ÉVASION
Nos bonnes adresses pour une escapade à la Baie de Somme
Dans la mémoire collective, la Somme évoque les deux guerres mondiales qui ont endeuillé l’Europe et le monde le siècle passé. Mais c’est aussi un lieu unique où se marient en permanence le ciel, l’eau, la terre, un refuge pour les oiseaux migrateurs et pour la plus grande colonie de phoques d’Europe (environ 1200). L’être humain en quête de nature, de calme et de silence y trouvera son compte, arpentant à pied ou à vélo les 70 kilomètres qui s’étendent sur les rivages, s’arrêtant dans de petits villages face à la mer et au vent, traversant la baie par marée basse en goûtant salicornes et oreilles de cochon (des épinards de mer) salées par les marées, ou croisant des troupeaux de moutons qui broutent l’herbe de la baie contribuant à stopper son ensablement.
Car l’endroit est menacé de disparition. Les mouvements de la mer, qui poussait très loin à l’intérieur des terres, reculent. Les sédiments s’installent. Le village de Le Crotoy, anciennement point névralgique pour la pêche, aujourd’hui lieu de villégiature, est de moins en moins caressé par la mer, encerclé par un désert de sable. En tremblant d’être un jour sans doute submergé par la montée des eaux. Les activités humaines (pont, écluses, poldérisation des marais, maîtrise industrielle de la Somme) ont fatigué le cycle des marées et aujo urd’hui le réchauffement climatique fait peser d’autres menaces sur cet écosystème exceptionnel. Fin octobre 2022, une immense tornade encore jamais vue dans ces contrées a secoué humains et constructions. Des prévisions inquiétantes qui justifient d’aller y faire un tour.
Traverser la baie
Entre Le Crotoy et Saint-Valery-sur-Somme, la baie s’étend à perte de vue, jusqu’à la Manche. À marée basse, il est possible de la traverser, en compagnie d’un guide. Compter trois heures de marche et des bottes imperméables.
Admirer la faune
Plus de 10000 moutons vivent dans la baie et sur les «mollières», les terres couvertes par la mer lors des marées. Ils gazonnent le sol et contribuent à la survie du lieu. Dans l’assiette, on les appelle «agneaux pré-salés». Cela ne signifie pas qu’ils sont salés mais que leur chair est très tendre.
Venues du Grand-Nord, des colonies de phoques ont décidé de s’installer ici. Environ 1200 digèrent sur les bancs de sable pendant la marée basse et pêchent quand l’eau monte. On peut s’en approcher, à 300 mètres, sous peine d’amende «pour dérangement de phoques».
Déguster la mer
La population s’est toujours nourrie de la mer. Autrefois, elle cueillait la carotte des sables, aujourd’hui la salicorne et les oreilles de cochon, des épinards salés par les marées. La cueillette de ces plantes est réglementée et limitée.
Se passionner pour les huttes
Dans la baie se cachent environ 140 huttes enfoncées dans le sable. Elles servent à la chasse au gibier d’eau, la seule autorisée la nuit. Les chasseurs élèvent des canards appelés «implants», qui servent d’appât, les placent dans une cage, devant l’étang qui borde la hutte où de faux canards font trempette. Les oiseaux migrateurs entendent le chant du canard appelant, voient les leurres dans l’eau, se disent que l’endroit semble cool, se posent au milieu de leurs congénères et se font abattre par les chasseurs embusqués dans la hutte. Pour les intéressés, possibilité de dormir dans une hutte pédagogique.
Conseils pratiques
Comment y aller: en train jusqu’à Paris. Depuis Paris, train pour Noyelles-sur-Mer (2 h). Depuis Noyelles, seul un train à vapeur permet de se rendre dans la Baie de Somme.
Où manger: À La Baie, Saint-Valery-sur-Somme, une table d’hôte tenue par un jeune couple qui a quitté les grandes maisons parisiennes pour s’installer dans le village. Ou à La Pointe du Hourdel: au bout du monde, on y mange des moules de bouchot cultivées en face, au Crotoy, et les crevettes grises pêchées du matin.
Où dormir: L’hôtel des Pilotes, Saint-Valery-sur-Somme.
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