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«Adopte unE gynéco», le site internet qui répertorie les médecins qualifiés

«Adopte unE gynéco», le site internet qui répertorie les médecins qualifiés
© iStock

Créer une liste blanche des gynécologues «safe» en Suisse romande? Le concept a été mis en place par l’association Feminista!. «Adopte unE gynéco» s’inspire de la démarche de Gyn & Co en France. Comment répertorier les «bons» docteurs? Qu’est-ce qui définit une gynécologie féministe? Comment réagir en cas de discrimination lors d’une consultation? Le collectif féministe romand a répondu à nos questions.

FEMINA Comment est née l'idée de créer «Adopte unE gynéco»?
AdopteUnEGynéco
Que ce soit parmi nos amiEs, nos proches ou pour certainEs au sein de leur milieu professionnel, la question revenait sans cesse: «Tu connais un ou une bonne gynéco?». De plus, nous avons fait le constat que de nombreuses personnes avaient vécu de mauvaises expériences lors de consultations gynécologiques. Nous avons souhaité nous mobiliser sur le sujet, et comme nous connaissions le projet français similaire Gyn & Co, nous avons décidé, avec leur soutien, de nous en inspirer et de mettre en place le même type de plateforme Internet, pour la Suisse romande. Nous avons pour cela formé un groupe de travail et nous sommes réuniEs à plusieurs reprises pour développer le projet.

Comment repérer un(e) bon(ne) gynécologue?
C’est une question difficile, car notre projet est par essence très subjectif. UnE praticienNE peut très bien convenir à unE usagèrE et pas à unE autre. C’est pourquoi nous essayons de détailler au mieux les compétences et raisons de recommandation de chaque gynécologue. Par ailleurs, nous prenons en compte toutes les remarques que nous recevons: si quelqu’unE nous dit qu’unE gynéco listéE sur notre site a des pratiques irrespectueuses ou présente d’autres problèmes dans sa pratique, nous la ou le supprimons de la liste.

A l'inverse, quels sont les signes qui devraient nous alerter?

Ce qui est fondamental, c’est qu’unE patientE se sente respectéE et écoutéE dans ses besoins et ses souhaits, qu’elle-il ne sente pas jugéE, négligéE ou maltraitéE.

Qu'entendez-vous par «gynécologie féministe»?
Pour nous, une gynécologie féministe est exempte de paternalisme médical. Par ce terme, nous entendons des pratiques dans lesquelles la ou le médecin pense être supérieurE et savoir mieux que la personne qui est en face ce qui est bon pour elle. En réalité, son rôle est de s’assurer que son ou sa patientE soit informéE (traitements, procédures, moyens de contraception, etc.), que les gestes et les actes soient expliqués, que la douleur et les craintes soient prises au sérieux. Nous attendons aussi qu’il ou elle respecte nos choix, qu’il ou elle accepte un refus pour un examen qui ne nous semble pas nécessaire. Enfin, unE gynécologue ayant une pratique féministe partage ses savoirs, ses connaissances et ses expériences pour nous aider à nous réapproprier notre corps.
Au vu de nos expériences personnelles, de celles de notre entourage et des témoignages reçus, il semble que cette pratique bientraitante ne soit pas toujours respectée dans les consultations gynécologiques en Suisse.

Selon votre expérience, les femmes sont-elles nombreuses à subir de mauvaises expériences chez leur gynécologue?
Il n’y a aucune statistique répertoriant les maltraitances gynécologiques, mais pourtant, elles existent. En témoignent nos expériences, celles de nos amiEs et connaissances, le contenu de certains questionnaires que nous recevons et les récits qui foisonnent sur le web, comme le Tumblr «Je n’ai pas consenti» ou #PayeTonUtérus.

Quelles sont, selon vous, les mauvaises expériences les plus fréquentes lors d'une consultation gynécologique?
Il n’est pas possible de répondre de manière précise à cette question et nous ne le souhaitons pas; nous ne voulons pas afficher une hiérarchie des maltraitances. Chaque souffrance et/ou blessure exprimée par les usagèrEs est légitime, qu’elle qu’en soit l’ampleur. Car cela peut varier fortement d’une personne à l’autre en fonction de la/du soignantE, de la/du patientE et des caractéristiques de chacunE. Nous pouvons toutefois souligner que d’une manière générale, on nous relate des jugements de valeurs sur nos corps (surpoids, pilosité) et sur les infections sexuellement transmissibles contractées, des propos dégradants sur nos pratiques sexuelles, le non-respect de l’intégrité de nos corps, le déni d’informations et d’offres d’alternatives, le refus de tenir compte de nos choix, des discriminations ou des violences physiques, verbales et/ou sexuelles.

