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A l’occasion de la Journée mondiale du psoriasis, le jeudi 29 octobre 2015, nous avons eu la chance d’ interroger le Professeur W.H. Boehncke, médecin chef du service de dermatologie, à l’Hôpital Universitaire de Genève. Voici les questions que nous lui avons soumises pour en savoir plus sur cette maladie, trop souvent victime de préjugés:

1. Le psoriasis, c’est quoi au juste?

Manifesté par des plaques rouges et squameuses à certains endroits du corps, le psoriasis est une maladie inflammatoire chronique. Le Professeur Boehncke insiste cependant sur ce qu’il ne représente pas: ce n’est pas une infection et donc il n’est pas contagieux contrairement à ce que bon nombre de préjugés laissent penser. 2% de la population européenne est concernée par cette maladie de la peau, considérée par l’OMS comme un problème de santé globale. Et nous allons très vite découvrir pourquoi…

2. Une affection bénigne?

Non, le psoriasis n’est pas bénin et ne doit pas être pris à la légère. Il peut avoir des répercussions importantes sur les articulations même si sa manifestation sur la peau est de faible densité. Il est donc très important que les médecins réalisent un diagnostic en profondeur lorsqu’il est question de psoriasis, car une fois qu’il y a eu dommage à l’articulation, on ne peut plus «réparer». Dans les cas les plus graves, c’est-à-dire lorsque le psoriasis couvrent plus de 10% de la surface du corps, il peut augmenter les risques de maladies cardiovasculaires.

3. Peut-on en guérir?

Malheureusement, cette maladie de la peau est incurable. Cependant, il existe aujourd’hui des traitements très efficaces qui permettent de la contrôler, ce qui n’était pas le cas auparavant. Le professeur recommande d’utiliser un traitement systémique (comprimés, injections) plutôt que topique (crèmes, pommades), dont l’application est un véritable casse-tête: les patients y consacreraient plus d’1h par jour sans avoir des résultats très probants. Les traitements dits systémiques amènent une amélioration importante (de 90 à 100%) pour 80% des patients atteints de la maladie: le psoriasis ne serait alors même plus visible. «De nombreux patients ignorent ces résultats» insiste le Professeur Boehncke. Une rémission peut même être possible pendant plusieurs années, même des dizaines d’années sans traitement (rare mais possible!). Dans la plupart des situations (80% des patients), le psoriasis refait son apparition un an après l’arrêt du traitement. Raison pour laquelle le Professeur Boehncke conseille de ne pas arrêter trop tôt le traitement, car cela permet d’agir sur du long terme et améliore considérablement la qualité de vie.

4. Quelles en sont les causes?

Le psoriasis peut être un héritage génétique: si un des deux parents souffre de cette affection, le risque augmente pour l’enfant. Les facteurs environnementaux jouent également un rôle: une situation stressante peut être propice à l’apparition du psoriasis. L’obésité est un facteur de risque important, qui peut amener l’apparition du psoriasis. Ce qui est un véritable problème, car la population souffrant d’obésité ne répond pas très bien au traitement. Le tabagisme peut aussi influencer l’évolution mais on ne sait pas encore s’il peut en expliquer la manifestation.

5. Population cible: sexe, âge?

Femmes et hommes sont égaux face au psoriasis. Concernant l’âge, la tendance serait plutôt linéaire selon le Professeur Boehncke. Le psoriasis peut se déclarer de l’enfance jusqu’à 90 ans. Toutefois, il se manifesterait surtout durant deux périodes de vie: de 20 à 40 ans et de 60 à 70 ans. Les cas les plus sévères apparaissent toutefois dès le plus jeune âge, car ils sont liés à un facteur génétique.

6. Stress et psoriasis, intimement liés?

Effectivement, le psoriasis est un facteur majeur de stress comme toutes les maladies de la peau de par leur visibilité: soumises au regard de tout un chacun, c’est une part de notre vie privée qui est dévoilée. Cela peut causer un stress énorme, ce qui a pour effet d’augmenter l’inflammation déjà présente. Un vrai cercle vicieux s’installe! La thérapie peut donc être une aide au niveau psychologique, notamment les thérapies de type comportementales. Dans les pays scandinaves, une stratégie remboursée par les assurances maladies a été mise en place: les patients atteints de psoriasis dans sa forme la plus grave ont la possibilité de séjourner dans un hôtel des îles Canaries, car le soleil et la présence d’autres personnes souffrant de la même maladie ont un impact très positif.

7. Est-ce que le psoriasis handicape le quotidien?

Le psoriasis va se révéler plus ou moins handicapant selon la zone touchée. Par exemple, le psoriasis situé sous les ongles est très douloureux et peut limiter certains gestes. Aussi, sur les parties intimes, le psoriasis peut être très mal vécu, notamment chez les jeunes, pas encore très à l’aise avec leur intimité. De manière générale, cette maladie de la peau influence considérablement le quotidien. Dans le domaine sportif, la transpiration augmente l’inflammation et le mouvement peut rendre les plaques douloureuses. Dans le quotidien, la visibilité et les préjugés font souffrir. D’ailleurs, une étude a constaté que les personnes souffrant de psoriasis ont une perspective différente par rapport à la vie: ils gagnent moins d’argent et vivent plus de divorces par exemple. Selon le Professeur Boehncke, cette observation est à mettre en lien avec le «concept de dommages cumulatifs de la vie»: face au psoriasis, une philosophie d’échec peut se mettre en place. Souvent, les personnes ont un réel sentiment d’infériorité et la réaction de l’environnement (consciente ou inconsciente) est la plupart du temps défavorable.

8. Psoriasis et eczéma, même schmilblick?

Pas tout à fait. Oui les deux sont des maladies inflammatoires chroniques incurables. Mais l’eczéma se manifeste surtout par des démangeaisons auxquelles il est impossible de résister. Certains patients atteints d’eczéma se grattent même jusqu’au sang, pendant la nuit et de manière inconsciente. Aussi, seule une des formes d’eczéma peut être associée à d’autres pathologies (asthme et rhume des foins), alors que le psoriasis est associé à une douzaine de pathologies importantes comme l’arthrite, les maladies cardiovasculaires, la dépression et bien d’autres. Par contre, point positif du psoriasis: il existe bien plus de traitements efficaces pour le soigner.

Mauvaise nouvelle: avoir du psoriasis n’exclut pas la possibilité d’avoir de l’eczéma. Et l’inverse est aussi vrai.

9. Recommandation du spécialiste

Prenez rendez-vous avec votre médecin généraliste ou votre dermatologue, afin d’être mis à jour des possibilités actuelles! Une étude réalisée l’année dernière démontre que de nombreux patients ne voient plus leur médecin à ce sujet, car il n’y aurait selon eux rien à faire. Aussi, le professeur invite à participer aux études cliniques qui sont de hautes qualités. Très courant en Allemagne, la tendance a de la peine à suivre en Suisse. Un constat que le professeur d’origine alémanique trouve bien dommage: «ces recherches cliniques apportent beaucoup, sont très sûres et permettent d’avoir accès à des traitements qui seront en vente sur le marché bien des années plus tard!»

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