Priya Ragu trace sa propre voie dans l'industrie musicale

Priya Ragu a trouvé le bonheur. C’est en tout cas ce qu’elle nous assure lorsque nous la rencontrons à Lausanne, en pleine promotion de son album dont la sortie est agendée au 20 octobre 2023. La chanteuse tamoule-suissesse de 37 ans y dévoile quatorze titres aux sonorités R&B, influencés par son univers atypique et authentique. «Je me sens comme une licorne, assume-t-elle, revenant sur le peu de chanteuses tamoules dans l’industrie musicale, mais cela me permet d’avoir une marge de manœuvre pour créer la musique que je veux.»

Ses mélodies, son style, mais aussi ses clips et visuels s’inspirent de ses origines. Santhosam est le premier album de Priya Ragu. Il est fait à son image et signifie «bonheur» en tamoul. Mais qu’est-ce qui lui permet d’être heureuse aujourd’hui? «Le fait de vivre de ma musique, d’être là où j’en suis actuellement et d’avoir pu me libérer de certaines attentes sociales», définit-elle.

Manager chez Swiss

Il faut savoir que la musique est une reconversion pour Priya Ragu, qui travaillait en tant que manager pour la compagnie aérienne Swiss durant plusieurs années.

En 2017, elle voyage quelques mois à New York et commence à écrire ses propres chansons avant de sortir en 2021 une première mixtape nommée damnshestamil, sous le prestigieux label Warner Music.

Son ascension est en marche, elle est repérée notamment par la BBC et MTV, enchaîne les concerts, mais elle mettra encore un peu de temps avant de quitter définitivement son poste: «Quand j’ai finalement arrêté, j’ai ressenti la meilleure des sensations». L’artiste souhaite rassurer tout le monde sur la possibilité de changer, comme elle, de carrière en cours de route.

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Son amour pour la musique était pourtant déjà présent durant son enfance. Sa famille organisait même des jam-sessions lors desquelles elle chantait. Priya Ragu est née en Suisse de parents réfugiés de la guerre civile du Sri Lanka et a grandi à Saint-Gall, avant de déménager durant sa vingtaine à Zurich pour travailler chez Swiss.

«Je suis quelqu’un de très famille, même si au départ je ne pensais pas que c’était le cas», reconnaît-elle. Ses musiques sont d’ailleurs produites en collaboration avec son frère et producteur Japhna Gold. Une tradition familiale consistait également à écrire chaque année une chanson avec leur père. Expérience réitérée avec le titre Mani Osai, écrit en trio.

Des origines ancrées en elle

Durant son enfance, elle a cependant dû faire face à la sévérité de ses parents qui ne voyaient pas d’un bon œil la carrière de musicienne. «Ils l’ont désormais acceptée et ils sont très émus et fiers de découvrir les références que je fais à notre culture, ils ne s’y attendaient pas.»

En réalité, Priya ne s’est pas tout de suite sentie connectée à ses origines tamoules: «En grandissant, je me suis rendu compte qu’elles étaient ancrées en moi et impactaient la personne que j’étais. Cela m’a aussi aidée d’en parler avec d’autres personnes de la communauté.»

En tant que femme tamoule, elle se révolte également contre le racisme qui perdure au sein de la société, thème de son titre Black Goose, écrit après le meurtre de George Floyd.

Le parcours de vie aux multiples casquettes de Priya Ragu a forgé la femme qu’elle est devenue. «Je n’aurais pas eu la maturité nécessaire pour écrire cet album plus tôt. Je sais désormais qui je suis et ce que je veux faire», assure-t-elle.

Bio express

1986 Naissance à Saint-Gall

2020 Priya Ragu signe sous le label Warner music à Londres

2021 Nomination au BBC Sound Poll, qui récompense les nouveaux talents

2022 Portrait de Priya Ragu dans British Vogue

Juin 2023 Entretien avec Priya dans Vogue India

Décembre 2023 Déménagement à Londres