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Sélection: Quatre romans d'écrivaines romandes à lire

Selection quatre romans decrivaines romandes a lire

Ces romans suisses interrogent les racines de ses autrices.

© UNSPLASH/SEVEN REY - DR - ILLUSTRATION FEMINA

Cueillir les larmes de la montagne, Manuela Ackermann-Repond (Éd. Slatkine, 2024)

Réunir les différentes parties de sa vie

On commence à Genève, dans un cabinet de psychothérapie, et les personnes souffrantes ne sont pas celles auxquelles on pense. Diana, la psy, a la migraine, et comme toutes choses, même les pires, ont du bon, elle part pour Stresa, au bord du lac Majeur, soigner son mal de tête. Elle y croise des déraciné-e-s à la recherche de leurs racines qui vont changer son destin, son cœur (et son passeport). Manuela Ackermann-Repond est elle-même psychologue à Genève, elle signe un beau roman qui déjoue les frontières et les époques, elle rend vie à des personnages attachants cherchant la rédemption et la réconciliation. 

Cueillir les larmes de la montagne, Manuela Ackermann-Repond (Éd. Slatkine, 2024)
© DR

Une fissure en tout, Tasha Rumley (Éd. Favre, 2024)

L’oncle de Sainte-Croix

Tasha Rumley commence son roman par une histoire de moustache et en quelques lignes, on sait déjà de qui elle va parler. Si on devait évoquer son oncle, Franklin Thévenaz, nous aussi on commencerait aussi par là, à parler de cette barre de poils qui ne l’a jamais quitté jusqu’à ce que la maladie le terrasse. Mais le roman Une fissure en tout n’est pas simplement un hommage au syndic socialiste de Sainte-Croix, respecté de tous, craint de beaucoup, au délégué du CICR, à l’homme de conviction et d’engagement qu’il fut, mais le récit d’une famille, d’un clan dans lequel la jeune femme a grandi, sans faire de vagues. Tasha Rumley mêle son propre itinéraire à celui de l’oncle (que ce dernier a raconté dans des carnets), son envie d’enfant, son impatience légitime à vouloir tout vivre. La beauté du roman tient dans les contretemps de ce dialogue qui n’en est pas un. Franklin et Tasha ont suivi des chemins qui ne sont pas très éloignés (tous les deux ont travaillé dans des organisations humanitaires), mais qui ne se ressemblent pas, et ça résonne comme une filiation. 

Une fissure en tout, Tasha Rumley (Éd. Favre, 2024)
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La Gingolaise, jeune femme soldat au destin singulier, Laurence Voïta (Éd. Favre, 2024)

D’ici à la perfide Albion

Laurence Voïta découvre un peu par hasard l’histoire de Charles Guérin, originaire de Saint-Gingolph. Le garçon est enrôlé comme soldat à Monthey, meurt en combattant pour le roi Charles III d’Espagne, à 17 ans, blessé à la jambe par un boulet anglais. Ce n’est qu’au moment de sa mort qu’on découvre que Charles est en réalité une femme. Laurence Voïta retrace cet incroyable destin. Comment a-t-elle fait, cette jeune fille, presque une enfant, pour mystifier tout le monde? Pourquoi s’engager comme soldat? Pourquoi s’est-elle fait nommer Charles? Comment «diable a-t-elle fait pour pisser debout», pour cacher ses règles? L’écrivaine tente de percer le mystère, donne le nom de Marie-Anne à cette mystérieuse au visage rose et imberbe, née en février 1755. Et comme les vieux écrits n’offrent pas toutes les réponses, alors Laurence Voïta alterne entre les faits historiques et la fiction. «La Gingolaise» a caché son sexe sous des vêtements amples, a compensé sa petite taille par son courage, reprenant même, pour l’Espagne, Minorque aux Anglais. Seule la mort l’a trahie. Au moment de son agonie, elle repousse l’extrême-onction du curé pour éviter qu’il ne touche sa poitrine. L’homme d’Église et le monde découvrent son identité quand la vie s’est retirée d’elle et vérifient sa virginité, faisant d’elle une Jeanne d’Arc espagnole.

La Gingolaise, jeune femme soldat au destin singulier, Laurence Voïta (Éd. Favre, 2024)
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L’écriture racontée à mon père et autres textes, Claire Genoux (Éd. Verum Factum, BSN Press)

Écrire aux pères

Claire Genoux a fréquenté le Gymnase de la Cité, à Lausanne. Son père y était doyen et Jacques Chessex professeur. Dans L’écriture racontée à mon père et autres textes, elle fait mine de s’adresser à eux mais raconte surtout, dans une prose poétique, l’éveil aux mots, par les souvenirs de l’enfance ou de l’adolescence. En interpellant son père, elle parle de l’écriture comme de «cette terre où, tous les deux, nous avions rendez-vous». 

L’écriture racontée à mon père et autres textes, Claire Genoux (Éd. Verum Factum, BSN Press)
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