J'ai été choquée de lire sur votre site que beaucoup de soignantEs refusent de poser des DIU (Dispositif Intra Utérin ou stérilet) à des femmes n’ayant pas eu d’enfants et/ou ayant des partenaires multiples. A votre avis, comment peut-on expliquer cela?
Plusieurs raisons expliquent ces refus, qui sont inadmissibles. Tout d’abord, la pose du DIU: techniquement parlant, il est plus aisé de poser un DIU à une femme qui a accouché (par voie basse), car son col de l’utérus est plus souple. Actuellement, les différentes grandeurs des DIU sont adaptées à toutes les femmes, ayant eu des enfants ou pas. Ainsi c’est surtout la formation des gynécologues et leur aisance face à ce moyen contraceptif qui fait la différence.
Pour ce qui est des partenaires multiples, cela concerne des fausses croyances sur le DIU au cuivre, qui favoriserait la conduction des infections sexuellement transmissibles. C’est faux. Il s’agit d’exclure une infection au moment de la pose, mais le DIU ne favorise pas la diffusion de celle-ci. Cette vision sous-tend également que les femmes qui n’ont pas eu d’enfants 1/ont des partenaires multiples et 2/ne se protègent pas (préservatif).

Finalement, ne pas mettre un DIU à une femme nullipare peut être considéré comme un acte paternaliste qui insinue qu’une jeune femme en âge de procréer doit avoir des enfants et donc qu’une contraception sur le long terme n’est pas adaptée.

Quels conseils donneriez-vous à une femme qui a été victime de discriminations dans le cadre d'une consultation?
Cette problématique est vraiment importante pour nous. Nous allons bientôt mettre un onglet «Connaître nos droits» sur le site. Il répertoriera des informations sur nos droits ainsi que des associations et instances vers lesquelles nous pouvons nous tourner en cas de besoin. Pour le moment, nous avons mis un premier lien dans l'onglet «Pour aller plus loin», qui donne des pistes d’aides et de ressources en cas d'abus dans le cadre de consultations médicales. De manière générale, il s'agit de mettre en avant que nous avons le droit d'exprimer notre désaccord lors d'une consultation gynécologique. Nous avons aussi le droit de quitter à chaque moment une consultation si nous en ressentons le besoin.
Il existe une brochure très utile qui s'appelle «S’armer jusqu’aux lèvres. Quelques outils d’autodéfense gynécologique à l’usage de toutes les femmes» qui peut aider à se préparer avant une consultation médicale afin d’éviter de se sentir déstabiliséE (elle est accessible sur le site).

Quels critères faut-il remplir pour qu'un(e) gynécologue puisse être inscrit(e) sur votre annuaire?
Il suffit qu’une personne recommande cette/ce soignantE. Elle répond à différentes questions qui nous orientent sur la pratique de ceTTE médecin, comme par exemple «Est-ce que tu penses que ta/ton soignantE a une bonne qualité d’écoute et de dialogue?» «Est-ce que ta/ton soignantE est respectueuse de ta sexualité?» «Est-ce que ta/ton soignantE te laisse une capacité de choix et de négociation?» etc. Pour la plupart des questions, nous avons aussi laissé une place afin que la personne puisse, si elle le souhaite, ajouter des commentaires ou des remarques. Cela nous donne la possibilité de mieux comprendre les réponses données.

Pensez-vous également créer une «liste noire» des gynécologues à éviter?
Non, cela n’est pas notre objectif. Il est bien plus utile de donner une solution que de pointer quelqu’unE du doigt. De plus, nous encourons des risques légaux si nous créons une liste noire.

Il est souvent difficile de trouver un(e) gynécologue qui accepte de nouvelles patientes. Pensez-vous l'indiquer si tel est le cas dans votre annuaire?
A moins de constamment mettre à jour notre liste, nous ne pourrons le faire, étant donné que cela change régulièrement. Nous le regrettons vraiment, mais ce n’est pas possible. En revanche, si unE praticienNE part à la retraite ou ferme sa consultation pour une autre raison, nous espérons que les usagèrEs nous le signalent par mail.

Par la suite, envisagez-vous d'étendre votre site à d'autres branches de la santé?
Ce n’est pas dans nos projets mais si des personnes ont envie de le faire, qu’elles se lancent! Il y a plein de domaines dans lesquels ce type de plateforme serait vraiment utile. En ce qui concerne la gynécologie et l’obstétrique, nous avons pensé à parler des médecines alternatives (naturopathie par exemple) et des autres professionnelLEs qui prennent en charge ce type de demandes, comme les sages-femmes. Mais pour l’instant ce n’est qu’un projet et nous ne savons pas encore sous quelle forme cela pourrait se développer.


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