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Whitney Toyloy: «J'ai gravi le Kilimandjaro»

Whitney Toyloy: «J'ai gravi le Kilimandjaro»

«Je n'ai jamais fait quelque chose d'aussi difficile dans ma vie, mais ça a été une expérience inoubliable.» - Whitney Toyloy

© STUDIO MEUBLÉ/BRUNO PEREIRA

J'ai toujours aimé le sport. La course à pied, le volley, le fitness, le yoga… Avant de fêter mes 30 ans, je voulais me lancer un défi sportif, mais la pandémie de Covid a tout stoppé. Puis, j'ai vécu des moments difficiles qui m'ont poussée à prendre davantage soin de ma santé mentale et physique. Ainsi, après avoir quitté mon job en 2022, j'ai eu l'envie de me recentrer sur moi-même, d'apprendre à faire des choses seule, et de sortir de ma zone de confort.

Le Kilimandjaro était la suite logique de ce processus: je voulais visiter une partie de l'Afrique que je ne connaissais pas, et j'ai choisi cette montagne car le voyage reste une randonnée qui ne requiert pas de compétences en alpinisme. Dès que j'ai évoqué cette idée sur Instagram, des marques m'ont approchée pour collaborer: cela a fini de me convaincre.

Un entraînement de guerrière

J'ai commencé à m'entraîner en septembre 2022, trois fois par semaine, puis je suis montée à cinq séances hebdomadaires dès décembre. Un mix entre renforcement musculaire, principalement du dos et des jambes, et entraînements en hypoxie, c'est-à-dire dans un environnement simulant l'altitude. Comme j'ai organisé mon quotidien autour de ces séances de sport, j'ai dû drastiquement modifier mon mode de vie, surveiller mon alimentation, sacrifier mes sorties et, donc, mes relations sociales.

Ça n'a pas été facile de concilier un nouveau job à 60%, mes mandats d'influenceuse et cette préparation. J'ai dû m'entraîner quand je n'en avais pas envie. J'ai appris à différencier la fatigue physique de la fatigue mentale (voire la flemme).

Cela m'a appris la discipline et a forgé mon mental.

Parvenir à un tel niveau de préparation m'a rendue fière: ce chemin parcouru était déjà une victoire. J'étais prête. Des personnes m'ont dit que je m'entraînais trop, mais avec le recul, je ne le regrette pas. J'ai refusé de subir l'ascension du Kilimandjaro, je voulais la vivre pleinement.

Sur les réseaux sociaux, j'ai partagé ma préparation sportive. Ma ténacité a inspiré ma communauté, car j'ai reçu énormément de messages de soutien de la part de personnes, de femmes, qui ont repris confiance en elles en suivant mon parcours.

Cette aventure, j'ai décidé de la vivre accompagnée de mon ami réalisateur Bruno Pereira, afin qu'il filme mon ascension.

Direction le toit de l'Afrique

Arrivée à Moshi, en Tanzanie, j'ai été impressionnée par cette imposante montagne solitaire, culminant à 5895 m. Pour gravir le sommet du Kilimandjaro, j'ai choisi la route Lemosho: il s'agit d'une randonnée de huit jours sur 48km passant par tous les plateaux, tous les paysages et permettant une bonne acclimatation à l'altitude. L'itinéraire commence à plus de 2000 m, dans la forêt tropicale.

Le groupe de quatre marcheur-euse-s que nous étions était encadré par une équipe de guides, de porteurs ou encore de cuisiniers: 16 personnes au total. Ils sont aux petits soins: chaque jour, ils portent nos affaires, montent le campement avant notre arrivée, préparent les repas, les snacks, les gourdes, nous racontent des anecdotes sur la faune et la flore. Ils deviennent notre famille pendant une semaine.

Côté organisation, nos journées se sont déroulées selon la même routine: on se levait vers 6 h 30 et on commençait à marcher vers 7 h 30. Le soir, on était briefé sur le parcours du lendemain, puis on jouait au UNO. Les randonnées durent entre cinq et sept heures, sur un dénivelé de 600 à 1200 m.

Whitney Toyloy: «J'ai gravi le Kilimandjaro»
© STUDIO MEUBLÉ/BRUNO PEREIRA

Le deuxième jour était le plus dur, et non pas à cause des courbatures de la veille, car mon entraînement acharné m'a permis d'éviter ces douleurs. Le terrain (appelé désert alpin), est devenu aride, poussiéreux, assommant de chaleur. La nuit, au contraire, il faisait très froid dans nos tentes.

