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Musique: Sandor chante l’urgence de la fête

Musique: Sandor chante l’urgence de la fête

«L’enthousiasme autour des manifs du 14 juin m’a beaucoup portée. Auparavant j’avais peur de politiser ma musique, mais j’ai compris que lorsqu’on a une voix, on doit s’en servir.» - Sandor

© OLIVIA SHENKER

En 2017, elle électrisait la scène musicale francophone, bien au-delà de la Suisse romande. Ses sons adoptent des sonorités eighties, ses textes racontent ses amours et ses peines. Un peu sombres, parfois crus, toujours émotionnels. Avec un seul EP dans son étui de guitare, Sandor, l’autrice-compositrice-interprète introvertie qui emprunte son pseudo à une comtesse hongroise, écume alors les scènes de grands festivals en francophonie. Son premier album du même nom, paru deux ans plus tard, la consacre: une étoile locale est née.

Pourtant, elle ne se voyait pas chanteuse. Virginie – son prénom à la ville – a grandi dans le val d’Anniviers, dans une vieille maison pleine de musique. Son père joue du saxo, sa mère du piano. Elle découvre Gainsbourg, Berger, Sanson, Thiéfaine et Niagara. Mais c’est Queen qui la pousse à devenir musicienne. La guitare classique, très peu pour la petite Virginie, qui rêve d’une gratte électrique. L'artiste en herbe obtient une Fender Stratocaster à 14 ans et imagine des mélodies pour réussir à jouer ses idoles.

«J'adorais les textes de Hubert-Félix Thiéfaine, mais ses morceaux étaient trop difficiles à interpréter lorsque je débutais. Donc je réarrangeais ses chansons. J'ai fait de même avec plein de groupes. Puis, à l'inverse, j'ai chanté mes propres textes sur les mélodies des autres.»

La jeune femme a toujours aimé chanter, mais elle a longtemps pensé devoir se valider par un instrument. «Je n’imaginais pas ma voix comme un atout. Pour moi, les chanteuses avaient des timbres à la Whitney Houston ou Céline Dion. D’ailleurs, lorsque j’ai envoyé mon premier EP à des arrangeurs - poussée par mes proches -, c’était dans l’idée que d’autres chantent mes textes.»

Musique: Sandor chante l’urgence de la fête
© OLIVIA SHENKER

L’artiste suit une formation musicale à Genève mais change de voie et devient institutrice pour les petit-e-s.

«Virginie la prof me permet de vivre et Sandor l’artiste, mon moi intérieur, de m’épanouir et m’éclater. C’est un bon équilibre.»

«Ce métier que j’adore me fait garder les pieds sur terre. Quand tu joues au Canada devant un public monstre puis que tu rentres à l'école et qu'il y a les poux… tu es remise sur les rails direct», raconte-t-elle dans un éclat de rire.

L’album pour faire la fête

Il aura fallu quatre ans à Sandor pour composer un second album. «La période Covid a été douloureuse pour moi. Lorsque la vie s’arrête, je suis en panne d’inspiration. Avec l’assouplissement des mesures sanitaires, j’ai ressenti une urgence de rattraper le temps perdu: c’est là que j’ai imaginé les titres de La médaille.» Sorti le 3 février 2023, ce nouvel opus french pop conserve les influences eighties chères à l’artiste. Si les textes restent intimes, traitant d’amour, de deuil, de revendications féministes et de rapport au corps, le tempo de l’album a presque doublé depuis Sandor et ses lentes ballades: La médaille invite à la fête.

Ses inspirations? «L’enthousiasme autour des manifs du 14 juin m’a beaucoup portée, tout comme certaines œuvres que j'ai lues, comme celles de Monique Wittig, raconte la musicienne. Auparavant j’avais peur de politiser ma musique, mais j’ai compris que lorsqu’on a une voix, on doit s’en servir.»

«J’ai pensé Les limites de ton intelligence comme un hymne féministe, à l'instar de La Grenade de Clara Luciani ou Désanchantée de Mylène Farmer.»

Aimer son corps

Le titre Amour propre, et son fabuleux synthé, a d'abord été composé comme générique du podcast Voyage au Gouinistan. «Cette chanson traite de l'image de soi sur les réseaux sociaux. C'est la base de mon personnage: je montre réellement qui je suis avec Sandor, mais il y a aussi Virginie, cette dualité.» Quant à la chanson-titre, La médaille, est une célébration après l’acceptation du mariage pour toutes et tous dans les urnes. «Plus de guerres, plus de batailles, plus de médailles, plus de revers»: les mots ont pris un sens différent depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, indique Sandor sur Instagram.

Le morceau préféré de l’artiste est Corps. «Je venais de perdre un proche malade quand je l'ai écrite, j’étais tourmentée et je me questionnais beaucoup sur le corps, moi qui ai toujours été plutôt dans la tête. Dans mon premier album, le corps n’existe pas, il n’y a que les émotions.» C’est la musique mais aussi la célébrité qui ont permis à Sandor de s’émanciper.

«Le mouvement body positive m’a aussi encouragée dans cette démarche. Je n’ai plus peur de me mettre en scène, notamment dans mes clips. Il faut apprendre à aimer son corps, même s’il signifie aussi notre fin.»

Sa bio express

  • 1981 Elle voit le jour à Sierre.
  • 2017 Premier EP, Bar de nuit, et premiers festivals, notamment Paléo.
  • 2019 Son premier album, Sandor, enchante la scène francophone.
  • 2023 Sortie du second disque, La médaille, le 3 février.
  • 2023 Vernissage aux Docks, le 4 mars.

Où l'applaudir sur scène?

Sandor vernira La médaille le 4 mars 2023 aux Docks, à Lausanne, en co-concert avec la chanteuse française Corine.

Plus d'informations

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