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Documentaire

«La vie acrobate»: Silke Pan, le retour à la lumière

Silke Pan acrobate paraplegique portait

Athlète de haut niveau en paracyclisme, Silke Pan a toujours aspiré à retourner sur la piste d’un cirque, lieu de son accident de trapèze.

© JULIE MASSON

Silke Pan en est convaincue: la nuit d’un noir absolu n’existe pas, il y a toujours une lumière, là, quelque part. Facile à dire? Surtout pas pour elle. Car se battre contre l’adversité et lutter quand tout semble perdu, elle sait ce que cela veut dire. Et pour s’en convaincre, il suffit d’aller voir le sensible et bouleversant documentaire qui lui est consacré, La vie acrobate. Ou de l’écouter.

La voix douce, la fraîche quinquagénaire explique: «J’ai toujours bougé. Enfant, j’ai fait de la gym puis, pour m’évader d’une ambiance familiale qui ne me convenait pas, du plongeon acrobatique et du trampoline – avant de tomber amoureuse du cirque et de m’y consacrer totalement.

Donc quand j’ai appris que j’étais paraplégique (en 2007, elle fait une chute de trapèze pendant un entraînement, ndlr), ça a évidemment été horrible. Mais en même temps, j’ai très vite réfléchi à comment me reconstruire et j’ai imaginé pas mal de choses.»

Même de reprendre sa vie d’artiste et de simplement changer et adapter ses numéros de trapèze ou de contorsionniste.

Apprendre, accepter, transcender

Malheureusement, la réalité l’en a empêchée: «Non seulement en trois mois d’alitement ma musculature avait fondu mais, en plus, je n’avais absolument pas encore acquis cette connaissance de mon corps paraplégique, et je ne me rendais pas compte des difficultés que cela implique au quotidien.»

En gros, raconte-t-elle, sans même parler des douleurs permanentes ou des soins nécessaires, il lui a fallu apprendre à manier la chaise roulante («j’en suis tombée un nombre incalculable de fois!»), à faire attention à ses jambes insensibles pour éviter des blessures, à demander de l’aide en faisant ses courses… Autrement dit, une vraie épreuve pour cette grande indépendante qui, après avoir suivi l’École nationale de cirque de Berlin puis tourné dans toute l’Europe circassienne, a dû accepter qu’elle n’avait plus la même autonomie qu’auparavant.

Elle y est arrivée, pourtant. Ce qui l’a aidée? L’amour et le soutien de son mari Didier Dvorak, mais aussi le handbike, qui lui a servi de thérapie pour accueillir ce nouveau «moi» et lui a permis de se sentir mieux dans son corps et dans sa tête. Au point qu’en 2012, titillée par les encouragements d’athlètes handisports qu’elle côtoyait, elle s’est mise à participer à des compétitions.

Impressionnante, Silke a alors enchaîné les médailles et victoires aux niveaux européen et mondial, relevé des défis d’ultra-paracyclisme impensables, franchi 80 cols (dont sept de plus de 2000 mètres à la suite!) ou battu des records en marathon. Sélectionnée en équipe nationale suisse, elle s’est même préparée pour les Jeux paralympiques de Tokyo de 2020.

Le déclic

«Je n’avais pas le feu sacré, sourit-elle. Mais comme je pars du principe que là où se trouve votre voie, le chemin s’ouvre assez naturellement, je me disais que si je faisais de bons résultats, c’était le signe que c’était juste pour moi!» Juste… jusqu’au déclic: «Pendant la pandémie, il n’y avait pas de compétitions, mais je m’entraînais quand même. Or, un peu par hasard, pendant une session d’exercices, j’ai découvert que je pouvais me remettre sur les mains et tenir l’équilibre. À ce moment-là, j’ai compris que la petite fée du cirque était de retour!»

Sa décision est alors prise: elle jouera le jeu à fond, par devoir moral et respect de ses engagements, mais 2021 sera sa dernière saison de handbike.

«À part Didier, personne ne comprenait. De mon côté, je savais que j’allais au-devant de beaucoup d’inconnues parce que retourner au cirque avec une paraplégie… mais peu importe. Je sentais cet appel intérieur, cette flamme et cette passion au fond de moi…»

Le temps lui a donné raison: «Aujourd’hui, je me sens de nouveau dans ma vie, en accord avec ce que je suis au plus profond de moi.» Il suffit de regarder Silke Pan dans les yeux pour ne pas en douter.

La vie acrobate, de Coline Confort, en salles.

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