J'ai fait une crise d'angoisse, et à cause de l'altitude, je n'arrivais pas à reprendre mon souffle. Cela m'a effrayée car je n'ai jamais connu mon corps comme cela.

Mon guide, Johnny, m'a aidée, rassurée. Cette deuxième nuit, j'ai eu envie d'abandonner.

Dès le troisième jour, la poussière a laissé place aux chemins rocailleux. Puis est arrivée la dernière étape, le 2 mars 2023. Pour ces six heures d'ascension, nous avons quitté le camp vers minuit, afin de parvenir au sommet à l'aube. Avancer dans le noir, en silence, par -15 degrés à plus de 5000 m, c'était horrible. La montagne fait ce qu'elle veut de nous. Le froid, la fatigue et l'altitude m'engourdissaient tellement que j'avais la sensation étrange de m'endormir en marchant. Pour avancer efficacement et économiser son oxygène, il faut y aller «pole pole», c'est-à-dire «lentement» en swahili. Cette étape était certainement la plus dure, mais passé le Stella Point à 5756 m, j'étais enfin certaine d'y arriver.

Les derniers mètres, le terrain est presque plat.

Dès que j'ai aperçu le tout dernier panneau du parcours, celui indiquant Uhuru Peak, j'ai pleuré.

J'ai avancé, seule, pour découvrir le panorama époustouflant. Le glacier, le territoire tanzanien à peine visible, la lueur du lever du jour, l'énergie qui règne sur cette montagne sacrée, et nos guides si fiers de nous, c'était magique. J'aurais voulu m'éterniser tout là-haut, mais on ne pouvait pas rester plus de 30 minutes à cause de l'altitude. À cet instant précis, j'étais incroyablement fière de moi. Je n'ai jamais fait quelque chose d'aussi difficile dans ma vie, mais ça a été une expérience inoubliable.

Tout au contraire de l'ascension et ses paysages magnifiques, le chemin du retour est moins intéressant. On emprunte un itinéraire plus court, mais difficile et caillouteux. Comme je ne pouvais plus supporter de dormir sous ma tente glaciale, je suis descendue du Kilimandjaro d'un trait, au lieu des deux jours de marche prévus. 16 heures de rando, une pluie tropicale et 45 degrés supplémentaires plus tard, notre groupe était enfin en bas.

L'après-Kilimandjaro

Il m'a fallu quelques jours pour redescendre mentalement du toit de l'Afrique. Après ce défi, j'ai ressenti un vide. Heureusement, ma famille m'a rejointe à Zanzibar pour célébrer ma réussite lors d'une semaine de vacances.

J'ai vraiment tout aimé dans ce périple, la préparation tout comme l'ascension. Et admirer la vue depuis Uhuru Peak était la cerise sur le gâteau. Afin d'immortaliser l'expérience, mon ami Bruno réalise un documentaire sur toutes ces étapes, avec en bonus des interviews de ma famille, qui m'a soutenue durant ce projet.

Les leçons de cette expérience? J'ai appris la discipline et ça a boosté ma confiance en moi. Dorénavant, pour me motiver, je me répète «tu as gravi le Kilimandjaro, tu peux y arriver». En tant que personne ultraconnectée, j'ai aussi réalisé que les réseaux sociaux ne m'ont pas manqué: j'ai pleinement profité du moment présent.

Enfin, j'ai appris tant de choses au contact de la nature et des personnes rencontrées sur place.

Par rapport au changement climatique, notamment: le glacier du Kilimandjaro a beaucoup reculé ces dernières années.

Whitney Toyloy: «J'ai gravi le Kilimandjaro»
© STUDIO MEUBLÉ/BRUNO PEREIRA

Avec mon guide, Johnny, et ses collègues, j'ai également parlé politique et conditions de travail. Il se trouve que certains accompagnants n'ont pas accès à des équipements adaptés, alors qu'un bon matériel est indispensable pour prévenir les blessures et se protéger du froid.

Même si à la fin de notre aventure nous avons fait don de presque tout notre équipement, j'aimerais soutenir davantage ces héros de la montagne.

C'est pourquoi, à l'occasion de la présentation de mon documentaire en juin 2023, je souhaite récolter des fonds pour acheter du matériel en Suisse et l'envoyer directement aux guides.

Mon prochain défi sportif? Non, je ne vais pas gravir l'Everest! Mais continuer les randonnées, c'est certain (même si j'ai dit «plus jamais!» au sommet du Kilimandjaro). Ce printemps, j'aimerais courir les 10 km de Lausanne, sans douleur et avec plaisir. Je voudrais aussi participer à un semi-marathon. Et pourquoi pas à mon premier trail?

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