyball dans sa jeunesse, la course n'était pas un sport de prédilection: «J'ai commencé à courir il y a dix ans, au moment d'arrêter de fumer. C'est également à cette période que j'ai accueilli ma chienne Scara, ma partenaire de course, mon binôme. Elle me suit constamment partout!

Au fur et à mesure, j'ai découvert le trail en montagne, en commençant par des courses de 17 kilomètres et je me suis promis d'augmenter les distances tant que ma chienne pourrait me suivre pendant les entraînements.

C'est aussi grâce à elle et à nos nombreuses sorties en montagne que j’en suis arrivée à m’inscrire à une course de 140 kilomètres.»

Les encouragements de Scara semblent avoir agi comme une potion magique, puisque Caroline ne cesse de se dépasser, constatant un rythme régulier dans le flux de sa motivation: «À la fin de chaque course, je me dis "c'est bon, je m'arrête là", sourit-elle. Mais à chaque fois, dès qu'un nouveau défi plus important se présente, je m'inscris quand même!»

En effet, hormis l'adrénaline, l'effervescence du challenge et l'euphorie de la ligne d'arrivée, la sportive trouve des bienfaits émotionnels dans les très longs parcours de trail: «Le côté performance et chronométré des petites distance ne m'intéresse pas, admet-elle. Je préfère les distances importantes, car elles suscitent un sentiment que je ne retrouve nulle part ailleurs. Plus l'effort est long, plus on peut se glisser dans une bulle apaisante, un univers qui nous appartient et dans lequel on peut tout lâcher.» Elle souligne également la beauté du paysage, l'ascenseur émotionnel vécu durant l'aventure, les aubes magnifiques et le calme fascinant de la nuit, lorsqu'on court sous les étoiles en ayant l'impression qu'elles brillent pour nous encourager: «C'est super, les courses nocturnes... sauf quand on voit les lampes frontales des autres participant-e-s loin devant nous et qu'on perçoit la distance qu'il nous reste à parcourir», précise-t-elle.

Une étape à la fois

Le secret de la persévérance impressionnante de Caroline? Mettre un pied devant l'autre en s'interdisant de réfléchir à l'immensité écrasante du défi: «J'ai appris à maîtriser cela au fil des courses, en me focalisant sur le moment présent et en m'empêchant d'imaginer la totalité du parcours. Sinon, il paraît insurmontable! Cela nous force à bien se connaître, à savoir comment on réagit dans les moments difficiles et jusqu'où l'on peut pousser notre corps.» Souffrant de vertige, la traileuse sait désormais comment dépasser sa peur, même lorsqu'elle sillonne une pente raide:

«Je recherche ce dépassement de soi, cette adrénaline qui me prouve que je peux quand même y arriver, même si je suis terrifiée.»

Et ces outils mentaux sont entièrement tout-terrain, si bien que Caroline les dégaine même en-dehors des parcours de trails, lorsque la vie lui présente une toute autre sorte de défi. «Peu importe la difficulté dans laquelle on se trouve, tout passe, constate-t-elle. Rien n’est figé. Il ne faut pas s’inquiéter de ce qu’on ne peut contrôler, juste accepter ce qu'on traverse et attendre que ça passe.»

En outre, Caroline peut compter sur le soutien indéfectible de son époux, de son coach et - évidemment - de sa plus grande fan à quatre pattes. Et lorsqu'on se lance dans une course de 140 kilomètres, cet appui peut s'avérer crucial. «Pendant les deux nuits, je n'ai pas réussi à dormir, raconte-t-elle. La fatigue est arrivée alors que je dévalais une grande descente au petit matin. Heureusement, je n'ai pas vécu d'hallucinations, mais j'avais quand même l'impression d'avoir bu deux Spritz! Je devais vraiment me concentrer pour marcher. Mon mari m'a rejointe dans la prochaine base de vie, afin de me rappeler qu'il fallait absolument que je dorme avant de poursuivre. C'est essentiel d'avoir des proches qui nous connaissent et savent comment nous dire les choses.»

© DR

Passion et discipline

Quelques jours après la course, au moment de recevoir notre appel, Caroline est en pleine récupération. À l'instar de toutes les dimensions du trail, cette phase de repos implique à la fois le corps et le mental: «Musculairement et articulairement ça va bien, résume-t-elle. C'était difficile le lendemain, mais maintenant je me sens beaucoup mieux. En revanche, le mental est plus compliqué, car j'ai l'impression que mon cerveau est encore en course et qu'il lui faut un peu de temps pour comprendre que c'est terminé. J'ai du mal à retrouver des nuits reposantes.»

Au-delà de la fatigue et des courbatures, la traileuse se souviendra des émotions ressenties («autant d'émotions différentes que de paysages!»), de l'amour de ses proches, après l'aventure.

«Je suis fière d'être une femme et d'y être parvenue, déclare-t-elle. Nous étions tellement peu nombreuses! J'ai encore de la peine à réaliser que j’ai réussi.

Je pense qu’avec une bonne dose de passion et de discipline, nous sommes toutes capables de le faire. À partir du moment où on s'entraîne à la hauteur de ce qu'exige cette course et qu'on accepte d'y mettre tout notre cœur, toutes nos tripes, on peut y arriver. Il faut avoir envie de le vivre, pour soi. Car c'est une expérience magnifique.»

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