ÉVASION
59e Biennale d'art de Venise: les artistes femmes mises à l'honneur
Cette année, la Biennale d’art contemporain de Venise est décalée, tant dans le fond que dans la forme. Après avoir eu lieu pendant plus d’un siècle les années impaires, elle a désormais lieu les années paires – la faute à la pandémie, la Biennale d’architecture n’ayant pas pu se tenir en 2020 comme prévu et ayant été repoussée d’une année. Mais c’est surtout sa programmation qui suscite notre stupéfaction. Parmi la liste des artistes, on n’avait encore jamais vu autant de noms de femmes! Énième onde de choc salvatrice du mouvement #MeToo? Sans doute, la programmation du festival reflétant toujours les grands débats qui agitent la société avec un léger décalage temporel dû à son format bisannuel. Alors, on prend ses tickets d'ici au 27 novembre 2022 et on file illico à la Sérénissime en train (six heures depuis Lausanne).
Une 59e édition qui a pour nom The Milk of Dreams. De ce lait des rêves, nombreuses sont les artistes qui ont façonné des univers oniriques et des mondes parallèles, à l’instar de l’artiste rom Malgorzata Mirga-Tas, de l’artiste berlinoise Melanie Bonajo (When the body says Yes), qui invite les visiteurs du pavillon des Pays-Bas à prendre leurs aises dans un océan de coussins versicolores, ou encore de Zsofia Keresztes (After dreams: I dare to defy the damage), qui a éparpillé ses étonnantes sculptures mosaïquées, très saint-phalliennes, dans les salles du pavillon de la Hongrie. Autre perle parmi tant d’autres: l’exposition immersive Softmachine, du couple d’artistes déjantées Jakob Lena Knebl et Ashley Hans Scheirl. Elles ont transformé le pavillon autrichien en parcours ludique et flashy, furieusement seventies.
Les étonnantes baigneuses de Carole A. Feuermann
Sur le front de mer, dans la fraîcheur de la petite église de la Pietà, la sculptrice américaine Carole A. Feuermann présente dans «My Stories» quelques-unes de ses fameuses baigneuses d’un réalisme époustouflant. On les entendrait presque respirer.
Les somptueuses tapisseries de Malgorzata Mirga-Tas
L’artiste visuelle rom Malgorzata Mirga-Tas a habillé les murs du pavillon de la Pologne avec de somptueuses tapisseries bigarrées, ajourées de tissus chatoyants. Les fresques de l’installation Re-enchanting the World content la vie quotidienne des habitantes du petit village tapi au pied des montagnes des Tatras dans lequel vit l’artiste, de même que l’histoire éclatée de la communauté rom à travers les siècles et les pays.
Un apéro à la vénitienne à l’Osteria Bancogiro
Que serait Venise sans ses bàcari? Souvent pas plus grandes qu’un mouchoir de poche, ces auberges (osteria) traditionnelles sont prises d’assaut à l’heure de l’apéro. On y picore, le plus souvent debout, un verre de vin local (ombra) à la main, de savoureuses petites bouchées salées (cicchetti) vendues à l’unité. En raison de l’étroitesse des rues de Venise, rares sont les bàcari dotés d’une terrasse. L’Osteria Bancogiro, située à deux pas du pont du Rialto, est une de ces exceptions, avec en prime une vue superbe sur le Grand Canal.
Sous les dorures du Caffè Florian
Il paraît que c’est le plus vieux café du monde. Chargé de dorures et de miroirs, le cossu Caffè Florian est niché sous les arcades de la célébrissime place Saint-Marc depuis trois siècles. On y déguste de délicates pâtisseries accompagnées d’un caffè et des airs du petit orchestre maison.
Les sculptures monumentales de Simone Leigh
Aux jardins de la Biennale, le pavillon des États-Unis est méconnaissable cette année: l’artiste afro-américaine Simone Leigh l’a recouvert de chaume. Un clin d’œil à l’exposition coloniale internationale de Paris (1931), qui mettait en scène une vision fantasmée et profondément raciste de l’Afrique. Réunies sous le titre Sovereignty, les sculptures monumentales de Simone Leigh composent une ode puissante à la féminité noire. De toute beauté.
Cheveux au vent dans les motoscafi
Avouons-le: les gondoles, c’est vu et revu! Nous leur préférons les motoscafi, ces élégants taxis nautiques tout aussi emblématiques de Venise, le kitsch en moins. Rien de mieux qu’une virée à bord d’un de ces petits bateaux à moteur rutilants pour contempler, cheveux au vent, les palaces qui s’élèvent au ras de l’eau. Attention, c’est du luxe: compter au minimum 65 euros la course.
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